Technologie, service et talents : la stratégie du Qatar dans la santé

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Par Laila Humairah, Aadel Haleem & Didier Burnod
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En se dotant d'installations de pointe, en misant sur le service aux patients et en faisant émerger de nouvelles vocations, nous découvrons comment le Qatar entend devenir un pôle mondial de la santé.

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Le Centre de développement des carrières au Qatar (Qatar Career Development Center) a récemment donné le coup d'envoi de la 5ème édition de "Ma carrière - Mon avenir". Ce programme permet aux lycéens, de découvrir par eux-mêmes différents secteurs professionnels, dont la médecine, au cours d'une expérience d'immersion. "Je souhaite simplement que les élèves en retirent une décision solide concernant leur future vie professionnelle afin qu'ils aient une idée claire des études à suivre pour exercer l'emploi de leurs rêves," explique Shaheen Hamad Al-Sulaiti, responsable des services et programmes dédiés aux carrières au Qatar Career Development Center.

Se projeter dans une carrière médicale

Sur la centaine de possibilités d'immersion professionnelle offertes par le programme, les lycéens ont pu visiter la Hamad Medical Corporation. Ils ont pu parler au personnel soignant et estimer par eux-mêmes si une carrière médicale pourrait les intéresser. 

Sara Naama AlNaama, en deuxième année de lycée, figurait parmi les participantes. "En fonction de cette expérience, on pourra savoir si cela nous convient, si on veut faire des études dans ce domaine, si cela correspond ou non à notre personnalité," indique-t-elle.

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Des lycéens en immersion à la Hamad Medical CorporationEuronews

Le programme a évolué au fil des ans, abandonnant les visites à la journée chez différents employeurs au profit d'un stage d'une semaine sur un site spécifique choisi par chacun des lycéens. Avoir la chance de voir de l'intérieur à quoi ressemblent les soins de santé est synonyme d'apprentissage, mais aussi parfois, de prise de conscience. "On voit ce que fait un médecin pendant la journée, comment fonctionne son travail, et comment nous, au niveau collectif, nous devons lui en être reconnaissant," décrit Noof Ahmed Alyafei, scolarisée en première année de lycée.

De nombreux postes à pourvoir

En termes de sécurité de l'emploi, les experts estiment que le secteur de la santé est une voie sûre car ses professionnels sont très recherchés à travers le monde.

"D'après l'OMS, en 2035, environ 12,9 millions de postes ne seront pas pourvus dans la santé : cela inclut les médecins, les sages-femmes, les infirmiers, de nombreuses professions de ce secteur," affirme Mariam Al-Mutawa, responsable intérimaire des soins infirmiers, à la Hamad Medical Corporation.

"Pour les profils infirmiers," poursuit-elle, "les recrutements se font à l'échelle mondiale et il y a de la concurrence, nous sommes si précieux... Concernant les formations dédiées aux infirmiers et sages-femmes, nous avons la chance que des programmes aient été lancés au Qatar, mais la demande est si forte qu'il nous faut renforcer les capacités," estime-t-elle.

Diabète de type 2 : les "fléaux des pâtes, des pommes de terre, du riz et du pain"

De nombreuses études montrent que les groupes ethniques du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et de l'Asie du Sud présentent les facteurs de risque les plus élevés en matière de diabète. Mais alors que le diabète de type 2 était autrefois, considéré comme une maladie dont on ne pouvait pas se débarrasser, aujourd'hui, on sait qu'il peut être réversible grâce à un changement de mode de vie.

Pour découvrir comment, nous avons rencontré le Dr Rayaz Malik, récemment nommé plus éminent chercheur en médecine du Qatar. Nous l'interrogeons sur une étude récente publiée dans la revue médicale "The Lancet" qui indique qu'en 2050, 1,3 milliard de personnes vivront avec le diabète. "Le problème fondamental du diabète de type 2 chez plus de 70% des personnes, c'est le surpoids, les mauvaises habitudes alimentaires et le manque d'exercice," précise Dr. Rayaz Malik, professeur de médecine à Weill Cornell Medicine-Qatar.

"Évidemment, nous voulons rejeter la faute sur la génétique, mais comme le dit le dicton, c'est la génétique qui charge l'arme et c'est l'environnement qui appuie sur la gâchette et cet environnement, c'est le fait que nous mangeons trop, nous ne faisons pas assez d'exercice et la conséquence, c'est que nous sommes en surpoids," insiste-t-il.

"C'est pourquoi il faut éduquer nos enfants pour éviter qu'ils ne deviennent obèses," ajoute-t-il. "Dans cette partie du monde, c'est terrible : je vois des enfants qui pèsent 120 kilos, il faut donc commencer par les bases et en réalité, au Qatar, c'est ce que nous faisons, il existe d'excellents programmes tournés vers le public pour tenter de résoudre ce problème," fait-il savoir.

