L’oncle de Kim Jong-un dévoré par des chiens ou par la rumeur ?

L’oncle de Kim Jong-un dévoré par des chiens ou par la rumeur ?
Par Vincent Coste
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L’exécution de l’oncle de Kim Jong-un dévoré vivant par une centaine de chiens est sans doute l’un des premiers exemples d’emballement médiatique de ce début d’année. Retour sur les faits.

Dans un premier temps, l’information a été révélée le 12 décembre dernier par un journal de Hong Kong, le Wen Wei Po connu pour ses vues proches de Pékin. Puis, une dizaine de jours plus tard, un article, en anglais cette fois-ci, a été mis en ligne par The Straits Times, un quotidien basé à Singapour. Celui-ci, s’appuyant donc sur le Wen Wei Po, explique que Kim Jong-un aurait fait exécuter son oncle Jang Song Thaek en le livrant nu et attaché à une meute de 120 chiens affamés depuis trois jours et qui auraient mis une heure à dévorer l’ennemi de l’Etat et ses cinq co-accusés. Kim Jong-un aurait même convié au spectacle près de 300 dignitaires.

L’information s’est étrangement propagée la semaine dernière, soit plus de dix jours après la publication de l’article du journal de Singapour. Elle a été en effet reprise par de nombreux médias occidentaux, qui ont tous cité les mêmes sources.

Cette exécution particulièrement atroce n’a pas été confirmée par le pouvoir nord-coréen. Les médias officiels du pays, toujours prompts à alimenter la peur, n’ont également rien relaté. Seule l’annonce de l’exécution de Jan Song Thaek le 13 décembre, sans faire mention de la méthode utilisée, avait été annoncée.

Des doutes ont bien sûr étaient émis sur la véracité de cette exécution. Une bataille d’experts et de commentateurs commence à peine. Un historien bloggeur sur le site du Telegraph la qualifie même « d’un peu James Bond, d’un peu aquarium à requins dans un bunker souterrain ». Une centaine de chiens là où une douzaine aurait suffi, s’étonne-t-il à juste titre.

Kim Jong-un avait bien traité son oncle de « saleté » dans son discours de Nouvel An. Mais de là à imaginer un tel scénario…

Plusieurs points sont à prendre avec des pincettes dans cette affaire, selon un journaliste du Washington Post. La presse de Hong Kong est en effet réputée pour son sensationnalisme. Une récente enquête classe même le Wen Wei Po 19ème sur 21 journaux de la région administrative spéciale chinoise en matière de crédibilité.. Autre élément troublant soulevé par le Washington Post, ni la presse chinoise continentale, ni la presse sud-coréenne, n’ont repris cette information. Enfin, c’est l’essence même du régime de Pyongyang qui a pu donner du crédit à cette rumeur. La Corée du Nord, le pays le plus fermé du monde, échappe à toute réalité. Les exactions de ses dirigeants sont légions, tout comme les menaces proférées par ce pays à l’adresse du monde.

Ainsi pour de nombreux rédacteurs et lecteurs, cette exécution par « chiens affamés » est du domaine du probable. Mais, sans source fiable, cette mise à mort n’est que pure spéculation.

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