Bientôt des sanctions sur les diamants russes, selon le Premier ministre belge

Le Premier ministre belge Alexander De Croo a reçu le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy à Bruxelles.
Le Premier ministre belge Alexander De Croo a reçu le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy à Bruxelles. Tous droits réservés Yves Herman/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
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Par Jorge Liboreiro
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Cet article a été initialement publié en anglais

Les pays occidentaux sont "très proches" d'établir un système de traçabilité pour sanctionner les diamants russes, a déclaré le Premier ministre belge, Alexander De Croo, lors d'une visite surprise du président Volodymr Zelensky à Bruxelles.

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"Cela signifie que les diamants de sang russes ne pourront plus financer la guerre russe", a expliqué le Premier ministre belge, Alexander De Croo, aux journalistes mercredi après-midi, à côté du président ukrainien.

"Nous sommes très proches d'un système qui les exclura complètement des marchés de détail".

Jusqu’à maintenant les diamants ont toujours été épargnés dans les 11 trains de sanctions adoptés depuis février 2022 par l'Union européenne contre le Kremlin, malgré les appels répétés de Kyiv.

Ces pierres précieuses sont une source importante de revenus pour la Russie. En 2021, l'année précédant l'invasion de l'Ukraine, Moscou a exporté pour environ 4 milliards de dollars (3,77 milliards d'euros) de diamants bruts. Ils ont pour principale destination Anvers, en Belgique.

Selon les estimations 84 % des diamants bruts et 50 % des diamants polis du monde passent par le port flamand, ce qui fait de cette ville un pilier essentiel du commerce diamantaire mondial.

"_La Belgique joue un rôle important dans le commerce des diamants et ce que nous voulons, c'est éliminer complètement les diamants russes de nos marchés de détai_l", assure Alexander De Croo. "La meilleure façon d'y parvenir est de mettre en place un système de traçabilité complet pour exclure les diamants russes des marchés".

La traçabilité fait référence à une technologie qui scanne numériquement chaque diamant et ses modifications afin de suivre son parcours sur les marchés, de garantir que la pièce est toujours la même et de renforcer la crédibilité d'une industrie notoirement secrète.

La question brûlante de l'interdiction des diamants russes figure depuis longtemps à l'ordre du jour des alliés occidentaux, mais avec peu d’avancées, au grand dam de Kyiv.

Le processus est coordonné au niveau de l'UE et du G7 afin d'étendre autant que possible la portée géographique de l'interdiction et d'empêcher ainsi les diamants illégaux de tomber dans la clandestinité et de réapparaître ailleurs sous une autre forme.

"Cela a pris du temps parce que nous voulons éviter que les interdictions concernant les diamants soient contournées", insiste le Premier ministre belge.

"Si vous ne le faites que sur le marché de gros, les diamants seront échangés vers d'autres centres diamantaires dans le monde et nous les aurons toujours dans nos magasins. Cela ne fera aucune différence pour la Russie".

Selon Alexander De Croo, le système de traçabilité devrait être mis en place d'ici le 1er janvier 2024, une échéance ambitieuse car chaque paquet de sanctions entraîne des négociations difficiles entre les États membres. Le processus est en effet toujours soumis la possibilité d’un veto d'un capitale.

Faire payer la Russie

Lors de la conférence de presse conjointe avec le président ukrainien, le Premier ministre belge a également annoncé la création d'un fonds de 1,7 milliard d'euros destiné à soutenir la reconstruction de l'Ukraine. Ce fonds sera financé par la taxation des revenus tirés des actifs russes immobilisés à la suite des sanctions de l'UE.

Plus de 180 milliards d'euros d'avoirs de la banque centrale russe auraient été gelés auprès d'Euroclear, une société de services financiers basée à Bruxelles, ce qui représente de loin le montant le plus important dans un État membre.

Selon les règles actuelles de l'UE, le gouvernement belge n'est pas autorisé à accéder aux actifs ou à gérer les procédures, ce qui signifie qu'il ne peut que recourir à la fiscalité pour obtenir des fonds supplémentaires pour l'Ukraine, précise le dirigeant belge.

"Nous avons toujours été clairs depuis le début : toute taxe sur les actifs russes n'ira pas dans notre budget, elle ira directement aux Ukrainiens", insiste Alexander De Croo.

"Si, à un moment donné, l'accès à ces recettes était légalement possible, nous serions bien sûr un partenaire enthousiaste".

La Commission européenne a promis de présenter un texte législatif afin de "faire payer la Russie" à travers l'utilisation des actifs immobilisés, éventuellement par le biais d'une taxe sur les bénéfices exceptionnels. Mais la proposition a été reportée à plusieurs reprises et n'a toujours pas de date de présentation.

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La Banque centrale européenne, les experts financiers et les juristes ont tous exprimé de sérieuses inquiétudes quant à cette initiative sans précédent. Ils avertissent qu'une telle initiative unilatérale pourrait déclencher une instabilité financière et nuire à la crédibilité de l'euro.

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