Alabama : Doug Jones, ce "sauveur" des démocrates méconnu

Doug Jones, vainqueur démocrate Alabama
Doug Jones, vainqueur démocrate Alabama
Tous droits réservés 
Par Joël Chatreau
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Qui est donc Doug Jones, élu sénateur dans un Etat conservateur réputé pourtant imprenable ? En une phrase : un défenseur des droits des Afro-Américains qui a porté un coup sévère au président Trump.

PUBLICITÉ

Vainqueur par K.-O., Doug Jones est le nouveau champion des démocrates américains car il leur redonne le goût de la victoire, pourquoi pas même aux prochaines élections législatives en 2018. L'ancien procureur fédéral, âgé de 63 ans, est devenu sénateur de l'Alabama en terrassant l'ex-juge ultra-conservateur Roy Moore, le candidat républicain porté à bout de bras par le président Donald Trump.

Cet exploit était pourtant inimaginable il y a encore un mois et demi, dans un Etat du Sud qui restait une forteresse conservatrice depuis 25 ans. D'autant - on a du mal à le croire - que Doug Jones n'avait jamais eu l'idée jusque-là de se lancer dans un quelconque scrutin. De plus, il partait avec plusieurs handicaps aux yeux des électeurs traditionalistes de l'Alabama, ses positions en faveur du droit à l'avortement et d'une lutte concrète contre le réchauffement du climat.

Le passé de Roy Moore refait surface, et le coule !

Mais c'était sans compter, pour cet homme affable, réputé intègre, marié, père de trois enfants, sur le scandale sexuel qui est revenu comme un boomerang en pleine face de son adversaire, Roy Moore, début novembre dernier. Le républicain est accusé d'avoir agressé sexuellement deux mineures à la fin des années 1970, et en ce moment aux Etats-Unis, l'opinion publique ne pardonne guère les personnalités impliquées dans ce genre d'affaires.

Le parti démocrate s'est aussitôt engouffré dans la brèche en mobilisant notamment la population noire qui représente un quart de l'électorat en Alabama. Doug Jones, défenseur de longue date des droits civiques, ne pouvait que remporter son adhésion, et la participation à l'élection sénatoriale a effectivement été plus importante qu'on ne le prévoyait.

Dans son discours de victoire, Doug Jones a cité une phrase célèbre de Martin Luther King Jr. : "L'arc de cercle de l'Univers moral est long mais il tend vers la justice".

Un procureur devenu la "bête noire" du Ku Klux Klan

Jones avait été nommé procureur fédéral par l'ancien président démocrate** Bill Clinton** en 1997. Il s'était auparavant distingué notamment en réussissant à faire condamner, des dizaines d'années plus tard, Bobby Frank Cherry et Thomas Blanton, deux membres du Ku Klux Klan accusés d'avoir participé à une tuerie dans une église de Birmingham, en Alabama, en 1963, en pleine lutte pour les droits des Afro-Américains menée par Martin Luther King Jr. Quatre jeunes filles noires avaient été tuées lors de l'attentat.

Un sénateur de l'Arizona, Jeff Flake, seul républicain à oser dire ce que d'autres de ses collègues pensent très fort, a publié sur son compte Twitter ce qui ressemble à un coup de grâce pour Roy Moore : "La morale l'emporte".

    

         

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Mike Pence : "Je crois que l'Amérique est le leader du monde libre"

Procès Trump : aucun juré choisi à l'issue du premier jour

La loi texane criminalisant l'entrée illégale sur le territoire de nouveau suspendue en cour d'appel