Tout savoir sur les élections allemandes

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Par Alexandra Leistner
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Qu'est-ce que les mandats supplémentaires ? Pourquoi les Allemands ont-ils deux voix ? Nous vous expliquons tout sur les élections parlementaires en Allemagne.

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Savez-vous que les Allemands s’expriment deux fois lors du vote pour leurs élections parlementaires ? Et savez-vous que le nombre de sièges au Parlement peut varier ? Quels sont les partis les plus insolites et pour quoi font-ils campagne ? Nous vous expliquons tout.

Quel jour le vote se tient-il ?
Les électeurs allemands votent pour élire le 19ème Bundestag, le Parlement allemand, dimanche 24 septembre.

A quelle heure les bureaux de vote ouvrent-ils ?
Les bureaux de vote sont ouverts de 8h à 18h.

Qui peut voter ?
Environ 61,5 millions d’Allemands ont le droit de vote, dont 29,9 millions d’hommes, 31,7 millions de femmes et 3 millions d‘électeurs qui votent pour la première fois.
Selon les chiffres officiels, il y a 400 000 votants de moins qu’en 2013, lors des dernières élections.

Le vote n’est pas obligatoire.

Les électeurs votent dans leur ville de résidence. La municipalité envoie un courrier à chaque électeur avec une invitation à venir voter. Leur bureau de vote est indiqué dans le courrier.

Depuis six semaines, environ deux fois plus d’Allemands vivant à l‘étranger se sont enregistrés pour voter par rapport à 2013.

Pourquoi les Allemands s’expriment-ils deux fois lors de ce vote ?
Sur leur bulletin de vote, les électeurs pourront cocher deux cases : – “Erststimme” ou premier vote. Le premier vote permet aux électeurs de choisir leur candidat pour leur circonscription. L’Allemagne est découpée en 299 circonscriptions. Le candidat avec le plus de voix dans une circonscription obtient automatiquement le siège au parlement, c’est un scrutin à un tour majoritaire. 299 députés sont donc élus par les circonscriptions et envoyés à Berlin. C’est le seul moyen pour un candidat indépendant de parvenir à entrer au Bundestag. Une circonscription représente environ 250 000 électeurs. – “Zweitstimme” ou second vote. Même si le nom pourrait donner l’impression qu’il s’agit d’un second choix, le “Zweitstimme” est le vote le plus important des deux. Avec cette seconde case à cocher, les électeurs votent pour un parti. Les candidats des partis pour le Bundestag sont regroupés sur une liste régionale. Dans ce scrutin proportionnel, chaque parti obtient alors un nombre de sièges au Bundestag proportionnel au nombre de voix obtenues dans le “Zweitstimme”; par exemple, 40% de voix équivaut à 40% des sièges.

Le panachage
Il est possible de voter pour un candidat d’un parti dans le premier vote et pour celui d’un autre parti dans le second vote.

Particularité à noter : si le candidat élu dans le premier vote est un candidat indépendant, alors le second vote n’est pas comptabilisé. Cette règle a été conçue afin d‘éviter une double influence sur la composition du Bundestag.

Les mystérieux mandats supplémentaires
Le Parlement allemand compte un total de 598 sièges. Parmi ceux-ci, 299 sont occupés par les députés élus par scrutin majoritaire dans les circonscriptions.
Par contre, les autres sièges sont répartis à la proportionnelle aux partis politiques lors du second vote. Si un parti obtient plus de siège lors du premier vote à scrutin majoritaire direct que dans le second vote à la proportionnel, on parle alors de “Überhangmandate” ou mandats supplémentaires.
Par exemple, si un parti obtient cinq sièges dans le second vote par liste proportionnelle et six sièges dans le premier vote à scrutin majoritaire, ce sixième siège est appelé “mandat supplémentaire”.

Afin de garder une répartition proportionnelle de sièges, ce mandat supplémentaire est contrebalancé par un système d‘égalisation et des sièges sont accordés aux autres partis.
En raison des mandats supplémentaires et de l‘égalisation, le dernier Bundestag comptait 630 sièges au lieu des 598 prévus.

