La Roumanie, futur carrefour énergétique de l'Europe ?

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Par Euronews
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La découverte de nouveaux gisements d'hydrocarbures en Mer Noire, au large des côtes roumaines, pourrait bien redéfinir la problématique de la sécurité énergétique en Europe. Une opportunité

Et si la Roumanie faisait son grand retour sur la carte des hydrocarbures ? En 2012, les explorateurs de la compagnie pétrolière OMV Petrom ont mis au jour un énorme gisement gazier en eaux profondes au large des côtes roumaines, en Mer Noire.Cet été, la chance leur a de nouveau souri avec le repérage d’une nappe de pétrole plus proche des côtes, la plus importante découverte en Roumanie depuis dix ans.

L’exploitation de cet or noir providentiel pourrait redessiner la carte énergétique européenne. Mariana Gheorghe, PDG d’OMV Petrom en est convaincue : “ j’ai ici un échantillon de brut tiré du puits Marina-1 qui nous redonne confiance quant au potentiel de la Mer Noire pour l’Europe. Qui plus est, nous espérons qu’en découvrant et en exploitant le gaz de la Mer Noire, la Roumanie s‘émancipera des importations gazières. Et au-delà, si les quantités d’hydrocarbures découvertes s’avèrent plus importantes, ces découvertes pourraient couvrir une partie des besoins européens. “

L’Ukraine voisine nourrissait elle aussi l’espoir de découvrir de nouveaux gisements d’hydrocarbures offshore, mais l’annexion de la Crimée par la Russie en mars dernier a mis fin au rêve.

Une alternative au gaz russe

La Roumanie produit la grande majorité du gaz qu’elle consomme et en importe moins de 20 % de Russie. Alors que la fiabilité du partenaire russe est chaque jour davantage remise en question, les nouveaux gisements offshores pourraient bien s’avérer vitaux.Pour le professeur Silviu Negut, un des plus éminents experts roumain en géopolitique, la Roumanie a vocation à devenir le carrefour énergétique de l’Union européenne. Reste un obstacle à surmonter : “ l’action agressive de la Russie pour contrôler toute l‘énergie dans la région de la mer noire… Je crois que l’Union Européenne doit réagir comme un bloc régional uni. C’est ça la solution, rien d’autre.”

La Russie a abandonné son projet de gazoduc sous la Mer Noire, le fameux South stream. Bruxelles relativise en rappelant que ce projet ne respectait pas les règles européennes – Gazprom ne voulait pas accorder d’accès au gazoduc aux autres fournisseurs. L’UE soutient un tracé de gazoduc alternatif via la Turquie pour garantir l’approvisionnement de l’Europe centrale et de l’est. L’Union veut aussi intensifier le trafic de méthaniers en Mer Noire, entre la Géorgie et la Roumanie.

La Roumanie doit encore améliorer et finaliser la connexion de son réseau de gazoducs avec ceux de Bulgarie, de Hongrie et de Moldavie. La Commission européenne insiste sur la nécessité de se doter de gazoducs à double sens pour protéger l’Europe des caprices de la Russie. Si Moscou fermait les robinets aujourd’hui, la Roumanie ne pourrait alimenter ses voisins qu’en petite quantité. Son réseau n’est pas encore totalement équipé de systèmes d’inversement des flux et les connexions transnationales se heurtent encore à des différences de normes et à des obstacles politiques.

La Roumanie est un des premiers pays d’Europe où du pétrole brut a été trouvé et exploité à grande échelle. Les premiers forages commerciaux remontent à 1857. 90 % des puits de pétrole roumains sont dits matures. Leur production diminue de 10 % par an. Les 700 millions de barils de réserves prouvées leur garantissent 10 ans de vie supplémentaire. Mais leur longévité pourrait être accrue par l’utilisation de techniques nouvelles comme l’injection de vapeur.

Révolution verte

Autre façon d’assurer l’indépendance énergétique du pays : réduire la consommation d‘énergie. La Roumanie y travaille d’arrache-pied. Dans la capitale, Bucarest, les immeubles de l‘ère Ceaucescu font l’objet d’un vaste programme de rénovation et d’isolation principalement financé par des fonds européens. Objectif : diminuer de moitié la consommation de gaz et réduire les émissions de CO2.

Car la Roumanie vit aussi une révolution verte éclair grâce à des investissements massifs dans l‘éolien et les biogaz. Bucarest l’a bien compris : seule une transition de l’or noir vers l’or vert garantira la sécurité énergétique du pays sur le long terme.

Mariana Gheorghe, PDG de OMV Petrom : le grand retour de la Mer Noire sur la carte des hydrocarbures

Cliquez sur ce lien pour écouter l’interview intégrale en anglais de Mariana Gheorghe, PDG de OMV Petrom. Elle nous fait partager son point de vue sur les conséquences des récentes découvertes de gisements de pétrole et de gaz offshore en Mer Noire, nous explique les choix d’investissement, l’impact de la baisse des cours du brut et le développement de la diversité énergétique en Roumanie.

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