Offensive sur Mossoul : des enjeux complexes

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Par Sophie Desjardin
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En juin 2014, Mossoul, deuxième ville d’Irak après Bagdad, à la population d’une étonnante hétérogénéité, tombe aux mains de Daesh.

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En juin 2014, Mossoul, deuxième ville d’Irak après Bagdad, à la population d’une étonnante hétérogénéité, tombe aux mains de Daesh. La ville, outre sa taille est aussi un enjeu pétrolier, commercial. C’est ici, dans l’ancien fief de Saddam Hussein, puis place forte d’Al Qaeda, que l’Etat Islamique, par la voix d’Abu Bakr Al Baghdadi, décide de proclamer son califat. Il s’appellera Etat islamique en Irak et au Levant. Mossoul, tombée en quelques jours, devient la capitale de Daesh en Irak. Et évidemment pour le groupe jihadiste, perdre Mossoul aurait une portée symbolique dévastatrice.

La ville est à la croisée de multiples intérêts, à l’image des nombreux acteurs qui participent en ce moment à la bataille pour sa libération. Si la chute de Daesh est décisive, la suite, l’après-bataille le sera plus encore pour l’avenir d’un pays déjà en proie à des divisions sévères. Et chaque acteur ici – troupes irakiennes, tribus sunnites soutenues par la Turquie, peshmergas et Occidentaux – y jouent une partie d‘échec.

Voici les forces en présence à ce jour.
La ville est aux mains de Daesh, et encerclée par les peshmergas kurdes et les troupes irakiennes. Mais dans le détail, les 4 500 hommes de Daesh font face à une coalition hétéroclite de 50 000 soldats dont, outre les forces irakiennes et les Kurdes, des milices chiites soutenues par l’Iran, des Turcs, ainsi que 5 000 Américains et 500 Français.

Pour le gouvernement irakien, l’enjeu n’est pas seulement de reprendre Mossoul aux jihadistes, mais de convaincre les sunnites présents qu’ils ne risquent rien. Mossoul, le Premier ministre le sait, sera un test. :

“Si Dieu le veut, nous serons bientôt unis sur le territoire de Mossoul pour fêter sa libération. Nous allons construire une province ou toutes les religions seront réunies”, déclarait Haider Al-Abadi, au premier jour de l’offensive.

Les milices chiites ont reçu l’ordre de ne pas entrer dans la ville pour éviter abus et débordements. Mais le gouvernement irakien, en cas de victoire, saura-t-il ramener dans le giron de la nation les Sunnites qui s’estiment aujourd’hui persécutés ?

Pour les peshmergas, en première ligne dans la guerre contre Daesh depuis le début, Mossoul et ses champs pétroliers sont tout proches du Kurdistan irakien, dont ils souhaiteraient l’extension. Precisément ce que veut éviter

Recep Tayyip Erdogan qui considère encore Mossoul comme un bastion historique turc.

“Nous voulons être présents partout ou il le faut pour protéger notre liberté et notre futur. Cet endroit, en ce moment, c’est Mossoul, c’est pourquoi nous serons à Mossoul”, assure le chef d’Etat turc.

L’offensive va peut-être durer des mois. Un million de personnes pourraient être chassées de chez elles.

Les autorités irakiennes, comme Washington, reconnaissent qu’il n’existe pour le moment aucun plan pour l’après-Daech à Mossoul.

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