Seuil électoral
En deça de trois sièges au premier tour ou 5% des voix, le second vote n’est pas comptabilisé pour les partis.

Les Allemands s’abstiennent-ils ou votent-ils volontiers ?
Lors des dernières élections de 2013, le taux de participations‘élevait à 71,5%. Depuis 1998, date à laquelle 82,2% des électeurs s‘étaient déplacés, le taux se réduit. Le meilleur taux de participation date de 1972 : 91,1% des électeurs s‘étaient exprimés.

Qui élit le chancelier ?
Tous les députés du Parlement allemand votent pour un candidat suggéré par le chef de l’Etat, le président de la République. Cette personne doit obtenir la majorité absolue des députés afin de devenir le nouveau chancelier ou la nouvelle chancelière d’Allemagne.

Peut-on croire les sondages ?
Lors des deux dernières élections (2009 et 2013), les sondages étaient assez proches des résultats finaux. Les deux instituts les plus fiables (Allensbach et Emnid) avaient annoncé des résultats proches de 1 à 2% des résultats finaux.

Pour ces élections, les sondages donnent la CDU d’Angela Merkel gagnante avec 38,8%, le SPD de Martin Schulz à 24%, 9% pour les Libéraux du FDP, 8,5% pour le Parti de Gauche (parti d’extrême-gauche), 8% pour AfD, le parti populiste d’extrême droite, 7,3% pour les Verts et 4,5% pour les autres partis.

Qui sont les principaux candidats et leurs promesses de campagne ?
42 partis se sont présentés à ces élections, mais tous ne sont pas présents dans tous les landers. Huit d’entre eux ne présentent des candidats que dans le premier vote à scrutin majoritaire.

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Angela Merkel (CDU)
Tous les sondages donnent l’actuelle chancelière de 62 ans gagnante. Ce mandat serait son quatrième.

Ses propositions
La crise des réfugiés ne doit pas se répéter : le but est de contenir le nombre de réfugiés. Le droit pour les parents de retrouver leur poste à temps plein après un congé parental. Augmentation des allocations familiales de 25 € par mois (elles sont actuellement de 192 € par mois et par enfant). Investissement de 2% du PIB du pays dans des dépenses militaires.

Martin Schulz (SPD)
Cet homme connu de la plupart des Européens en raison de ses mandats au sein de l’Union européenne a sucité l’espoir de nombreux sociaux-démocrates. Il ne semble cependant pas parti pour combler les espoirs placés en lui, les sondages le donnant tous battu par Angela Merkel.

Ses propositions
Le SPD propose la gratuité des crèches pour toutes les familles. Il prépare une loi pour l‘égalité de salaires pour les hommes et les femmes. Plus de policiers, plus de caméras de surveillance dans les lieux publics. Moins de dépenses militaires. L‘âge légal pour voter à 16 ans. Moins de contrats de travail.

Wagenknecht & Bartsch (Die Linke)
Afin de représenter les deux tendances du parti, le Parti de Gauche présente un duo de candidats : Dietmar Bartsch (réformiste, pour une coalition avec le SPD et les Verts) et Sahra Wagenknecht (aile gauche du parti).

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Leurs propositions
Non-imposition pour les salaires jusqu‘à 1 050 € (même montant pour le salaire minimum et pension de retraite minimum), impôt sur la fortune de 60% pour tout salaire annuel supérieur à 260 000 €. Mettre un terme à l’augmentation des loyers. Libérer les officiers de police des tâches “dénuées de sens”. Retrait progressif de toutes les troupes allemandes à l‘étranger et baisse du budget de l’armée. Augmentation du salaire minimum à 12 € / heure (actuellement de 8,50 € / heure), retraite à 60 ans (ou après 40 ans de cotisations). Ouverture de voies légales et sécurisées pour les réfugiés en Europe et libre-choix d’implantation parmi les pays d’Europe.

