Au Portugal, comment l'extrême droite Chega a surfé sur le mécontentement des jeunes électeurs

Le parti d'extrême droite Chega a enregistré une forte percée aux dernières élections législatives du mois de mars.
Le parti d'extrême droite Chega a enregistré une forte percée aux dernières élections législatives du mois de mars. Tous droits réservés Armando Franca/AP
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Par euronews
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Alors que l'extrême droite a le vent en poupe en Europe, nous sommes retournés au Portugal après les législatives qui ont été marquées par une forte percée du parti Chega qui a ciblé le vote des jeunes.

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Notre journaliste Estelle Nilsson-Julien s'est rendue au Portugal pour comprendre la forte percée du parti Chega aux dernières législatives. 

"Les récents résultats des élections ont provoqué une onde de choc à travers le pays, explique notre consœur. "Si un gouvernement conservateur a été élu, après huit années de direction socialiste, le parti d’extrême droite Chega a également gagné en popularité.

Le parti a réussi à capter le vote des jeunes portugais dont beaucoup se disent las du manque d’opportunités que leur offre le Portugal. Mais d’autres estiment que le parti est xénophobe et dangereux."

Chega a été créée en 2019 par André Ventura, passant de 12 à 50 sièges lors des élections de mars.

La montée en puissance de l'extrême droite intervient alors que le Portugal fête les 50 ans de sa révolution contre la dictature réactionnaire qu'avait incarnée António de Oliveira Salazar.

Fraîchement réélue députée du parti Chega, Rita Maria Matias, 25 ans, explique comprendre les réticences de nombreux Portugais vis-à-vis de l'extrême droite. "Les gens ont un peu peur, ils ont leurs cicatrices, et leurs cicatrices sont justes", a-t-elle déclaré, _"mais je ne peux pas répondre pour une période pendant laquelle je ne vivais pas." "Nous en avons assez de penser que les jeunes en France, en Angleterre, en Suisse ont plus d'opportunités que nous."

Mais pour les organisations anti-discrimination, le parti Chega représente une menace pour la démocratie.

Pour Lou Loução, de SOS Racismo, "Chega est une forme de propagande. C'est une forme de lavage des idées racistes. Ce que les gens disent habituellement à propos du vote sur Chega, c'est un vote contre le système, parce qu'ils sont fatigués. Ils sont mécontents de nombreux politiques, en particulier du parti, des socialistes et des autres partis politiques opposés. Mais ce n’est pas un vote contre le racisme. C'est un vote pour la discrimination. C'est un vote contre les minorités."

Chega a été accusé de racisme, d'islamophobie et de s'en prendre à la communauté rom du Portugal. Mais le parti nie ces accusations, affirmant qu’il s’agit de tactiques alarmistes.

Nous sommes allés interroger le sociologue Antonio Costa Pinto qui explique comment Chega est parvenu à cibler le vote des jeunes.

"Chega a innové en termes de campagnes politiques. Ils sontnuméro un dans l’utilisation des réseaux sociaux, notamment TikTok, explique ce professeur. Dans le détail, les jeunes hommes les moins instruits auraient davantage voté pour l'extrême droite que les jeunes femmes qui auraient voté "d'avantage pour la gauche, ce qui est lié au programme conservateur de Chega."  Et l'enseignant de conclure "oui,il y a un net déplacement de la gauche vers la droite du jeune électeur au Portugal."

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