La Mostra de Venise couronne un Frankenstein au féminin avec Emma Stone

Le réalisateur grec Yorgos Lanthimos a reçu le Lion d'or pour son film "Pauvres créatures"
Le réalisateur grec Yorgos Lanthimos a reçu le Lion d'or pour son film "Pauvres créatures" Tous droits réservés Gian Mattia D'Alberto/LaPresse
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Par euronews avec agences
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Le Lion d'or a été attribué cette année au cinéaste grec Yorgos Lanthimos pour son film "Pauvres créatures", un Frankenstein au féminin avec Emma Stone en tête d'affiche.

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Avec "Pauvres créatures", le cinéaste grec Yorgos Lanthimos ("The Lobster", "La Favorite"), habitué des festivals, arrive enfin à la consécration.

Le film est une sorte de Frankenstein au féminin, fantastique et baroque, en grande partie en noir et blanc. Parfois cru, "Pauvres créatures" est tout à la fois un divertissement et un message sur la façon dont les normes pèsent sur les femmes.

La star américaine Emma Stone, qui produit aussi le film, y incarne une créature candide qui fait son éducation sentimentale et sexuelle. Elle n'a pas pu faire le déplacement à la Mostra en raison de la grève qui paralyse Hollywood.

Deux Américains, meilleurs acteurs

Côté interprètes, la Mostra a distingué deux Américains : Cailee Spaeny, 25 ans, pour son premier grand rôle, celui de l'épouse du "King", Priscilla Presley, dans le biopic "Priscilla" de Sofia Coppola, et Peter Sarsgaard, qui donne la réplique à Jessica Chastain, en homme souffrant de démence, dans "Memory" de Michel Franco.

Contrairement à de nombreuses stars jouant dans des films de grands studios, et qui n'ont pas pu faire le déplacement à Venise en pleine grève, les deux lauréats sont montés sur scène pour recevoir leur trophée.

Peter Sarsgaard en a profité pour dire son soutien à la grève et lancer une diatribe contre l'intelligence artificielle, dont scénaristes et acteurs demandent l'encadrement.

"Si on perd cette bataille, notre industrie ne sera que la première de nombreuses autres à tomber", a-t-il prophétisé : la médecine ou la conduite de la guerre pourraient à leur tour être confiées à l'intelligence artificielle, ce qui "ouvre la voie à des atrocités".

La Mostra a été le premier festival international frappé de plein fouet par le bras de fer historique avec les studios, même si quelques stars comme Adam Driver, Mads Mikkelsen ou Jessica Chastain sont venues, prenant soin d'apporter chacun leur soutien aux grévistes.

Les revendications syndicales n'ont pas été les seules à tenter de se faire entendre à Venise.

Les mouvements féministes ont également cherché à donner de la voix, notamment via des collages dans la ville pour dénoncer les honneurs accordés par le plus ancien festival du monde à des artistes visés par le mouvement #MeToo, qui dénonce les violences sexistes et sexuelles envers les femmes.

Luc Besson, contre lequel des accusations de viol ont été portées avant d'être définitivement écartées par la justice française cette année, était en compétition avec "Dogman".

Woody Allen, mis au ban de l'industrie américaine du cinéma et qui n'est pas poursuivi par la justice, a présenté son 50e film "Coup de Chance", le premier tourné en français, hors compétition.

Roman Polanski, qui fuit depuis plus de 40 ans la justice américaine après une condamnation pour des relations sexuelles avec une mineure, ne s'est pas déplacé à Venise, où son dernier film "The Palace", lui aussi hors compétition, a reçu un accueil glacial.

Le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, a justifié l'invitation de ces trois cinéastes en appelant à distinguer l'homme de l'artiste.

Le palmarès envoie un signe sur la crise migratoire

La Mostra de Venise a envoyé samedi un message de solidarité avec les migrants lors de son palmarès, décernant trois de ses prix à des films centrés sur les drames lié à la crise migratoires.

Le jury présidé par le réalisateur américain Damien Chazelle ("La La Land"), a décerné son prix spécial à "Green Border", un film choc de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland sur le sort de migrants ballottés entre la Pologne et le Bélarus en 2021.

"Nous dédions ce prix aux activistes" qui aident les migrants "de la Pologne à Lampedusa", la petite île italienne où arrivent au péril de leur vie de nombreux migrants venus d'Afrique, a dit la réalisatrice de 74 ans en recevant son prix.

Son film montre des garde-frontières, des humanitaires et des migrants pris dans un jeu diplomatique qui les dépasse entre le Bélarus et l'Union européenne.

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"Depuis 2014, quand la crise des réfugiés a commencé, environ 66 000 sont morts en essayant de venir en Europe", a déploré la cinéaste, l'une des grandes voix du cinéma polonais, nommée plusieurs fois aux Oscars.

"Et alors que nous sommes assis ici, la situation décrite dans mon film continue, les gens se cachent encore dans la forêt, privés de leur dignité, de leurs droits humains et de sécurité, et certains d'entre eux mourront ici en Europe, pas parce que nous n'avons pas les ressources pour les aider, mais parce que ne nous ne voulons pas", a-t-elle fustigé, déclenchant les applaudissements du public.

Le prix de la mise en scène est allé à l'Italien Matteo Garrone pour "Moi, capitaine", qui raconte l'odyssée périlleuse de deux jeunes cousins sénégalais à travers l'Afrique et la Méditerranée pour gagner l'Italie. Son jeune protagoniste, Seydou Sarr, a reçu le prix du meilleur espoir.

Matteo Garrone, réalisateur de "Gomorra", a affirmé sur scène avoir "cherché à donner la parole à ceux qui ont vraiment vécu ce voyage".

Le Palmarès complet

- Lion d'or du meilleur film : "Pauvres créatures" du réalisateur grec Yorgos Lanthimos

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- Lion d'argent - Grand Prix du Jury : "Aku wa sonzai shinai" ("Evil does not exist") de Ryusuke Hamaguchi (Japon)

- Lion d'argent de la meilleure réalisation : Matteo Garrone pour "Moi, capitaine" (Italie)

- Prix de la meilleure actrice : Cailee Spaeny pour son rôle dans "Priscilla" de Sofia Coppola

- Prix du meilleur acteur : Peter Sarsgaard pour son rôle dans "Memory" de Michel Franco

- Prix du meilleur scénario: Guillermo Calderon et Pablo Larrain pour "El Conde" de Pablo Larrain

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- Prix spécial du jury : "Zielona granica" ("Green Border") de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland

- Prix Marcello Mastroianni du jeune espoir : Seydou Sarr pour son rôle dans "Moi, capitaine" de Matteo Garrone

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