La reprise en main du pouvoir par Poutine : un signal pour les élites

Souvenirs de Saint-Pétersbourg, 27 août
Souvenirs de Saint-Pétersbourg, 27 août Tous droits réservés Dmitri Lovetsky/AP
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Par Irina Sheludkova (adapté de l'anglais)
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Cet article a été initialement publié en russe

Avec la mort d'Evgéni Prigojine, les experts estiment que Vladimir Poutine renforcera son emprise sur le pouvoir et que la structure Wagner s'effacera, y compris son rôle dans la guerre en Ukraine.

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Selon des sondages récents, 82 % des Russes approuvent la performance de Vladimir Poutine en tant que président de la Fédération de Russie, et cette perception n'a guère changé depuis la mutinerie avortée du grouper Wagner en juin dernier.

Le sociologue russe Denis Volkov note que la réaction de Poutine à la mutinerie et à la mort de Prigojine peut être considérée comme un signal adressé aux élites.

À la veille des élections législatives et de la campagne présidentielle, plus que jamais, le président russe n'a pas de rival.

"Bien que ce soit difficile, on pourrait supposer que Prigojine avait des ambitions politiques", commente commente Denis Volkov. _"Il pouvait nuire à l'image du Poutine qui n'avait pas d'alternative, notamment parce que Prigojine avait son propre empire médiatique, indépendant des chaînes de télévision d'État. Je ne peux même pas dire si Prigojine était aussi impliqué dans les usines usine à trolls russes. Et il s'en est servi pour créer une image positive, pour maintenir l'intérêt pour sa personne. Mais si nous nous souvenons des premières étapes après la mutinerie, sur ce qui a été fait - et bien c'est d'abord l'empire médiatique [de Prigojine] qui a commencé à être mis sous contrôle encore plus tôt le groupe Wagner", souligne_le sociologue. 

Selon d'autres experts, après la mort d'Evgéni Prigojine, Poutine va continuer a renforcer son emprise sur le pouvoir, et la structure de "Wagner" s'effacera, y compris son rôle dans la guerre en Ukraine.

"Le groupe Wagner en tant que force politique, ou ce qui aurait pu servir de genèse à une force politique, a probablement disparu. Wagner est en grande partie revenu à la situation qui prévalait avant l'arrivée au pouvoir de Prigojine", explique Anna Matveeva, experte en matière de sécurité et de conflits et chargée de recherche à l'Institute of Russia du King's College de Londres.

Selon Anna Matveeva, si l'on regarde ce qui se passe sur le front, le besoin de Wagner n'est pas si important, car le ministère russe de la défense tient essentiellement le front. Mais si l'Ukraine faisait une percée soudaine et à grande échelle, Wagner pourrait s'avérer nécessaire.

"L'idée derrière la création du groupe Wagner était de garantir à l'État russe un déni plausible, une façon de dire : ce n'est pas notre armée, c'est une société privée, nous ne savons pas ce qu'elle fait - et de couvrir les opérations militaires russes à l'étranger, principalement au Moyen-Orient et en Afrique", explique le politologue, fondateur et directeur général du Centre européen pour l'initiative de résilience, Sergei Sumlennyi.

Selon l'expert, Poutine a démontré qu'il n'est pas possible de négocier avec lui, que vous serez tué de toute façon si vous protestez, qu'il a besoin de tuer ses officiers pour maintenir l'ordre dans son entourage et qu'il s'est débarrassé d'un commandant plus ou moins compétent pour se retrouver avec des commandants incapables. "Aucune de ces trois caractéristiques n'est bonne pour Poutine", a déclaré Sergei Sumlennyi à propos des conséquences de la mutinerie et de la mort de Prigojine.

Selon l'analyste politique, en cas de défaite dans la guerre, la Russie ne sera plus en mesure de maintenir des organisations telles que les structures paramilitaires de Wagner.

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