La France bientôt prête à légiférer sur la maigreur des mannequins ?

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Par Euronews
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Olivier Véran, le député PS de l’Isère mais également neurologue au CHU de Grenoble, a déposé lundi à l’Assemblée nationale deux amendements au projet de loi santé de Marisol Touraine interdisant le recours aux mannequins dénutris et l’apologie de l’anorexie.

Le premier amendement propose d’interdire aux agences de mannequinat le recours à des jeunes femmes présentant un état de dénutrition qui les mettrait en danger. Selon le député, cet état d’ « extrême maigreur » s’évalue sur l’Indice de Masse Corporelle (IMC), calculé « en divisant le poids par la taille élevée au carré ».

“En France, on considère que l’on est maigre en dessous de 18,5. L’OMS retient un indice en dessous de 18 pour commencer à parler de dénutrition. En dessous de 17, c’est une dénutrition sévère. En dessous de 16, c’est considéré comme un état de famine”, a expliqué Olivier Véran.

L’auteur des amendements suggère la modification du code de travail de façon à ce que l’on puisse exiger des agences de disposer pour chaque mannequin d’un certificat médical prouvant que son IMC est supérieur à une valeur donnée. Le texte prévoit une peine de six mois d’emprisonnement ainsi que 75 000 euros d’amende pour les agences qui ne respecteraient pas cette réglementation.

Le deuxième amendement, déposé conjointement avec la délégation aux droits des femmes, propose de créer un “délit de valorisation de maigreur excessive” et vise à interdire les sites internet qui font “l’apologie de l’anorexie”. Sur ces sites « pro-ana », le fameux « thigh gap » (ou l’écart entre les cuisses quand on se tient debout) de 15 cm est érigé au rang de critère de beauté de première importance, alors que, selon le député, en France “entre 30 et 40 000 personnes” souffrent d’anorexie mentale. “Ce sont des adolescents dans 90% des cas. L’impact social de cette image que véhicule la mode, où des femmes doivent être maigres à un niveau pathologique pour être belles et défiler, est très fort”, déplore-t-il.

C’est Israël qui fut le premier pays à voter une loi visant à interdire aux mannequins trop maigres de défiler et d’apparaître dans les médias. Cette mesure qui visait également à lutter contre l’anorexie est entrée en vigueur le 1er janvier 2013.

Depuis septembre 2006, l’Espagne interdit aux mannequins ayant un IMC inférieur à 18, c’est-à-dire pesant moins de 55 kg pour 1,75 m, de défiler.

En Italie, un «Code éthique» contre l’anorexie interdit depuis 2007 aux tops de moins de 16 ans de défiler et impose à toutes un contrôle médical pour s’assurer que le ratio taille-poids est respecté.

Les pays comme la Belgique et le Chili ont également pris des dispositions législatives ou réglementaires.

L’adoption d’une telle loin en France, qui reste une grande référence dans le domaine, pourrait changer la tendance en obligeant les agences internationales de mannequinat à s’adapter.

En attendant, le Syndicat National des Agences de Mannequins (Synam) représentant “une quarantaine d’agences” a émis des réserves vis-à-vis des amendements de M. Véran en fustigeant leur caractère uniquement franco-français.

“Les agences de mannequins françaises sont en permanence en concurrence avec leurs homologues européens. En conséquence, une approche européenne est indispensable”, a-t-il souligné dans un communiqué.

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