Ariane 5 : dernier tir réussi, en attendant Ariane 6

Succès réussi pour le dernier lancement d'Ariane 5
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Par euronews avec agence
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La fin d'une épopée spatiale européenne. Ariane 5 a tiré mercredi sa révérence avec un 117e lancement réussi. Les regards sont désormais tournés vers Ariane 6 dans un contexte de concurrence exacerbé par les succès de SpaceX.

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Clap de fin pour la fusée européenne Ariane 5. Mercredi soir, après deux ultimes reports, le Centre spatial guyanais à Kourou est parvenu à lancer sans encombre deux satellites (un satellitede communications militaires français (Syracuse 4B) et un satellite expérimental allemand). Les deux engins se sont séparés du lanceur au bout d'une trentaine de minutes pour être placés en orbite.

Certains collaborateurs ont laissé éclater leur joie après le décollage réussi, tandis que des applaudissements ont salué la deuxième séparation.

Il s'agissait du 117e et dernier vol d'Ariane 5 après 27 ans de bons et loyaux services. Ses débuts avaient été difficiles : la fusée avait explosé juste après le décollage lors de son vol inaugural en 1996. L'appareil n'a ensuite subi qu'un seul autre échec, en 2002.

La suite de l'histoire aura été un enchaînement de succès, Ariane 5 se forgeant une réputation de fiabilité telle que la Nasa lui confie même son emblématique télescope James Webb, d'une valeur de dix milliards de dollars. Le lancement, réussi le jour de Noël en 2021 marque l'apothéose pour celle qui envoya les sondes Rosetta sur la comète Tchouri (2004) et Juice vers Jupiter, en avril 2023.

Douze pays ont participé à la fabrication de ce lanceur lourd, "le fer de lance de l'Europe spatiale", selon les mots de Daniel Neuenschwander, ancien directeur du transport spatial de l'agence spatiale européenne (ESA).

Avec une capacité de lancement doublée par rapport à Ariane 4, la cinquième du nom permet à l'Europe de s'imposer sur le marché des satellites, profitant d'un "creux" côté américain. Une situation inversée depuis.

Ce dernier tir signe néanmoins un changement de paradigme pour le centre spatial de Kourou. Aucun nouveau lancement n'est désormais programmé (au mieux fin 2023) avant le déploiement de la future Ariane 6 dont le développement pâtit de nombreux retards cumulés. 

Plus puissante et plus compétitive avec des coûts divisés par deux par rapport à Ariane 5, Ariane 6 a été conçue pour résister à la société américaine SpaceX d'Elon Musk, qui réalise déjà plus d'un tir par semaine.

Les essais pour sa qualification battent leur plein, mais l'ambiance est morose à Kourou. La fin d'Ariane 5 va entraîner 190 suppressions de postes sur 1 600, la nouvelle fusée ayant des besoins réduits en main d'oeuvre et en maintenance.

Reste à savoir si cette technologie permettra aux Européens de rester compétitifs face notamment au développement des constellations de micro satellites et des lanceurs à usage multiples.

En 2019, la Cour des comptes en France avait tiré la sonnette d'alarme en déclarant que "le lanceur Ariane 6, dont le développement a été décidé par l’Agence spatiale européenne en 2014 (...) ne constituera qu’une réponsetransitoire" aux nouveaux défis spatiaux auxquels l'Europe de l'Espace est désormais confrontée.

Mais pour les spécialistes, la mission d'Ariane 6 dépasse de loin les enjeux commerciaux et budgétaires. Il s'agit ni plus ni moins de garantir aux Européens un accès à l'espace indépendamment de ses alliés... ou de ses ennemis potentiels.

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