Moscou déterminé à réprimer l'opposition : Alexeï Navalny risque 30 ans de prison

 Alexei Navalny dans une salle d'audience du tribunal de Moscou, le 31 mai 2023.
Alexei Navalny dans une salle d'audience du tribunal de Moscou, le 31 mai 2023. Tous droits réservés AP/Moszkvai Városi Bíróság Sajtószolgálata
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Par euronews avec AFP
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L'opposant Alexeï Navalny, connu pour ses enquêtes anticorruption, purge déjà une peine de neuf ans de prison pour "fraude", une condamnation qu'il juge politique.

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Un tribunal russe a décidé lundi d'imposer un huis clos au nouveau procès de l'opposant emprisonné Alexeï Navalny, principal détracteur du Kremlin qui risque trois décennies de prison dans cette affaire où il est accusé d'"extrémisme".

"Le tribunal a décidé de fermer le procès", a indiqué à la presse un porte-parole de la cour, Vadim Polejaïev, ajoutant que les journalistes se trouvant dans le bâtiment devaient quitter les lieux.

Procès politique

Depuis le déclenchement de la campagne militaire en Ukraine en février 2022, la plupart des opposants majeurs n'ayant pas fui la Russie ont été emprisonnés ou poursuivis, notamment pour avoir dénoncé le conflit.

M. Navalny, connu pour ses enquêtes anticorruption, purge déjà une peine de neuf ans de prison pour "fraude", une condamnation qu'il juge politique.

L'opposant de 47 ans, qui a survécu de peu en 2020 à un empoisonnement qu'il impute au Kremlin et est emprisonné depuis janvier 2021, risque désormais jusqu'à 30 années de réclusion dans ce nouveau procès où il est notamment accusé d'avoir créé et financé une organisation "extrémiste".

Le procès s'est ouvert dans la colonie pénitentiaire de très haute sécurité IK-6 à Melekhovo, à 250 km à l'est de Moscou, selon une correspondante de l'AFP. M. Navalny était dans la salle d'audience avec ses avocats.

"Mes parents sont ici, je demande à ce qu'on les laisse entrer dans la salle" d'audience, a déclaré l'opposant à l'ouverture du procès.

M. Navalny se dit également visé par une affaire de "terrorisme" dans une procédure séparée, pour laquelle il risque la prison à vie, mais peu de détails sont connus.

Les contours de l'accusation dans le procès pour "extrémisme" sont eux aussi flous, la défense de M. Navalny n'ayant eu que 10 jours pour examiner les 196 volumes du dossier.

"Bien qu'il soit manifeste, à en juger par l'épaisseur des volumes, que je suis un criminel méthodique et appliqué, il est impossible de comprendre précisément de quoi je suis accusé", a récemment commenté l'opposant avec ironie.

Il accuse le Kremlin de vouloir le garder en prison à vie pour lui faire payer ses critiques qui n'ont pas faibli malgré son emprisonnement: par l'intermédiaire de son équipe, M. Navalny continue de publier régulièrement sur les réseaux sociaux pour dénoncer notamment l'offensive en Ukraine.

Cellule disciplinaire

M. Navalny "est jugé pour son activité politique", a affirmé à l'AFP l'une de ses porte-parole, Kira Iarmych.

Selon elle, l'audience de lundi devrait être ouverte au public, mais le juge peut changer d'avis au dernier moment en faveur d'un procès à huis clos.

Selon ses soutiens, M. Navalny est soumis à un traitement particulièrement sévère en prison, où il a perdu du poids et où il est placé à l'isolement au moindre prétexte.

Dans un message publié début juin, l'opposant indiquait avoir été envoyé pour la 16e fois en cellule disciplinaire, où les détenus se trouvent seuls et dans des conditions de vie drastiques.

M. Navalny accuse aussi l'administration pénitentiaire de le harceler en lui donnant par exemple un codétenu avec une infection virale et dégageant une odeur nauséabonde, ou en forçant les prisonniers à écouter des discours du président russe Vladimir Poutine.

Comme M. Navalny, la plupart des opposants connus qui ne s'étaient pas exilés ont été emprisonnés ces dernières années, notamment depuis le début du conflit en Ukraine.

C'est le cas par exemple de Vladimir Kara-Mourza, condamné en avril à 25 ans de prison pour "haute trahison", ou encore d'Ilia Iachine, condamné en décembre à huit ans et demi de prison pour avoir critiqué l'offensive en Ukraine.

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Le jour de son 47e anniversaire début juin, M. Navalny affirmait garder le moral, malgré les difficultés de sa détention.

"Il est clair que j'aimerais ne pas me réveiller dans ce trou, mais avoir un petit-déjeuner en famille, un bisou sur la joue de mes enfants, ouvrir mes cadeaux et dire 'Waouh, c'est exactement ce dont je rêvais'", écrivait-il.

Mais, ajoutait-il, un "avenir meilleur" n'est possible "que si un certain nombre de personnes sont prêtes à payer pour le droit d'avoir des convictions".

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