La grande question au procès du Carlton : DSK est-il un proxénète ?

La grande question au procès du Carlton : DSK est-il un proxénète ?
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Par Joël Chatreau
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D’hôtel en hôtel, du Sofitel de New York au Carlton de Lille, Dominique Strauss-Kahn repasse par la case procès. L’ancien ministre socialiste et ex-directeur général du Fonds monétaire international avait fait une courte apparition à la barre du tribunal correctionnel de Lille le 2 février dernier, mais cette fois il doit rester dans le box des accusés pendant deux jours et demi. Poursuivi pour proxénétisme aggravé, il est en quelque sorte la “plus grosse attraction” de ce procès. Les militantes féministes du mouvement Femen se s’y sont pas trompées : trois d’entre elles, avec seulement leurs seins nus comme armes, se sont jetées sur la voiture de DSK à son arrivée au tribunal mardi 10 février. Elles n’ont eu le temps que de crier “Macs, clients déclarés coupables !” avant d‘être emmenées par des policiers.

Puis Dominique Strauss-Kahn a été le premier à s’asseoir dans la salle d’audience. Parmi les 13 autres prévenus, il se trouve notamment aux côtés de ses amis du Nord de la France, à qui les juges s’intéressent de près. Le petit cercle de libertins est composé de David Roquet, un ancien directeur d’une filiale du groupe de BTP Eiffage, Fabrice Paszkowski, un entrepreneur dans le secteur médical, et Jean-Christophe Lagarde, un policier. L’accusation convient que DSK n’a sans doute jamais eu à payer l’une des prostituées recrutées par le groupe pour “animer” de chaudes soirées organisées à Lille, à Paris et même à Washington. Il s’agissait de faire plaisir au “roi de la fête”, mais pour l’accusation, il est impossible que DSK n’ait pas su que les participantes n‘étaient pas des femmes libertines mais bien des “escort girls” qui se prostituaient. Le prévenu a pourtant nié de nouveau ce mardi devant la Cour, et il a contesté “l’activité débridée” sous-entendue, selon lui, dans l’ordonnance de renvoi : “Quatre rencontres par an pendant deux ans”, a-t-il tenu à préciser.

Un démêlé judiciaire de plus avec les femmes

C’est tout l’enjeu de ce procès : est-ce que la ligne de défense, qui affirme que DSK est un adepte du libertinage et non de la prostitution, va tenir ? “C’est vraiment nous faire croire qu’il est naïf”, avait déjà lancé l’une des prostituées amenée à témoigner, qui se fait appeler Jade. D’autres de ses collègues avaient décrit les soirées comme de “l’abattage”, de la “pure consommation sexuelle”, rien à voir avec des rendez-vous libertins. Au cours de l’audience, le brillant économiste, désormais conférencier international, a commencé à se confronter à la dure réalité que vivent ou vivaient ces femmes. Une certaine Mounia a qualifié de “brutal mais consenti” un rapport sexuel avec lui dans un hôtel chic de Paris. “C’est son sourire qui m’a marqué du début à la fin, a-t-elle ajouté, il avait l’air content de ce qu’il faisait”.

Quel que soit la conclusion des confrontations, ce n’est pas le premier démêlé avec les femmes qu’a le prévenu face à la justice, et cela risque de ne pas être le dernier…Fin 2008, Piroska Nagy, une Hongroise ex-membre du FMI, avait fait savoir que Dominique Strauss-Kahn l’avait harcelée. Ce dernier, alors en poste comme directeur général, avait dû présenter des excuses publiques au personnel de l’institution et à son épouse, la journaliste Anne Sinclair. Puis, en mai 2011, un coup de tonnerre allait retentir à New York : une femme de chambre de l’hôtel Sofitel, Nafissatou Diallo, accuse DSK de viol. L’affaire se termine par un accord financier resté secret, mais l’homme politique voit son destin prometteur de favori à l‘élection présidentielle française exploser en plein vol. L’avocat de la jeune Américaine n’a pas caché sa satisfaction que l’ancien patron du FMI doive “rendre des comptes” devant la justice française. Agé de 65 ans, Dominique Strauss-Kahn encourt jusqu‘à dix ans de prison et un million et demi d’euros d’amende.

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