Christian Lindner (FDP – parti libéral)
L’ancien partenaire de coalition de la CDU s’est véritablement relevé de ses cendres, tel le phoenix, après avoir été totalement absent du Parlement suite aux élections de 2013. Le candidat, Christian Lindner, a seulement 38 ans, il est le chef de parti le plus jeune de toute l’histoire du FDP. Sa campagne est moderne (Twitter, directs Facebook) et attire de plus en plus de jeunes.

Ses propositions
Réduire les impôts, libre choix du départ à la retraite (seule condition, avoir cotisé suffisamment pour être au-dessus du seuil de pauvreté). Investissement dans la police et la justice. Pas d’enregistrement des données personnelles. Temps de travail flexible et télétravail (afin de faciliter l‘équilibre vie professionnelle-vie personnelle). Investissement dans l‘éducation. Plus de femmes à des postes de dirigeantes.

Göring-Eckardt et Özdemir (Les Verts)
Comme le Parti de Gauche, les Verts présentent un duo de candidats. Katrin Göring-Eckardt était vice-présidente du Parlement de 2005 à 2013. Elle est vue comme conservatrice au sein du parti : ses sujets de prédilection sont la famille, la religion et la patrie.
Cem Özdemir est entré pour la première fois au Bundestag en 1994. Il est fils d’immigrants turcs et président fédéral des Verts depuis 2008. Cem Özdemir est connu pour ses critiques répétées concernant la politique turque.

Leurs propositions
Plus d’impôts pour les riches, moins pour les petits revenus et les classes moyennes. Retraites garanties pour ceux qui ont travaillé, élevé leurs enfants, pris soin de membres de leur famille. Plus de soutien pour les enfants des familles à faibles revenus. Au moins 7% des résultats de l‘économie réinvestis dans l‘éducation. Temps de travail flexible (30h/40h par semaine). Voies légales et sécurisées pour les réfugiés. Arrêt de la production de charbon d’ici 2030. Immatriculation de voitures électriques uniquement à partir de 2030.

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Gauland et Weidel (AfD)
Tandem du candidat le plus âgé et du candidat le plus jeune : Alexander Gauland (76 ans) et Alice Weidel (38 ans) sont à la tête du parti populiste d’extrême-droite “Alternative pour l’Allemagne”. Le parti a bondi dans les sondages à la fin de 2016 lors du pic de la crise des réfugiés. Leur succès a depuis décliné mais les sondages suggèrent qu’ils feraient tout de même leur entrée au Parlement avec 8% de voix.

Alexander Gauland est connu pour ses idées radicales comme, par exemple : “Personne ne veut être les voisins des Boateng”.

Leurs propositions
Le thème principal de ce parti est l’immigration. Il veut fermer les frontières. Pas de regroupement familial. Déportation des condamnés étrangers. Baisse des impôts commerciaux de 7% (actuellement de 19%). Abrogation de l’impôt sur les successions. Pension de retraite minimale pour les revenus les plus faibles. Plus de caméras de surveillance à reconnaissance faciale. Analyse de l’ADN selon des traits physiques et selon les origines. Abaissement de l‘âge légal de responsabilité à 12 ans. La famille est composée d’une mère, d’un père et des enfants. Prise en compte de toute “mauvaise conduite conjugale” après un divorce. Aide aux parents au foyer élevant leur enfant jusqu‘à ses trois ans. Pas d’accès aux écoles conventionnelles pour les enfants handicapés. Révocation de l’accord de Paris. Pour l‘énergie nucléaire. Pour plus de démocratie directe.

Partis les plus atypiques et propositions

  • Le Parti Violet (Die Violetten) pour une politique spirituelle.
  • Le Parti du Jardin de Magdeburg (Magdeburger Gartenpartei) proteste contre la destruction de 162 jardins.
  • Le Parti Féministe Die Frauen.
  • V-Parti³ (V-Partei³) – Parti pour le Changement (Veränderung), Végétariens et Vegans
  • Le Parti du Bon Sens
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