Le smog fait planer une vive inquiétude en Pologne

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Par Euronews
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La qualité de l’air en Pologne est l’une des pires enregistrées en Europe.

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L'hiver est de retour en Pologne. Malheureusement, ce changement de saison a vu également un phénomène faire son retour : le smog. Cette brume, née de la pollution, soulève de plus en plus d’inquiétude quant à son impact sur la santé.

La qualité de l’air en Pologne est l’une des pires enregistrées en Europe. Trente trois villes polonaises se sont en effet classées parmi les cinquante villes les plus polluées du continent, selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié l'année dernière.

Ces chiffres viennent d’être corroborés par l'indice européen de qualité de l'air mis en place ce mois par l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) et la Commission européenne. Dans le cadre dans son déploiement, une carte a été mise en ligne qui permettant aux Européens de connaître en temps réel la qualité de l’air qu’ils respirent.

[carte interactive] Pour éviter de mourir trop vite de la pollution

La situation est bien plus mauvaise dans le sud et l'ouest de la Pologne, où des villes sont souvent répertoriées dans la catégorie « très mauvaise » de l'indice, pour des niveaux élevés de particules PM2,5 et PM10. Ces particules en suspensions sont considérées comme deux des polluants les plus nocifs. Ce constat est surtout dû à la l’utilisation quasi-généralisée dans ces régions du charbon pour chauffer les habitations.

La mauvaise qualité de l'air dans les villes à travers l'Europe est prise très au sérieux par l’Union européenne. Pour le commissaire à l'environnement, Karmenu Vella, la pollution de l'air est même un  "tueur invisible".

L’Organisation mondiale de la Santé considère que l'exposition aux particules fines diminue l'espérance de vie de chaque des Européens de près d'un an en moyenne. Et cette mauvaise qualité de l’air augmente de façon significative les risques de maladies cardiovasculaires et respiratoires et de cancer du poumon, toujours selon l'OMS.

En Pologne, les autorités prennent de plus en plus conscience des dommages causés par l'exposition à long terme à la pollution de l'air. Les liens entre pollution et cancer du poumon, le plus répandu dans le pays, sont de plus en plus mis en avant par exemple.

«* Si ces derniers temps, en Pologne, le smog et ses effets sont de plus en plus mis en cause par rapport au développement de certaines maladies ou de décès prématurés, nous manquons encore de données* » explique ainsi le docteur Marcin Hetnał, directeur du Centre de Radiologie Améthyste à Cracovie. Cette ville, la deuxième plus grande ville de Pologne, est d’ailleurs connue pour son smog.

«* Avec le cancer, il peut être difficile de déterminer s’il est causé par le smog, mais il y a des cas révélateurs* », poursuit le docteur Hetnał, citant celui d’un jeune homme de Cracovie dont un cancer du poumon a été diagnostiqué. Ce patient n'avait jamais fumé et il n'y avait aucun antécédent de cancer dans sa famille. Mais Il s'est avéré qu'il vivait sur l'une des artères principales de la ville, où il était constamment exposé aux gaz d'échappement provenant de la circulation.

« Maintenant, nous ne prenons pas seulement en compte les facteurs de risque standard, mais nous posons également des questions aux patients concernant leurs conditions de vie, sur l'endroit où ils vivent par exemple », ajoute le médecin. « Ces informations peuvent nous aider à déterminer la cause de leur maladie », conclu-t-il.

Les autorités locales sont aussi inquiètes, comme à Rybnik. Cette ville d'environ 140 000 habitants dans le sud-ouest de la Pologne, est classée quatrième dans la liste des villes les plus polluées d'Europe par l'OMS.

« La pollution de l’air est un énorme problème pour Rybnik. Durant un tiers de l'année, ses habitants sont exposés à de graves menaces pour la santé », explique Piotr Kuczera, le maire de la ville. « En janvier dernier, le nombre de personnes se présentant aux hôpitaux ou chez les médecins avec des problèmes respiratoires et circulatoires a fortement augmenté. Face à cela, les écoles ont été fermées, afin que les enfants puissent rester à la maison » a aussi exposé Piotr Kuczera.

Les risques pour la santé liés à la mauvaise qualité de l'air peuvent également avoir d’autres conséquences selon le maire de Rybnik. Ce dernier prévient qu’ils peuvent également décourager des investisseurs, de futurs habitants ou encore les touristes.

Pour tenter d’améliorer la situation, les autorités de la ville sont en train de sensibiliser les habitants à la mauvaise qualité de l'air en mettant en place des campagnes d'éducation et d’information. En outre, la ville a dépensé 75 millions de Złoty (soit 17,8 millions d'euros) sur la période 2015-2018 pour améliorer la qualité de l'air, y compris en accordant des subventions aux habitants et aux investissements dans des infrastructures de chauffage vertueuses.

Pourtant, la mairie craint que seules des solutions locales ne suffisent pas. « Ce n’est pas que le problème des autorités locales Des solutions juridiques au niveau national sont nécessaires », a en effet déclaré Piotr Kuczera, le 23 novembre dernier, lors d’une visite à Varsovie d’une délégation de représentants des 33 villes polonaises classées par l'OMS parmi les plus polluées d'Europe. Ces émissaires se sont rendus dans la capitale pour militer pour l’adoption d’une réglementation sur la qualité des carburants.

Fin octobre, le vice-premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait annoncé des programmes dédiés à la lutte contre la pollution de l'air dans ces 33 villes. De plus, une loi anti-smog signée, il y a deux ans, par le président Andrzej Duda permet aux autorités régionales de réglementer les substances qui peuvent être utilisées pour chauffer les maisons. Cette loi a été adoptée en janvier dernier par l'assemblée régionale de Cracovie. D’autres régions sont censées suivre.

«* Ce n'est qu’un premier pas. Mais cela pourra nous aider à mieux prévenir les maladies liées à la pollution de l'air et au smog* » a confié le docteur Hetnał à Cracovie.

Annabelle Chapman

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