À Nanterre, la colère de la rue face à une police jugée violente

La mère de Nahel au milieu de la foule lors de la marche blanche en son hommage à Nanterre, le 29 juin 2023
La mère de Nahel au milieu de la foule lors de la marche blanche en son hommage à Nanterre, le 29 juin 2023 Tous droits réservés BERTRAND GUAY/AFP or licensors
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Par Anelise Borges
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Plusieurs milliers de personnes ont participé à la marche blanche en hommage à Nahel ce jeudi, en dénonçant une police jugée violente à l’égard des jeunes de banlieue.

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Des milliers de personnes se sont rassemblées ce jeudi à Nanterre, en banlieue parisienne, pour réclamer justice, après la mort mardi de Nahel, 17 ans, tué par un policier.

Dans le cortège de la marche blanche, une femme fait part de sa colère.

"Nahel était l'ami de mon fils. C'était un garçon respectueux et gentil. Nous avons mal, nous avons vraiment mal. Aujourd'hui, c'est arrivé à Nahel, mais ça peut arriver à d'autres" se désole-t-elle.

Selon une vidéo filmée au moment de l'incident, Nahel était au volant d'un véhicule lorsqu'un agent de police le tenait en joue après un refus d'obtempérer. S'en est suivi un coup de feu de la part de l'agent.

D'après les premiers éléments de l'enquête, le procureur de la République de Nanterre, a estimé "que les conditions légales d'usage de l'arme" par le policier auteur du tir n'étaient "pas réunies". 

Ce policier, âgé de 38 ans, a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire dans l'après-midi.

"Les arabes et les noirs"

"Le problème, c'est que cela n'arrive qu'à nous, les hommes arabes et noirs" tempête un jeune homme croisé dans le cortège de la marche blanche.

"C'est malheureux de dire ça mais c'est la vérité. Si le fils d'Eric Zemmour avait été au volant, personne ne lui aurait tiré dessus" ajoute-t-il. "N__ous voulons les mêmes lois pour tout le monde, et nous voulons les mêmes droits pour tout le monde" dit-il.

"Il y a beaucoup de violence dont on ne parle pas", déplore un autre jeune homme dans la manifestation. "Aujourd'hui sa mort a fait du bruit, mais il y en a qui sont morts dans l'anonymat" souligne-t-il. Nahel "représente souvent ce qu'il se passe dans les cités" résume-t-il, en se satisfaisant de l'affluence de cette marche blanche : "_Et là, que toute la ville soit là, ça montre quelque chose d'important,_c'est qu'on en a marre".

Cette marche blanche s'est terminée dans la confusion avec des heurts, des échanges de gaz lacrymogène et de mortiers d'artifice, alors que du mobilier urbain a été détruit.

Émeutes deux nuits de suite

Ce drame a déclenché de violentes émeutes dans toute la France, et a ravivé de vieilles tensions chez les personnes qui se sentent discriminées en raison de leur origine ou de leur couleur de peau.

La police française rejette cependant l'accusation de racisme institutionnalisé.

"Le policier fait son travail et est puni s'il déroge à ce qu'on appelle le code de déontologie" indique à Euronews Abdoulaye Kanté, policier et auteur. "_Quoi qu'il se passe, il faut se dire qu'aucun policier ne se lève le matin en disant qu'il va tuer quelqu'un,_un gamin" poursuit-il.

Pour Saphia Ait Ouarabi de l'association SOS Racisme, c'est "une histoire qui revient chaque année".

"Nous avons peur de nous habituer à cela" dit-elle, alors que la France entre dans une troisième nuit sous tension. Le gouvernement a mobilisé 40 000 policiers et gendarmes pour la nuit de jeudi à vendredi, et fait appel à des unités spécialisées dans les interventions difficiles comme la BRI, en cas de violences.

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