Cumhuriyet : "Vous aurez honte devant l'Histoire"

Cumhuriyet : "Vous aurez honte devant l'Histoire"
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Par Maxime Bayce
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Quatorze journalistes de ce quotidien de centre-gauche, honni par le pouvoir, ont été condamné pour "aide à une organisation terroriste" par un tribunal turc.

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Même s'il n'est que conditionnel, pour Akın Atalay ce retour à la liberté est un premier pas et ne pourrait être que très provisoire. Il sort de prison après 542 jours derrière les barreaux. Akın Atalay est le patron du quotidien Cumhuriyet, il vient d'être reconnu coupable d'"aide à une organisation terroriste"

Comme lui, quatorze collaborateurs de ce grand journal de centre-gauche, proche du kémalisme, ont été condamnés par la justice en première instance, à l'issue  d'un procès considéré comme un test pour la liberté de la presse en Turquie. Ils devraient rester libres en attendant la procédure d'appel.

"Ils nous ont pris en otage et voulait faire de Cumhuriyet une rançon", a tonné Akın Atalay accueillis par des dizaines de ses proches_.  "Parce qu'ils savent qu'ils ne peuvent pas acheter le journal, ils pensaient qu'ils pouvaient nous le prendre en échange d'otages. Mais ils ne peuvent pas ! Nos amis vont leur montrer comment on peut faire du journalisme...des centaines de journalistes, d'universitaires, d'étudiants, d'officiers, d'avocats sont en prison. Leur rendre leur liberté est une obligation que nous avons tous !"_

Le tribunal a séparé le dossier de Can Dündar, qui vit aujourd'hui en exil en Allemagne et était jugé dans le cadre du même procès.

Farouchement hostile au président Recep Tayyip Erdogan, Cumhuriyet ("République", en turc), fondé en 1924, s'est attiré les foudres de l'homme fort de la Turquie en raison de sa couverture corrosive.

Le journal a notamment affirmé de manière retentissante en 2015, vidéo à l'appui, que les services secrets turcs avaient fourni des armes à des rebelles islamistes en Syrie. Recep Tayyip Erdogan avait alors averti Can Dündar qu'il allait "payer le prix fort".

Sur son site internet, Cumhuriyet a promis de ne pas se laisser intimider par la répression. "Vous aurez honte devant l'histoire" pouvait on y lire. L'Union européenne a elle réagi via Kati Piri, la rapporteur du Parlement européen pour la Turquie. Sur Twitter elle s'est insurgée contre la décision de la justice turque.

Au total, dix-sept collaborateurs du journal était jugés dans le cadre de ce procès. Seuls trois d'entre eux ont été acquittés. 

Avec AFP

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