La crise au Moyen-Orient éclipse le sommet de l'UE consacré à l'économie

La crise du Moyen-Orient dominera la réunion du Conseil européen.
La crise du Moyen-Orient dominera la réunion du Conseil européen. Tous droits réservés European Union, 2024.
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Par Jorge Liboreiro
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Cet article a été initialement publié en anglais

Les dirigeants de l'Union européenne se réunissent à Bruxelles pour un sommet de deux jours consacré à la compétitivité économique de l'Union.

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L'ordre du jour devrait être éclipsé par la crise actuelle au Moyen-Orient, dont l'Occident craint qu'elle ne devienne bientôt incontrôlable et ne se transforme en un conflit régional plus vaste.

Les inquiétudes couvaient depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas et se sont aggravées de manière spectaculaire après qu'une frappe aérienne israélienne a touché le consulat iranien à Damas, tuant sept membres des Gardiens de la révolution islamique. En représailles, Téhéran a lancé sa toute première attaque sur le sol israélien avec 300 drones, missiles balistiques et de croisière, dont la grande majorité a été interceptée par Israël.

L'UE et les États-Unis ont promis de renforcer les sanctions à l'encontre de l'Iran, mais ont aussi appelé Israël à éviter une nouvelle attaque qui ne ferait qu'attiser les flammes.

Cette atmosphère d'incertitude et de tension imprégnera la réunion de Bruxelles, initialement conçue pour évoquer l'économie de l'Union européenne, mais qui a depuis été modifiée pour permettre une discussion sur la politique étrangère.

La première journée de la réunion, qui débutera mercredi soir après une réception avec le roi de Belgique, abordera la situation actuelle en Israël, en Iran, dans la bande de Gaza et au Liban, ainsi que la guerre en Ukraine et les relations avec la Turquie.

"Le Conseil européen appelle l'Iran et ses mandataires à cesser toute attaque et exhorte toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à s'abstenir de toute action susceptible d'accroître les tensions dans la région", peut-on lire dans une version préliminaire des conclusions, consultée par Euronews.

Le Liban est une source d'inquiétude particulière, en raison de la fragilité de son gouvernement, de ses difficultés financières et de ses divisions sectaires, qui ont fait du pays un terrain propice à l'influence iranienne. Le Hezbollah, mouvement islamiste soutenu par Téhéran et doté d'une puissante force paramilitaire, a participé à l'attaque contre Israël en tirant des roquettes.

Les diplomates craignent que le Liban, qui accueille 1,5 million de réfugiés syriens, ne soit entraîné dans le conflit et ne déclenche un exode migratoire vers les côtes européennes, déjà visible à Chypre, toute proche.

L'État insulaire a enregistré plus de 2 000 arrivées au cours des trois premiers mois de cette année, ce qui représente une augmentation considérable par rapport aux 78 arrivées enregistrées au cours de la même période en 2023.

Le projet de conclusions souligne l'engagement de l'UE en faveur de la stabilité du Liban et sa "détermination à soutenir les personnes les plus vulnérables" dans le pays, mais ne fait aucune référence explicite à la pression migratoire exercée sur Chypre. Cette formulation pourrait toutefois être modifiée au fur et à mesure des discussions qui se dérouleront mercredi soir.

En outre, les dirigeants devraient se faire l'écho de la récente résolution du Conseil de sécurité des Nations unies et appeler à un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza, où plus de 33 000 personnes ont été tuées depuis le début de l'offensive israélienne, selon le Hamas. Le Conseil européen exigera la "libération inconditionnelle de tous les otages" détenus par l'organisation islamiste et la fourniture "complète, rapide, sûre et sans entrave" de l'aide humanitaire aux Palestiniens.

Les discussions de politique étrangère porteront également sur l'état actuel des relations entre l'UE et la Turquie, qui restent une priorité stratégique pour tous les dirigeants, malgré les tensions causées par les accusations de contournement des sanctions, le recul démocratique et le différend avec Chypre, qui dure depuis des décennies.

S'exprimant sous le couvert de l'anonymat, un diplomate de haut rang a admis que la Turquie était une "question vitale" pour Chypre, mais a averti que les relations avec l'Union européenne ne devaient pas être considérées uniquement sous cet angle.

Mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky prononcera un discours en visio. Il a récemment reproché à l'Occident de ne pas avoir protégé le ciel ukrainien des frappes russes, de la même manière qu'il avait aidé Israël à repousser l'assaut iranien. Au cours des premières semaines de l'invasion, Kyiv a demandé à l'OTAN d'imposer une "zone d'exclusion aérienne" au-dessus du pays, mais cette demande a été ignorée à plusieurs reprises, les alliés estimant que l'intervention militaire risquait de déclencher l'article 5 de la défense collective et d'entraîner une confrontation directe avec la Russie.

"Le ciel européen aurait pu bénéficier du même niveau de protection depuis longtemps si l'Ukraine avait reçu le soutien total de ses partenaires pour intercepter les drones et les missiles. La terreur doit être vaincue complètement et partout, pas plus dans certains endroits et moins dans d'autres", a déclaré M. Zelensky sur les médias sociaux.

Les affaires internationales ayant absorbé toute l'énergie mercredi, la question de la compétitivité économique sera abordée jeudi. Le débat s'appuiera sur un rapport détaillé rédigé par Enrico Letta, ancien premier ministre italien, qui présente des recommandations visant à approfondir et à renforcer le marché unique, en tenant compte de la concurrence des États-Unis et de la Chine.

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