Le procureur général de l'Ukraine promet que Vladimir Poutine sera jugé pour crimes de guerre

Andriy Kostin, procureur général de l'Ukraine, participe au forum "Ukraine 2024" à Kiev, Ukraine, 25 février 2024.
Andriy Kostin, procureur général de l'Ukraine, participe au forum "Ukraine 2024" à Kiev, Ukraine, 25 février 2024. Tous droits réservés Evgeniy Maloletka/Copyright 2024 The AP. All rights reserved
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Par Shona MurrayMared Gwyn Jones
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Cet article a été initialement publié en anglais

Le procureur général de l'Ukraine, Andriy Kostin, assure que le président russe Vladimir Poutine sera "poursuivi et jugé" pour les atrocités commises en Ukraine.

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"Je pense que notre dossier sera préparé et que, le moment venu, si Poutine est disponible, il sera poursuivi et jugé par la Cour pénale internationale ou par un tribunal spécial", assure le procureur général ukrainien, Andriy Kostin, lors d'une interview accordée à Euronews lundi.

"Il est de notre devoir, en tant que procureurs, de documenter toutes les preuves (...) et de monter un dossier contre Poutine. C'est notre obligation, et nous nous engageons à la remplir".

Le procureur général ukrainien était à Bruxelles pour demander aux ministres de la Justice de l'UE de soutenir les efforts de son pays pour rendre justice aux victimes des crimes de guerre commis en Ukraine. Il prévient que la sécurité du monde civilisé est en jeu.

"Nous devons créer des instruments supplémentaires pour responsabiliser les agresseurs, afin que ceux qui envisagent de mener des guerres d'agression sachent que le monde civilisé s'unira pour les poursuivre et les punir".

L'Ukraine étudie actuellement sur 123 000 crimes de guerre commis depuis le lancement en février 2022 de l’invasion russe. La justice enquête sur des meurtres aveugles, des actes de torture, des agressions sexuelles et l'enlèvement de quelque 20 000 enfants ukrainiens, un crime sans précédent sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale.

Dans un geste profondément symbolique, la Lituanie juge poursuit depuis jeudi dernier trois militants pro-russes accusés de crimes de guerre dans la région de Donetsk pour le meurtre du réalisateur lituanien Mantas Kvedaravičius à Marioupol en avril 2022.

De tels engagements de la part d'autres juridictions nationales sont essentielles pour garantir l'obligation de rendre des comptes, selon le procureur général. Plus de 20 pays ont ouvert des enquêtes similaires, certaines fondées sur la compétence universelle.

La Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, a délivré un mandat d'arrêt à l'encontre du président russe Vladimir Poutine, mais n'est pas compétente pour juger les crimes d'agression russes, car ni l'Ukraine ni la Russie ne sont parties au traité fondateur de la CPI, le statut de Rome.

Une quarantaine de pays sont en train de négocier la création d'un tribunal spécial pour les crimes d'agression.

Le procureur ukrainien est soutenu par des équipes d'Estonie, de Lettonie, de Lituanie, de Pologne, de Roumanie et des États-Unis pour rassembler les preuves des atrocités commises.

Il s'agit notamment de crimes commis à Boutcha où des centaines de civils ont été massacrés en avril 2022. Selon Andriy Kostin, ces actes sont devenus récurrents dans toute l'Ukraine occupée.

"Les Russes ont continué à commettre les mêmes crimes dans d'autres parties de l'Ukraine occupée", assure-t-il.

"Boutcha n'est pas l'histoire d'une unité militaire devenue folle. Il s'agit d'une politique, d'un modèle", ajoute-t-il. Il précise qu'un nombre similaire de salles de torture et de victimes de violences sexuelles avaient été identifiées à Kherson, dans le sud, et à Kharkiv, dans le nord-est.

Le procureur ukrainien enquête actuellement sur 274 cas de violences sexuelles signalés pendant la guerre.

Les enfants ukrainiens devraient être récupérés "sans condition"

Selon les estimations, 20 000 enfants ont été emmenés de force en Russie depuis le début de la guerre. Certains ont disparu lors de camps d'été et d'autres sous des prétextes médicaux. Beaucoup sont "rééduqués" et adoptés par des parents russes.

Le Kremlin affirme que ces enlèvements font partie de "mesures d'évacuation" visant à assurer la sécurité des mineurs ukrainiens vivant dans les zones de la ligne de front.

"Ils peuvent raconter ce qu'ils veulent, mais il s'agit d'un crime de guerre (...) qui a déjà fait l'objet d'une conclusion préliminaire de la Cour pénale internationale", insiste Andriy Kostin.

En faisant adopter des enfants ukrainiens, dont certains sont trop jeunes pour comprendre d'où ils viennent, la Russie "efface leur histoire et leur identité", explique-t-il.

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"Je demande toujours aux dirigeants du monde entier d'appeler publiquement au retour des enfants ukrainiens tous les jours", souligne le procureur général, ajoutant que les Nations unies pourraient "jouer un rôle beaucoup plus actif".

"Les enfants devraient être rendus à l'Ukraine sans condition et dès que possible, et la Russie n'en tient pas compte".

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