Sondage exclusif : les partis non affiliés auront un rôle crucial dans le nouveau Parlement européen

Le Parlement européen lors d'une session plénière à Strasbourg
Le Parlement européen lors d'une session plénière à Strasbourg Tous droits réservés Jean-Francois Badias/Copyright 2019 The AP. All rights reserved.
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Par Mared Gwyn Jones
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Cet article a été initialement publié en anglais

Un sondage exclusif d'Ipsos pour Euronews montre que les partis non affiliés pourraient jouer un rôle déterminant dans la configuration - et les votes - du futur Parlement européen.

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Les partis qui ne sont actuellement affiliés à aucun des sept groupes politiques de l'Union européenne devraient obtenir 68 des 720 sièges du Parlement européen lors des élections de juin, selon un nouveau sondage d'Euronews dévoilé mardi 19 mars.

Ces partis, issus de tous les horizons politiques, auront la possibilité de siéger dans le groupe des non-inscrits du Parlement - qui abrite des membres indépendants ainsi que des membres de partis non affiliés - ou de rejoindre les rangs de l'une des sept autres factions établies.

Cela signifie que les négociations en coulisses sur l'adhésion à un groupe des membres non affiliés pourraient avoir un impact déterminant sur l'équilibre gauche-droite du prochain Parlement européen.

Le nombre important de sièges que les estimations leur accordent - soit 19 de plus que les 49 qu'ils détiennent actuellement - signifie également que les membres non inscrits pourraient avoir un rôle déterminant dans les votes sur plusieurs législations européennes clés, du climat à la migration en passant par la technologie.

Ces résultats sont issus d'un sondage réalisé par Ipsos, exclusivement pour Euronews, auprès de 26 000 personnes dans 18 pays représentant 96 % de la population de l'Union européenne.

Un penchant à droite ?

Alors que le groupe des non-inscrits du Parlement actuel est composé principalement de membres de droite, le sondage d'Euronews suggère que les futurs membres non-inscrits seraient idéologiquement répartis à parts presque égales entre la gauche (33 membres) et la droite (28 membres).

Sept autres sièges pourraient être attribués à des partis centristes ou inclassables.

Si les 28 membres de droite non affiliés choisissent de rejoindre l'une des trois factions de droite - comme le Parti populaire européen (PPE) de centre-droit, les Conservateurs et réformistes européens (CRE) de droite dure ou Identité et démocratie (ID) - une coalition de droite potentielle pourrait obtenir une faible majorité de 362 députés sur 720.

Cela signifierait que, pour la première fois dans son histoire, une coalition de droite incluant l'extrême droite pourrait prendre les rênes du Parlement.

C'est le résultat d'un soutien croissant aux partis d'extrême droite aux quatre coins du continent, les partis de droite radicale étant donnés favoris dans six des 27 États membres de l'UE, dont la France et l'Italie.

Les cartes politiques sont déjà rebattues, à un peu plus de deux mois des élections européennes. Le parti français d'extrême droite Reconquête ! a quitté le groupe d'extrême droite Identité et Démocratie (ID) en février pour rejoindre le parti eurosceptique CRE.

Des points d'interrogation pèsent également sur l'affiliation du parti hongrois Fidesz - actuellement non affilié mais qui serait en pourparlers pour entrer au CRE - et du parti Fratelli d'Italia de la première ministre italienne Giorgia Meloni, la plus grande force émergente du CRE, qui pourrait passer au PPE.

Quant aux partis de gauche non-affiliés, ils comprennent le Mouvement 5 étoiles italien, qui devrait obtenir 16 sièges, et le parti allemand Bündnis Sahra Wagenknecht, une force émergente dans la politique d'outre-Rhin, qui devrait obtenir 7 sièges.

Qui sont les partis non affiliés ?

Le parti hongrois Fidesz, dirigé par le Premier ministre Viktor Orbán, est le plus important de tous les partis non affiliés, et devrait obtenir 12 des 21 sièges de la Hongrie lors du scrutin de juin.

Le Fidesz a quitté le groupe de centre-droit du PPE en 2021, alors que le groupe s'apprêtait à expulser les membres du Fidesz après des années de tensions dues à des reculs en matière de démocratie et d'État de droit.

Le Premier ministre Viktor Orbán fait une pause pendant un discours lors du dernier rassemblement électoral de son parti Fidesz à Szekesfehervar, en Hongrie, en avril 2018
Le Premier ministre Viktor Orbán fait une pause pendant un discours lors du dernier rassemblement électoral de son parti Fidesz à Szekesfehervar, en Hongrie, en avril 2018Darko Vojinovic/Copyright 2019 The AP. All rights reserved.

Depuis, Viktor Orbán a consolidé la domination de son parti sur la scène politique hongroise et s'est forgé une réputation notoire à Bruxelles pour sa volonté d'utiliser son droit de veto afin de faire dérailler les décisions de l'UE en matière de politique étrangère, notamment en tentant récemment de bloquer le programme d'aide de l'UE à l'Ukraine, d'un montant de 50 milliards d'euros.

Les politiques de son parti sont compatibles avec celles du CRE, et les rumeurs vont bon train quant à la possibilité pour les législateurs du Fidesz de siéger avec la faction eurosceptique au Parlement européen après le mois de juin.

Mais en acceptant le Fidesz, le CRE réduirait considérablement ses chances de forger de nouveaux partenariats avec le groupe plus modéré du PPE, la plus grande des factions du Parlement. Accueillir le Fidesz pourrait donc l'empêcher de prendre pied, comme il le désire depuis longtemps, dans l'élaboration des politiques de l'UE à Bruxelles.

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Si le PPE a ouvertement exprimé sa volonté de coopérer avec le CRE, il a expressément refusé de s'associer avec tout parti qui sape l'État de droit ou sympathise avec Vladimir Poutine. Le bilan désastreux de Viktor Orbán en matière d'État de droit et ses appels à l'Ukraine pour négocier la paix avec Moscou signifient qu'une collaboration entre le CRE et le PPE deviendrait impossible si les législateurs du Fidesz rejoignent le CRE.

Un autre parti émergent qui n'est actuellement affilié à aucun des groupes politiques européens est le Bündnis allemand de Sahra Wagenknecht, créé par l'ancienne leader du parti allemand Die Linke.

Bien que son parti soit considéré comme une faction populiste de gauche, Sahra Wagenknecht adopte la ligne dure de l'extrême droite en matière d'immigration afin de rallier les électeurs frustrés par la politique traditionnelle.

Des politiciens allemands lors de la conférence de fondation du nouveau parti Wagenknecht, à Berlin, samedi 27 janvier 2024.
Des politiciens allemands lors de la conférence de fondation du nouveau parti Wagenknecht, à Berlin, samedi 27 janvier 2024.Kay Nietfeld/(c) Copyright 2024, dpa (www.dpa.de). Alle Rechte vorbehalten

Son parti devrait arriver en cinquième position en Allemagne avec 7 % des voix, selon le sondage Euronews réalisé par Ipsos.

Le Movimento 5 Stelle (Mouvement 5 étoiles), le parti de l'ancien Premier ministre italien Giuseppe Conte, est également en passe de remporter 16 sièges.

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Si le parti réussit à rejoindre le parti de gauche des Verts, comme il a tenté de le faire par le passé, ses 16 eurodéputés prédits pourraient changer de manière significative la configuration électorale du Parlement européen.

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