Mégabassines : départ d'un «convoi de l'eau» près de Sainte-Soline

600 vélos et des tracteurs forment un "Convoi de l'eau" au départ des Deux-Sèvres qui s'élance en direction de Paris.
600 vélos et des tracteurs forment un "Convoi de l'eau" au départ des Deux-Sèvres qui s'élance en direction de Paris. Tous droits réservés YOHAN BONNET/AFP
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Par Euronews avec AFP
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Cinq mois après de violents affrontements en mars dernier, plusieurs centaines d'opposants aux bassines ont rejoint vendredi les Deux-Sèvres pour une manifestation à vélo jusqu'à Paris.

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Plusieurs centaines d'opposants aux bassines ont rejoint vendredi les Deux-Sèvres pour une manifestation à vélo jusqu'à Paris, qui s'élance tout près du chantier de cette réserve d'irrigation agricole controversée. En mars dernier, de violents affrontements avaient eu lieu entre manifestants et forces de l'ordre.

A Lezay, commune voisine de Sainte-Soline, 700 manifestants à vélo et des dizaines de tracteurs se sont rassemblés vendredi midi dans un champ, dans la touffeur du mois d'août.

"L'idée de se déplacer en vélo me tient à cœur. Il s'agit de faire une activité positive après ce qui s'est passé à Sainte-Soline", explique à l'AFP Annick Huet, animatrice d'ateliers en écologie à Melle, dans le département des Deux-Sèvres. "On est toujours contre ce projet de mégabassine", souligne-t-elle près de son vélo chargé d'un matelas en mousse et surmonté d'un fanion bleu "L'eau est un bien commun".

Le trajet prévu sillonne cinq départements (Deux-Sèvres, Vienne, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret) pour dénoncer "l'accaparement de l'eau" et son financement public, selon les organisateurs, qui doivent tenir une conférence de presse sur la remorque d'un tracteur.

A côté de tentes, des ateliers de réparation de vélo ont été installés pour les derniers réglages avant de prendre la route, sous la surveillance d'un hélicoptère qui patrouille dans le ciel.

Demande de moratoire

Après les affrontements très médiatisés entre manifestants et forces de l'ordre en mars, avec deux militants un temps plongés dans le coma, les autorités ont prévu un important dispositif de sécurité, incluant fermeture des routes à la circulation et utilisation de drones.

Déclaré auprès des préfectures concernées, ce "convoi de l'eau" se veut toutefois "un joyeux cortège" qui s'arrêtera près de plusieurs projets agricoles contestés localement, promettent le collectif Bassines non merci et le syndicat agricole Confédération paysanne, qui le coorganisent.

Les Soulèvements de la Terre, mouvement qui avait coorganisé les dernières manifestations à Sainte-Soline, a annoncé sa participation, après la suspension en justice de la dissolution du collectif prononcée par le gouvernement.

Le cortège sera ponctué d'une mobilisation le 26 août à Paris, au lendemain d'une étape à Orléans, siège de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne qui cofinance les chantiers de réserves d'irrigation.

"On réclame un moratoire sur l'ensemble des projets de bassines sur l'ensemble du territoire national, ça signifie l'arrêt de tous les chantiers en cours, notamment Sainte-Soline, et un gel de tout financement public sur les bassines", a déclaré vendredi à l'AFP Julien Le Guet, le chef de file de Bassines non merci.

"Cela ne présage pas de la suite"

"Ce convoi, c'est la manière qu'on juge la plus efficace de porter le message en ce moment. Ca ne présage pas de la suite. Il faut être très clair : si demain il y a un démarrage de chantier alors que le comité de bassin demande un apaisement, comment prévoir quelle sera la réaction des gens de ce territoire?", ajoute-t-il.

Début juillet, le comité de bassin Loire-Bretagne, sorte de Parlement de l'eau regroupant usagers, élus et Etat, a voté une motion pour "favoriser le dialogue"et revoir la gouvernance de ce type de projet. Fait rarissime, elle a été saluée par irrigants et opposants.

La réserve de Sainte-Soline est la deuxième des seize en projet dans le Marais poitevin. L'objectif est de stocker en plein air jusqu'à 6 millions de mètres cubes d'eau puisée dans les nappes en hiver, afin d'irriguer les cultures en été, selon un principe de "substitution".

Ses promoteurs, 450 agriculteurs soutenus par l'Etat, défendent une assurance-récolte indispensable et un outil de transition vers l'agroécologie. Leurs opposants dénoncent un "accaparement de l'eau" par "l'agro-industrie", à l'heure du changement climatique.

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