Référendum en Italie : le camp du 'non'

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Par Euronews
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Entretien avec Valerio Onida, constitutionnaliste et ancien président de la Cour constitutionnelle italienne.

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Pour mieux comprendre la réforme constitutionnelle en Italie, Cecilia Cacciotto s’est entretenu avec Valerio Onida, constitutionnaliste et ancien président de la Cour constitutionnelle italienne.
Il défend le camp du ‘non’.

Pourquoi les Italiens devraient voter ‘non’ selon vous ?

Valerio Onida :

“C’est une réforme qui ne promet pas d’améliorer les fonctionnements des institutions, et elle a été simplement approuvée par les parlementaires issus de la majorité gouvernementale, alors que c’est une chose qui est susceptible d’affaiblir le sens de la Constitution qui, elle, constitue un terrain d’unité.”

Le camp du oui dit que les gens qui sont contre la réforme ne veulent jamais rien changer en Italie. Qu’en dites-vous ?

Valerio Onida :

“Dire qu’il faut changer pour changer, c’est un argument faible, il faut savoir ce qu’on va changer, comment, et dans quelle direction va ce changement.
Il ne s’agit pas simplement d’hostilité au changement, le terrain constitutionnel est un terrain fragile et le changement doit être prudent, il doit être fait de manière très attentive.”

Vous en avez appelé à la justice pour dénoncer la formulation même de la question du référendum trop simpliste par rapport à l’ampleur de la réforme, ce qui limitait la liberté de vote selon vous. Cela a été rejeté, vous êtes vous tromper ?

Valerio Onida :

“Selon les juges, oui, Valerio Onida a tort. Mais c’est quoi le vrai problème ?
On a soulevé effectivement un problème : la question du référendum exige de répondre avec un ‘oui’ ou un ‘non’ à une loi, qui contient de nombreux points différents, et cela crée une situation qui porte atteinte à la liberté des électeurs, un vote qui n’est pas libre.
Et c’est pour cela que j’avais demandé l’avis de la Cour constitutionnelle. Les juges, jusqu‘à présent, ont refusé de consulter la cour constitutionnelle.”

La réforme modifie de nombreux articles de la Constitution, notamment sur les gouvernements régionaux et locaux, leur pouvoir législatif se verrait réduit. Est-ce vraiment nécessaire ? L’Italie centraliserait-elle le pouvoir ?

Valerio Onida :

“C’est la pire partie de la réforme parce qu’elle adopte une tendance très centralisatrice, finalement elle supprime l’autonomie législative des Régions.”

Vous dénoncez le fait que le gouvernement prenne trop de pouvoir avec cette réforme. Le camp du ‘oui’ pourtant dit que dans toute l’Europe, malgré des différences, les gouvernements sont élus pour être stables avec un fort soutien. Pourquoi devrions-nous avoir peur de cela en Italie ?

Valerio Onida :

“Il faut distinguer les gouvernements qui ont une large majorité, des gouvernements qui se basent sur la personnalité et qui sont donc une sorte d‘élection directe du chef du gouvernement.
Le gouvernement allemand, qui semble tout à fait stable et fort, est un gouvernement de coalition entre différents partis : je crois que cela serait la meilleure forme de gouvernement pour l’Italie en ce moment. Par contre, la réforme, couplée avec la récente loi électorale, amènera une minorité à prendre la majorité au parlement et ça, ce n’est pas bon.”

Si le non l’emporte, que se passera-t-il en Italie ? Et au niveau européen ? Le référendum ayant eu un écho sur la scène internationale.

Valerio Onida :

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“En Italie, rien ne va se passer, il n’y aura pas de catastrophe et je ne vois pas pourquoi il devrait arriver quelque chose en Europe, l’Europe nous regarde, mais le résultat de cette réforme n’aura aucun impact sur la position internationale ou européenne de l’Italie.

Je le répète, rien ne va se passer si le non passe, les politiciens doivent continuer à faire leur travail, c’est la politique plutôt qui doit répondre aux questions posées à l’Italie par la communauté internationale et l’Europe.”

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