Brésil : la police a repris le contrôle du Congrès, de la présidence et de la Cour suprême

Des manifestants pro-Bolsonaro ont envahi les principaux lieux de pouvoirs à Brasilia
Des manifestants pro-Bolsonaro ont envahi les principaux lieux de pouvoirs à Brasilia Tous droits réservés EVARISTO SA / AFP
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Par Euronews et AFP
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Les forces de sécurité brésiliennes ont repris le contrôle du Congrès, de la présidence et de la Cour suprême dimanche après que des bolsonaristes ont envahi et vandalisé ces lieux.

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Les forces de sécurité ont repris le contrôle des bâtiments du Congrès, de la présidence et de la Cour suprême du Brésil ce dimanche après que des bolsonaristes ont envahi et vandalisé ces lieux de pouvoir à Brasilia. Près de 150 personnes ont été interpellées.

Brasilia était plongée dans le chaos dimanche, après l'invasion du palais présidentiel, de la Cour suprême et du Congrès par des centaines de partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro, une semaine après l'investiture du président de gauche Lula dont ils refusent l'élection.

Une véritable marée humaine de manifestants vêtus de jaune et vert a pris d'assaut et saccagé les principaux lieux de pouvoir du pays à Brasilia. Les forces de l'ordre ont été complètement débordées, des images impressionnantes qui rappellent l'invasion du Capitole à Washington par des partisans de l'ex-président Donald Trump, en janvier 2021.

Sur la rampe du palais de Planalto, où Luiz Inacio Lula da Silva a reçu l'écharpe présidentielle dimanche dernier, des policiers à cheval tentaient tant bien que mal de déloger les manifestants.

Au milieu de la place des Trois pouvoirs, où se côtoient le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême, un agent de la police montée a été désarçonné puis frappé à terre par des assaillants armés de bâtons.

Des grenades assourdissantes ont été lancées par les forces de l'ordre depuis un hélicoptère sur les manifestants qui occupaient le toit du Congrès.

Sur les réseaux sociaux, on peut voir des vidéos montrant des bureaux de parlementaires saccagés ou des manifestants debout sur les sièges de l'hémicycle au Sénat.

L'un d'eux s'est assis sur le siège du président de la Chambre haute, un mimétisme saisissant avec les manifestants pro-Trump au Congrès américain il y a deux ans.

Les dégâts semblent considérables, dans ces bâtiments qui sont des trésors de l'architecture moderne et regorgent d'oeuvres d'art.

Selon la chaîne CNN, des manifestants ont mis le feu au tapis d'un salon du Congrès, qui a dû être inondé pour éteindre l'incendie.

Journalistes agressés

La zone près de la Place des trois pouvoirs avait été pourtant bouclée par les autorités, mais les bolsonaristes sont parvenus à rompre les cordons de sécurité.

Les policiers ont tenté, en vain, de les repousser avec du gaz lacrymogène.

"Cette tentative absurde d'imposer une volonté par la force ne va pas prévaloir. Le gouvernement du District fédéral (de Brasilia) va envoyer des renforts et les forces dont nous disposons sont en train d'agir", a déclaré sur Twitter Flavio Dino, ministre de la Justice et de la Sécurité publique.

Samedi, M. Dino avait autorisé le déploiement d'agents de la Force Nationale, une force spéciale de police parfois envoyée dans les différents Etats en cas de menace contre la loi et l'ordre.

Le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, a dit sur Twitter "rejeter avec véhémence cette manifestation antidémocratique, qui doit être punie par la rigueur de la loi".

Un syndicat de presse local a fait état de l'agression de cinq journalistes. Parmi eux, un photographe de l'AFP a été frappé et s'est fait voler tout son matériel.

Demande d'intervention militaire

"Il faut qu'on rétablisse l'ordre, après cette élection frauduleuse", a dit à un journaliste de l'AFP présent sur place Sarah Lima, ingénieure pro-bolsonaro de 27 ans venue de Goianesia, à 300 km de Brasilia.

Des bolsonaristes manifestaient déjà devant des casernes militaires depuis la défaite de peu du président sortant d'extrême droite face à Lula le 30 octobre.

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Ils réclamaient l'intervention de l'armée pour empêcher ce dernier de revenir au pouvoir pour un troisième mandat, après ceux de 2003 à 2010. Certains d'entre eux ont également bloqué des axes routiers pendant plus d'une semaine après l'élection.

Jair Bolsonaro, qui n'a jamais félicité Lula de sa victoire et a boudé son investiture, a quitté le Brésil deux jours avant la fin de son mandat et se trouve en Floride, aux Etats-Unis.

L'investiture de Lula s'était déroulée le 1er janvier à Brasilia sans incident majeur, en présence de dizaines de milliers de ses partisans.

Condamnations internationales

Le président Lula a rapidement pris la parole ce dimanche pourcondamner l'invasion des lieux de pouvoir à Brasilia par des "vandales fascistes" et a décrété une "intervention fédérale" sur les forces de l'ordre pour reprendre en main la sécurité de la capitale.

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"Nous allons tous les retrouver et ils seront tous punis", a déclaré au sujet des bolsonaristes responsables de saccages Lula, investi président il y a seulement une semaine, depuis Araraquara, dans l'Etat de Sao Paulo.

Lula, 77 ans, était absent de Brasilia dimanche: il s'était rendu à Araraquara, ville de l'Etat de Sao Paulo (sud-est) dévastée par des inondations en fin d'année. Mais en fin de journée le président a annoncé qu'il rentrait à Brasilia.

Le président du Conseil européen, le Belge Charles Michel a été l'un des premiers européens à condamner l'assaut contres les institutions brésiliennes.

Dans un communiqué, la France a également condamné "les violences" contre des institutions de la démocratie brésilienne. Emmanuel Macron a de son côté appelé à "respecter" les institutions du pays et a soutenu le président brésilien.

Le président de gauche du Chili, Gabriel Boric, a apporté sur Twitter son soutien au gouvernement Lula "face à cette attaque lâche contre la démocratie". Son homologue colombien, Gustavo Petro, a condamné pour sa part une "attaque fasciste".

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Les autorités des Etats-Unis ont également publié un communiqué condamnant "toute tentative" d'ébranler la démocratie au Brésil.

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