Législatives espagnoles : vers un nouveau casse-tête ?

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Par Euronews
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Six mois après les élections législatives, les Espagnols retournent aux urnes ce dimanche. Mais, le scrutin devrait déboucher sur un Parlement aussi fragmenté.

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Six mois après les élections législatives, les Espagnols retournent aux urnes ce dimanche. Mais, le scrutin devrait déboucher sur un Parlement aussi fragmenté. Aucun parti ne sera en mesure de gouverner seul, selon les sondages. Les principaux candidats assurent toutefois qu’il n’y aura pas de troisième scrutin.

Le Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy est en tête des intentions de vote, mais il devrait encore être très loin de la majorité absolue. Le Premier ministre sortant propose une grande coalition, mais il manque cruellement d’alliés, après avoir été éclaboussé par les affaires de corruption. Dernier exemple en date : son ministre de l’Intérieur accusé d’avoir manipulé la justice pour discréditer les indépendantistes catalans.

Désormais deuxième dans les sondages, la coalition “Unidos Podemos”, qui rassemble des communistes, des indépendantistes et Podemos, le parti anti-austérité dirigé par Pablo Iglesias. Ce professeur de sciences politiques se présente comme la seule alternative à Mariano Rajoy. Pour gouverner, il demande le soutien du PSOE, troisième des sondages.

Un scénario que n’envisage pas Pedro Sánchez, le leader des socialistes, qui avait échoué, en mars, à rassembler une majorité au Parlement, Podemos et les conservateurs du Parti populaire ayant voté contre son investiture.Pedro Sánchez a promis de ne pas mettre son veto à une “force de changement”, mais il refuse le référendum d’autodétermination pour la Catalogne, promis par le parti de Pablo Iglesias.

En quatrième place des intentions de vote, le parti libéral Ciudadanos, qui avait formé un pacte de gouvernement avec les socialistes, avant que cette coalition n‘échoue au Parlement. Son leader, Albert Rivera, se dit favorable à une alliance avec les socialistes du PSOE et le Parti Populaire, à condition que Mariano Rajoy ne soit pas à la tête du gouvernement.

Interview de Lluis Orriols, professeur en sciences politiques

Euronews a interrogé le professeur de sciences politiques Lluis Orriols, pour lui demander quels étaient ses pronostics pour ce scrutin.

Isidro Murga, euronews :“Pour parler des élections législatives qui se déroulent dimanche en Espagne, Lluis Orriols, professeur à l’université Carlos III de Madrid et docteur en sciences politiques à l’université d’Oxford, nous a rejoint. Monsieur Orriols, merci d‘être avec nous.

Les élections de décembre ont marqué la fin de plusieurs décennies de bipartisme, mais elles n’ont pas permis la formation d’un gouvernement. Six mois plus tard, cette situation pourrait-elle se répéter ou le paysage politique espagnol s’est-il clarifié ?”

Lluis Orriols : “Si les pronostics se vérifient, on restera sans majorité de gauche, une majorité de gauche qui dépendrait des voix des nationalistes, et on n’aura pas non plus une majorité de droite. Donc, nous sommes dans un scénario de gestion difficile. C’est vrai que c’est un scénario plus facile que le précédent, dans le sens où l’un des pactes possibles à ce moment-là n’existe plus : celui du gouvernement du changement, un gouvernement mené par les socialistes, avec les nouveaux partis, Ciudadanos et Podemos. Donc, on aura soit une grande coalition, soit un gouvernement de gauche avec les nationalistes”

euronews :“Les sondages prédisent une victoire sans majorité du PP, ce qui lui rendra la tâche difficile pour former un gouvernement”

Lluis Orriols : “Le PP va bénéficier d’un scénario plus gérable parce que si c’est vrai qu’il n’aura pas une majorité parlementaire suffisante, de même que Ciudadanos, il est aussi possible qu’il se passe quelque chose qui était difficile en décembre, à savoir une grande coalition ou au moins un pacte entre PP et PSOE, pour que le PP puisse gouverner. Il est vrai qu’hier un nouveau scandale a fait surface, qui, dans l’ensemble de la campagne, est peut-être l‘élément le plus déstabilisateur, mais je ne pense pas que ça va changer beaucoup les résultats de dimanche. C’est compliqué pour le PP, mais pas plus qu’en décembre”

euronews : “Quel serait le prix à payer par le PP s’il faisait un pacte avec les autres partis ?”

Lluis Orriols : “Je crois que c’est précisément l’une des grande inconnues d’après les élections, savoir si le PP est disposé par exemple à renoncer à son candidat pour faciliter une alliance avec le Parti socialiste. C’est sans aucun doute une inconnue, savoir quelles sont les limites de négociation du PP”

euronews : “Quelles autres options sont sur la table ?”

Lluis Orriols : “Il y a essentiellement deux options. Il y a le pacte PP – PSOE, soit une sorte de grande coalition, soit une coalition de gauche, qui pour l’instant semble avoir besoin du soutien de partis nationalistes. En cela, c’est compliqué pour deux raisons. Premièrement, parce que quelques-uns des nationalistes qui devaient entrer dans cette arithmétique parlementaire sont des partis qui prônent la rupture avec l’Espagne, et ça, c’est difficile à digérer pour les socialistes et le deuxième, c’est que Podemos devance les socialistes, et ça, ça pourrait casser le pacte”

euronews : “En plus du chômage, de la corruption, ou des tensions indépendantistes, le prochain gouvernement devra faire face aux nouvelles mesures d’austérité qu’exige Bruxelles. Est-il possible que se répète en Espagne ce qui est arrivé en Grèce avec Syriza ?”

Lluis Orriols : “Oui, effectivement, la Grèce depuis des années est un miroir pour les Espagnols, parce que ce qui s’est passé en Grèce, se passe en partie ici plus tard, des mois ou des années après. C’est très possible qu’un nouveau gouvernement combattif envers l’Union européenne doive en accepter les règles, au moins à court terme. Un jour, peut-être, d’autres gouvernements seront contre l’Union européenne et finiront par former une majorité au sein de l’Union, mais ça ne va pas arriver au moins à court terme, donc c’est très probable que les promesses électorales tombent aux oubliettes à cause des injonctions de l’Union européenne”

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