EBOLA: de la réalité à la paranoïa

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Par Euronews
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Video : entretien avec Sylvain Baize, chef de Centre d‘étude des fièvres hémorragiques de l’Institut Pasteur de Lyon. Entretien réalisé par Fabien Farge.

Le risque de pandémie est quasi nul affirme Sylvain Baize, de l’Institut Pasteur. Pourtant, dans les médias, l’heure est à la peur.

Une peur pas encore généralisée, certes, mais grandissante si l’on en croit les médias occidentaux qui, de part et d’autre de l’Atlantique, à grand renfort de Unes et de reportages aussi anxiogènes que sensationnalistes, forcent l’inquiétude face à la menace du virus dont le nom fait désormais trembler. Et la France n‘échappe pas à la vague d’effroi. « Ebola: la France est-elle parée pour faire face au virus ? » s'interroge l'Express , Le Point se demande s’il faut craindre une propagation mondiale et le Nouvel Observateur affirme que « le virus Ebola pourrait se propager comme un feu de forêt ». Nos journaux télévisés ne sont pas en reste, avec pour exemple le sujet diffusé dans le journal de 8h ce mercredi 6 août sur France 2, dont la conclusion était : « un virus mortel dans 80 à 90% des cas ». Pas un mot sur le mode de propagation du virus. C’est pourtant là l’essentiel. Oui, ce virus une fois contracté tue dans une large majorité des cas. Et à ce jour, si l’on excepte le traitement expérimental administré à deux américains contaminés par Ebola et dont on ne connaît pas encore les effets, il n’existe aucun remède efficace. Le virus est certes un virus tueur, mais son mode de propagation en limite considérablement les risques.

Mortel, mais peu contagieux sans contact direct

Prenons par exemple la grippe. Un virus que nous connaissons bien, voire même personnellement quand revient l’hiver. Sa propagation par voie aérienne en fait un virus terriblement contagieux. Le simple fait de respirer nous y expose. Ce qui n’est absolument pas le cas du virus qui fait aujourd’hui trembler la planète. Ebola ne se transmet par par voie aérienne, mais par les fluides corporels. Il faut donc un contact direct avec un malade infecté pour être à son tour contaminé.

Le virus Ebola est apparu pour la première fois en 1976, lors de deux flambées simultanées à Nzara au Soudan et à Yambuku en République démocratique du Congo. Yambuku étant situé près de la rivière Ebola , c’est de là qu’est venu le nom de la maladie. Les scientifiques pensent que des chauves-souris frugivores de la famille des ptéropidés, présentes dans la région, sont les hôtes naturels du virus. Ebola s’introduit dans la population humaine après un contact étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés. En Afrique, l’infection a été constatée après la manipulation d’animaux retrouvés malades ou morts dans la forêt tropicale. La transmission inter-humaine se fait de la même façon, à la suite de contacts directs, lors notamment des soins aux malades lorsque des règles strictes de protection ne sont pas observées par le personnel soignant. Ou encore lors des rites funéraires, lorsque les proches du défunt sont en contact direct avec la dépouille.
La durée d’incubation du virus varie de 2 à 21 jours. Ses premiers symptômes sont une fièvre brutale, une intense faiblesse, des céphalées et une irritation de la gorge. Suivent vomissements, diarrhée, éruption cutanée, insuffisance rénale et hépatique et dans les cas les plus extrêmes, hémorragies internes et externes.

Un risque d‘épidémie quasi nul en dehors des zones africaines contaminées

Tous ces symptômes, et surtout leur conséquence à savoir la mort quasi certaine, font effectivement peur. Mais en pratique, dans les pays développés ayant la chance de posséder des services médicaux efficaces, informés, et surtout respectant des règles d’hygiène strictes, le risque d‘épidémie à grande échelle, voire plus simplement de contamination sporadique, est quasi nul selon Sylvain Baize, chef du Centre d‘étude des fièvres hémorragiques de l’Institut Pasteur, à Lyon. C’est son équipe qui a d’ailleurs diagnostiqué le virus, dès le début de l‘épidémie qui frappe l’Afrique. Interrogé par notre journaliste Fabien Farge, ce spécialiste affirme qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure : « le virus Ebola n’a absolument pas de potentiel pandémique. Le risque de transmission à des pays assez lointains de la zone d‘épidémie est très limité. En revanche je suis plus inquiet pour les pays limitrophes des pays touchés actuellement. »
L’Organisation Mondiale pour la Santé et les différences services nationaux impliqués dans la lutte contre les virus mortels prennent l’affaire Ebola au sérieux, mais au contraire de nos médias, eux gardent la tête froide. Sachons donc écouter les spécialistes compétents et ne pas céder à la panique par manque d’information.

Stéphane Parizot
Rédacteur en chef adjoint

Sources:
CNRS
OMS

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