Ursula Von der Leyen veut rassurer sur le Pacte vert et avancer sur l'élargissement de l'UE

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen Tous droits réservés European Union, 2022.
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Par euronews avec AFP
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À neuf mois des élections européennes, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a défendu mercredi un Pacte vert "juste et équitable" face aux réticences qu'il suscite, et appelé à préparer l'élargissement de l'UE sans attendre de modifier les traités.

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Dans son discours annuel sur l'état de l'Union, prononcé devant les eurodéputés réunis à Strasbourg, la responsable allemande a vigoureusement défendu son bilan - assurant avoir traduit en action "plus de 90%" des orientations présentées à son arrivée - sans donner la moindre indication sur son avenir politique.

Mais dans un contraste saisissant avec l'an dernier, l'Ukraine n'était pas le thème central de son discours, délivré en jonglant entre anglais, français et allemand.

Si elle a salué les "grandes avancées" réalisées par Kiev sur la voie de son adhésion à l'Union, et réaffirmé le soutien des Européens "aussi longtemps que nécessaire" face à l'offensive russe, elle s'est surtout attardée sur l'ambitieux Pacte vert visant à sabrer les émissions carbone du continent.

Une enquête ouverte sur les subventions publiques chinoises

Preuve de sa volonté de donner des gages à l'industrie européenne, elle a souligné que la transition verte devait se faire dans le cadre d'une concurrence équitable. Elle a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les subventions publiques chinoises aux automobiles électriques pour défendre l'industrie européenne face à des "prix artificiellement bas".

Les législations environnementales suscitent des crispations croissantes de certaines États membres et des eurodéputés de son propre camp, le PPE (droite), qui appellent à une "pause" réglementaire et dénoncent volontiers le "fardeau" administratif pour entreprises et agriculteurs.

Alors que, hormis le plan climat, le Pacte vert reste largement inachevé avec 37 textes encore en négociations (dont ceux, très disputés, sur la "restauration de la nature" et l'encadrement des pesticides), Ursula von der Leyen a annoncé sa volonté de "garder le cap" et "rester ambitieux".

Mais aussi de "garantir une transition juste et équitable" avec "la promesse solennelle de ne laisser personne de côté", a-t-elle aussitôt ajouté, promettant des "dialogues" avec les industriels et "moins de polarisation" avec les agriculteurs.

De même, face aux "difficultés sans équivalent" des énergies éoliennes, la dirigeante prévoit d'"accélérer encore davantage la délivrance des permis" -déjà facilités dans la loi en voie d'adoption sur les renouvelables.

"Vents contraires" sur l'économie

Sur l'élargissement de l'UE, ses mots étaient particulièrement scrutés: le président du Conseil européen Charles Michel avait appelé l'UE à se préparer à intégrer de nouveaux membres "d'ici 2030". "Si nous voulons être crédibles, nous devons parler de calendrier", avait-il lancé.

Bruxelles doit présenter à l'automne ses recommandations sur l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie. Cinq pays des Balkans occidentaux sont aussi candidats à l'adhésion, et pour certains en négociation avec l'UE depuis une décennie.

"Nous ne pouvons pas -nous ne devrions pas- attendre de modifier les traités pour avancer sur la voie de l'élargissement", a souligné Mme von der Leyen, appelant à "adapter plus rapidement l'Union", ses institutions et son budget -mais en se gardant de fixer un quelconque calendrier.

Parmi les chantiers en cours, la réforme sensible des règles budgétaires européennes fait l'objet d'âpres pourparlers, tout comme l'épineuse réforme de la politique migratoire, sur fond de capacités d'accueil sous pression face à la hausse des demandes d'asile.

La dirigeante a appelé États membres et eurodéputés à intensifier leurs efforts pour finaliser ce texte offrant un "équilibre entre la protection des frontières et protection des personnes, souveraineté et solidarité" et vanté le récent "partenariat stratégique" conclu en juillet avec la Tunisie.

"Nous voulons maintenant travailler sur des accords similaires avec d'autres pays", a-t-elle indiqué.

Enfin, la présidente de la Commission a pointé les "forts vents contraires" assombrissant la conjoncture économique: les pénuries de main d'oeuvre -"goulets d'étranglement de la compétitivité", mais surtout la persistance d'une "inflation forte": le retour à l'objectif d'une inflation à 2% en zone euro "prendra du temps", a-t-elle reconnu -elle s'élevait à 5,3% en août.

Ce discours intervient alors que les manoeuvres politiques ont commencé en vue du scrutin de juin 2024 et que les spéculations courent sur la volonté d'Ursula von der Leyen de rempiler pour cinq ans.

La Commission a récemment perdu deux figures emblématiques: Frans Timmermans, architecte du Pacte vert et désormais candidat au poste de Premier ministre aux Pays-Bas, et la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager, qui brigue la tête de la Banque européenne d'investissement.

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