L'inculpation de l'infante "montre que tout le monde est égal devant la loi"

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Par Euronews
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Le nouvel an commence avec les traditionnels vœux du roi d’Espagne aux armées. C‘était la première cérémonie officielle pour le monarque depuis son opération de la hanche le 21 novembre. Juan Carlos, qui a fêté ses 76 ans dimanche, est apparu fatigué. Il a eu du mal à finir son discours.

C’est une année noire qui commence pour la couronne espagnole. La popularité du roi est au plus bas : 62% des Espagnols souhaitent qu’il abdique, à peine un sur deux soutiennent la monarchie.

L’inculpation de la fille cadette du roi, Cristina de Bourbon, pour fraude fiscale et blanchiment de capitaux, ne fait que prolonger “le martyre” de la famille royale, selon les termes du chef de la Maison du Roi, Rafael Spottorno.

Car c’est bien la deuxième fois que le juge José Castro la cite à comparaître. En avril 2013, il l’avait mis en examen une première fois. Mais cette décision avait été annulée suite à un recours du procureur anti-corruption, Pedro Horrach devant le Tribunal de Palma de Majorque.

Les ennuis de Cristina ont commencé avec l’enquête pour corruption ouverte contre son mari, Iñaki Urdangarín. L’ancien champion olympique de handball, est soupçonné d’avoir détourné plus de 6 millions d’euros d’argent public avec son ancien associé, Diego Torres. L’argent serait passé par l’institut Noos, qu’Iñaki présidait, et par la société Aizoon soupçonnée de servir de société écran dans les détournements.

À Palma de Majorque, le journaliste Andreu Manresa a suivi de près l’enquête depuis son ouverture en 2010. “L’Infante Cristina est co-propriétaire de la société Aizoon, dans laquelle son mari, Iñaki Urdangarín, a personnellement procédé aux encaissements et paiements pour lesquels il est accusé de trois délits fiscaux” explique-t-il.

C’est là-dessus que le juge Castro, magistrat obstiné et réputé intègre, veut entendre Cristina de Bourbon. Depuis neuf mois, il a retracé et reconstitué la vie financière et fiscale de l’Infante. Il dit avoir des indices objectifs de délits.

Pour mieux comprendre les répercussions de ce nouveau scandale royal, nous avons joint à Madrid Fernando Vallespin, analyste politique.

- “M. Vallespin, la décision du juge d’inculper la princesse signifie-t-il que tout le monde est égal devant la loi, même la famille royale ? Le parquet espagnol a tout fait pour empêcher l’inculpation de la princesse…”

-“Oui, je pense que cela montre que tout le monde est égal devant la loi. Il n’y a aucun doute sur le fait que le parquet ne se serait jamais autant impliqué pour un citoyen normal.
Mais il faut aussi comprendre que le bureau du procureur doit agir avec plus de prudence à cause du prestige de la personne mise en cause dans cette affaire.
Le juge, lui-même, a montré une autonomie incroyable dans cette situation.
je pense qu’il est important que l’opinion publique puisse avoir toutes les cartes sur la table. La population espagnole, ainsi que la famille royale, suivent cette affaire avec attention et il est important qu’il y ait de la transparence à chacune de ses étapes”.

- “La famille royale a dit qu’elle vivait un véritable martyr. Comment pensez-vous que tout cela va affecter le roi, dont l’image est déjà très dégradée, avec une santé vacillante, le scandale de son safari et les rumeurs de son infidélité ?”

- “Il s’agit du plus grand scandale royal pour plusieurs raisons, principalement parce qu’il attaque les fondations de la légitimité de l’institution et parce qu’il érode l’idée que cette figure ne puisse pas mal se comporter.
La famille royale espère un verdict final rapidement pour qu’elle puisse tourner la page, car elle est en train d‘être grignotée par ce scandale petit à petit, comme d’autres institutions espagnoles par ailleurs…”

- “Le futur de la monarchie espagnole semble incertain. À votre avis comment la famille royale peut-elle se sortir de cette période avec dignité et sans perdre encore plus de prestige ?

- “Si nous avons un verdict clair et transparent et que nous voyons une décision du juge qui ne contienne pas de privilège. Cela montrera au public que la famille royale est soumise aux mêmes lois que lui et cela réparera en partie les dommages. Mais ce qui inquiète aussi le public, c’est de savoir si le roi peut encore remplir tous ses devoirs constitutionnels”.

- “Pensez-vous qu’il va penser à abdiquer ?

- “Je pense que c’est peu probable et personnellement, je pense que ce ne serait pas sage pour plusieurs raisons, dont celle de la menace de l’indépendance de la Catalogne. Tôt au tard la constitution va devoir être réformée. Avant la fin de ce processus, abdiquer ne serait pas une sage décision, en tout cas si sa santé lui permet de rester sur le trône”.

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