Défense européenne : Macron ouvre le débat sur la dissuasion nucléaire au nom de l'UE

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe dans l'amphithéâtre de l'université de la Sorbonne, jeudi
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe dans l'amphithéâtre de l'université de la Sorbonne, jeudi Tous droits réservés Christophe Petit Tesson/AP
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Par Daniel Harper
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Cet article a été initialement publié en anglais

Le président français a mis la dissuasion nucléaire sur la table dans une interview publiée samedi soir. L'annonce d'Emmanuel Macron a été vivement critiquée en France.

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Alors que la guerre en Ukraine s'enlise obligeant les Européen à repenser leur logiciel de défense commune, Emmanuel Macron appelle à un débat "ouvert" sur les moyens de dissuasion nucléaires utilisés pour défendre l'UE, comme indiqué dans une interview publiée samedi soir par les médias régionaux du groupe de presse Ebra. 

La France "maintiendra sa spécificité, mais est prête à apporter une contribution accrue à la défense de l'Europe", a notamment déclaré Emmanuel Macron. Il s'agit de la dernière intervention du président français dans laquelle il a déjà souligné la nécessité d'une stratégie de défense dirigée par l'Europe.

Jeudi, lors d'un discours prononcé à l'université de la Sorbonne à Paris, Emmanuel Macron avait prévenu que l'Europe pourrait "mourir" si elle ne parvenait pas à construire une défense robuste. Il a également averti que l'Europe était confrontée à une menace existentielle posée par l'agression russe, ajoutant que "pour être crédible, il faut également posséder des missiles à longue portée pour dissuader les Russes".

Mais en France, l'annonce du président a été vivement dénoncée ce dimanche par les oppositions. 

"Un chef de l'État français ne devrait pas dire ça", s'est emporté François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains (LR) aux élections européennes. "Cette expression est d'une gravité exceptionnelle, parce que là, nous touchons au nerf même de la souveraineté française", a-t-il déclaré, tandis que le Rassemblement national (RN) et la France insoumise (LFI) ont multiplié les critiques.

Comme la droite, LFI a estimé dimanche, dans un communiqué de son groupe parlementaire, qu’Emmanuel Macron "vient de porter un nouveau coup à la crédibilité de la dissuasion nucléaire française". Celle-ci "ne se partage pas", a critiqué le député LFI Bastien Lachaud, spécialiste des questions de défense.

Le président du MoDem François Bayrou, allié d'Emmanuel Macron, a répondu que les intérêts vitaux de la France et de l'Europe pouvaient parfois se confondre. "Imaginez une menace mortelle contre l'Allemagne. Vous croyez que nous serions à l'abri ? Vous croyez que nos intérêts vitaux ne seraient pas engagés par une menace de cet ordre ?", s'est-il interrogé sur la chaîne LCI.

Pour l'eurodéputé RN Thierry Mariani, "Macron est en train de devenir un danger national". Et de se questionner : "après l'arme nucléaire, suivra le siège permanent de la France au conseil de sécurité de l'ONU qui sera, lui aussi, bradé à l'Union européenne", s'est-il insurgé. 

Seule la candidate écologiste aux européennes, Marie Toussaint, s'est montrée favorable à un "saut fédéral européen", estimant que cela signifiait le "partage de cette force qu'est l'arme française, donc le nucléaire aussi".

Depuis la sortie de l'UE du Royaume-Uni, la France est le seul pays de l'UE à disposer d'un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que puissance nucléaire.

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