Les députés français s'insurgent contre le rejet d'eaux usées brutes dans la mer par le Royaume-Uni.

Le nageur de la Manche Peter Green proteste contre le déversement d'eaux usées brutes dans la mer, à Glasgow, le 12 novembre 2021, pendant la COP26
Le nageur de la Manche Peter Green proteste contre le déversement d'eaux usées brutes dans la mer, à Glasgow, le 12 novembre 2021, pendant la COP26 Tous droits réservés AFP/Ben Stansall
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Par Alice Tidey
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Pierre Karleskind, Nathalie Loiseau et Stéphanie Yon-Courtin, tous trois issus du groupe centriste Renew au Parlement européen, ont accusé le Royaume-Uni de "s'exonérer des exigences environnementales" fixées par la législation européenne.

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Trois eurodéputés français demandent à Bruxelles de prendre des mesures à l'encontre du Royaume-Uni après qu'il a autorisé le déversement d'une quantité importante d'eaux usées brutes dans la Manche et la mer du Nord.

"Nous craignons des conséquences négatives sur la qualité des eaux marines que nous partageons avec ce pays et accessoirement sur la biodiversité marine, mais aussi sur les activités des pêcheurs et des conchyliculteurs", ont écrit les trois députés dans leur lettre adressée mercredi au commissaire à l'environnement Virginijus Sinkevičius.

Pierre Karleskind, Nathalie Loiseau et Stéphanie Yon-Courtin, tous trois issus du groupe centriste Renew au Parlement européen, ont accusé le Royaume-Uni de "s'exonérer des exigences environnementales" fixées par la législation européenne.

Ils ont également souligné que le Royaume-Uni a des obligations en vertu de l'accord de commerce et de coopération entre l'UE et le Royaume-Uni - un traité relatif au Brexit - et qu'il est signataire de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.

"Malgré cela, le Royaume-Uni a choisi d'abaisser ses normes de qualité de l'eau. Cela est inacceptable et remet en cause les efforts réalisés par les États membres de l'UE au cours des vingt dernières années. Le Royaume-Uni s'est engagé à préserver les mers qui l'entourent et que nous partageons !", ont-ils écrit. "Nous demandons à la Commission d'utiliser tous les moyens politiques et juridiques à sa disposition pour mettre fin à cette situation", ont-ils ajouté.

La semaine dernière, l'Agence britannique pour l'environnement a émis des ordres d'interdiction de baignade pour plus de 20 plages du Royaume-Uni en raison du rejet d'eaux usées.

La faute à de fortes précipitations survenues après une longue période de temps sec, qui ont rendu le sol moins apte à absorber la pluie et l'eau à atteindre le réseau d'égouts. Dans ce cas, les entreprises de traitement des eaux usées sont autorisées à déverser les "déversoirs d'orage" dans les rivières et la mer afin de prévenir les crues soudaines dans certaines régions.

Cette situation devrait être exceptionnelle, les sociétés d'assainissement étant censées déverser principalement l'excès d'eau de pluie, mais certains les ont accusées de déverser également des eaux usées brutes.

Dans un avis conjoint publié fin juin, le professeur Chris Whitty, médecin en chef pour l'Angleterre, Jonson Cox, président de l'autorité de régulation des services de l'eau Ofwat, et Emma Howard Boyd, présidente de l'Agence pour l'environnement, ont souligné que les données montrent que l'utilisation des déversoirs d'orage "n'est désormais plus exceptionnelle".

"Dans certains cas, il y a jusqu'à 200 rejets par an", ont-ils écrit. "C'est évidemment inacceptable pour des raisons de santé publique".

Ils ont concédé que si le coût pour s'assurer qu'aucun déversement n'a lieu peut ne pas être justifié, la réduction de la fréquence des déversements jusqu'aux "véritables tempêtes devrait cependant être une attente minimale".

"C'est certainement l'attente de la grande majorité du public, y compris de ceux qui n'utilisent pas eux-mêmes les rivières à des fins récréatives, comme le montrent les sondages. Personne ne souhaite qu'un enfant ingère des matières fécales humaines", ont-ils ajouté.

Ils ont néanmoins appelé les compagnies des eaux à investir pour renforcer la résilience et la capacité du réseau d'égouts et améliorer la santé des rivières, soulignant que "nous avons deux tronçons de rivière en Angleterre et au Pays de Galles qui ont le statut d'eau de baignade. Il y en a plus de 500 en France".

Journaliste • Laura Vandormael

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