Puis il nous livre le message qu'il s'efforce de transmettre à ses patients. "Il y a quatre fléaux dans le monde, dans l'alimentation : il s'agit des pâtes, des pommes de terre, du riz et du pain : je conseille toujours d'en manger moins. (...)La deuxième chose à faire est de limiter le temps passé à manger, de ne manger qu'un seul vrai repas par jour. Peu importe ce que vous mangez, si vous avez un minimum de 14 à 18 heures entre les repas. Cela modifie votre métabolisme et nous savons que cela entraîne une perte de poids, mais aussi une amélioration des analyses en matière de diabète," assure-t-il.

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Dr Rayaz Malik, récemment nommé plus éminent chercheur en médecine du QatarEuronews

"Nous devons exploiter l'intelligence artificielle et non la craindre"

Enfin, Dr. Rayaz Malik nous en dit plus sur les résultats prometteurs que son équipe a obtenus en matière de microscopie confocale cornéenne grâce à l'intelligence artificielle. "Aujourd'hui, nous disposons de meilleures données sur l'analyse de l'œil : cela nous aide à identifier les changements neurodégénératifs qui peuvent survenir chez les personnes atteintes de démence, par exemple," précise le professeur.

"Au lieu d'examiner deux ou trois éléments de ce balayage, [l'intelligence artificielle] en a examiné 2400 différents et elle est capable de nous dire, avec près de 90% de certitude, que ce balayage est celui d'un patient atteint de la maladie de Parkinson ; cet autre, celui d'un patient qui va être atteint de démence ou de sclérose en plaques," explique-t-il. "C'est donc un nouveau monde qui s'ouvre à nous et de ce point de vue, j'estime qu'honnêtement, nous devons exploiter l'intelligence artificielle et non la craindre," invite-t-il.

Un séjour à l'hôpital entre équipements de pointe et confort

Former les futurs médecins et soignants et être à la pointe de la recherche médicale ne sont pas les seuls piliers de la croissance du secteur de la santé au Qatar. Les investissements dans les équipements de pointe et les traitements révolutionnaires font aussi partie des efforts déployés par le pays pour se faire une place sur un marché qui devrait atteindre l'équivalent de plus de 11 milliards d'euros l'an prochain.

Il n'est donc pas étonnant que l'un des plus récents établissements de santé qataris, l'hôpital Aman, associe soins de qualité, technologie de pointe et médecins de renommée internationale.

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L'hôpital Aman s'est dotée d'installations dernier cri en matière de tomodensitométrieEuronews

Outre son expertise médicale, l'équipe possède une grande expérience de l'hôtellerie et de la gestion des établissements de luxe. "Pour améliorer la satisfaction des patients, leur confort et leur expérience globale, il faut être accueillant," souligne Hassan Elbouatmani, responsable des opérations et de l'accueil à l'hôpital Aman. "Nous nous concentrons sur leur expérience sensorielle en termes d'odorat, de vue et d'ouïe, des études ont prouvé que tout cela améliore l'expérience du patient dans un hôpital," renchérit-il.

Des études montrent également qu'un accompagnement post-opératoire de qualité favorise le rétablissement des patients. Un autre élément essentiel à l'hôpital Aman. "Nous pensons qu'une alimentation de qualité fait partie intégrante du processus de rétablissement des patients," indique Hassan Elbouatmani. "C'est pourquoi nous avons un chef et une équipe en cuisine qui ont pour seule mission de fournir des repas nutritifs et de qualité aux patients, dans une perspective de rétablissement, ainsi qu'à leurs proches," dit-il.

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L'hôpital Aman intègre des repas spécifiques à ses parcours de soins personnalisésEuronews

Travail en réseau

L'hôpital a aussi beaucoup investi dans l'acquisition d'équipements médicaux de pointe disponibles sur le marché.

"L'innovation technologique est un pilier fondamental sur lequel repose cet hôpital. Dans le service de radiologie, nous nous sommes assurés de disposer des dernières technologies en matière de tomodensitométrie, d'IRM et d'échographie," fait remarquer Dr Hussain Ismaeel, président des services médicaux. "Cela nous permet non seulement d'effectuer des procédures radiologiques classiques, mais aussi de réaliser de l'imagerie cardiaque avancée et des tomodensitométries cardiaques," explique-t-il.

En matière de recherche, l'hôpital Aman a accès à une base de données internationale. Selon le Dr Bassem Safadi, il s'agit du premier établissement de santé en dehors du Royaume-Uni à faire partie de l'Imperial College Private Healthcare Network, un réseau réputé qui permet à ses membres, de partager leur expertise en vue d'améliorer encore les soins et le fonctionnement des établissements.

"Il est relié au plus grand réseau d'hôpitaux universitaires du Royaume-Uni : l'Imperial College Healthcare NHS Trust compte cinq hôpitaux dans le nord-ouest de Londres," déclare Dr Safadi. "Nos consultants ont donc le privilège de visiter personnellement les hôpitaux et de participer en tant qu'observateurs à leurs discussions multidisciplinaires," se félicite-t-il.

Bien qu'il s'agisse de l'un des établissements de santé les plus récents du Qatar, l'hôpital Aman poursuit son expansion. L'an prochain, il devrait ouvrir une antenne à Msheireb Downtown, au cœur de la capitale Doha.

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