Accord Trump-Kim : ce qui est écrit et ce qui ne l'est pas

Accord Trump-Kim : ce qui est écrit et ce qui ne l'est pas
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Par Christophe Garach
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La principale contrepartie américaine ne figure pas dans le texte final.

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Voici la traduction de la lettre signée entre le président américain Donald Trump et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un. Les annotations d’Euronews figurent en gras.

"Le Président Trump et le Président Kim Jong-un ont procédé à un échange de vues approfondi et sincère sur les questions liées à l'établissement de nouvelles relations entre les Etats-Unis et la République populaire démocratique de Corée et à la mise en place d'un régime de paix durable et solide dans la péninsule coréenne".

Aucun calendrier précis n’a été avancé pour parvenir à cette « paix durable » entre les deux Corées. Cela prendra du temps, des années, sans doute. Un traité de paix, s’il devait voir le jour, devra de toute façon être cosigné par les Chinois, les grands absents de la rencontre de Singapour entre Trump et Kim. La Chine avait en effet garanti l’armistice de Panmunjom du 27 juillet 1953.

"Le Président Trump s'est engagé à fournir des garanties de sécurité à la RPDC, et le Président Kim Jong-un a réaffirmé son engagement ferme et inébranlable en faveur d'une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne".

Tous les experts en conviennent, la dénucléarisation, si elle se confirme, prendra sûrement des années. De nombreuses réunions politiques et techniques devront avoir lieu comme celle qui a suivi la rencontre officielle entre Trump et Kim. Le président américain a répété devant la presse qu’il veillerait à ce que cette dénucléarisation soit "vérifiable et irréversible". Donald Trump a indiqué qu’une partie de ces vérifications seraient faites par les États-Unis mais aussi par la communauté internationale.

Quant aux "garanties de sécurité", même si elles ne sont pas détaillées dans la lettre, le président américain a expliqué plus tard en conférence de presse que les États-Unis allaient mettre fin aux exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud, une concession majeure selon les experts, qui a d’ailleurs pris au dépourvu la Corée du Sud. Pour justifier l’arrêt de ces manœuvres conjointes, Trump en a souligné le coût très élevé pour les États-Unis. En revanche les troupes américaines vont rester sur place jusqu'à la mise en oeuvre de l'accord.

"Convaincu que l'établissement de nouvelles relations entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée contribuera à la paix et à la prospérité de la péninsule coréenne et du monde, et reconnaissant que l'instauration d'une confiance mutuelle peut favoriser la dénucléarisation de la péninsule coréenne, le Président Trump et le Président Kim Jong-un déclarent :

Les Etats-Unis et la RPDC s'engagent à établir de nouvelles relations conformément au désir de paix et de prospérité des peuples des deux pays.

Concernant la "prospérité de la péninsule", le président américain a indiqué avant le sommet avec Kim qu’il était prêt à investir en Corée du Nord pour aider le pays à se développer. Aucun chiffre n’a été annoncé dans la lettre, mais Donald Trump a expliqué avoir montré une vidéo aux Nord-coréens montrant les conséquences positives d’un tel plan d’aide.

La lettre ne mentionne pas non plus la question des droits de l’Homme en Corée du Nord qui restent problématiques a reconnu Donald Trump. Le président a déclaré en avoir parlé à son homologue mais qu’ils n’étaient pas entrés dans les détails.

Les États-Unis et la RPDC uniront leurs efforts pour établir un régime de paix durable et stable dans la péninsule coréenne.

Le mot ne figure pas dans la lettre mais Donald Trump a évoqué la question de la réunification des deux Corées en rappelant que le peuple coréen du nord et du sud était "profondément talentueux, travailleurs et doué" et que les Coréen partageaient "la même langue, la même culture, le même patrimoine et le même destin". Depuis la partition de la Corée en 1953, la question de la réunification reste un but à atteindre pour les Sud-coréens même si aucun agenda n’a jamais été programmé tant les obstacles paraissent nombreux, pour ne pas dire infranchissables.

Réaffirmant la déclaration de Panmunjom du 27 avril 2018, la RPDC s'engage à œuvrer à la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne.

Les États-Unis et la RPDC s'engagent à récupérer les prisonniers de guerre y compris le rapatriement immédiat de ceux qui ont déjà été identifiés.

Le président Trump a longuement évoqué cette question en rappelant le cas des dépouilles de soldats américains jamais rapatriées aux aux États-Unis depuis l’armistice de 1953. Plus de 6000 corps se trouveraient toujours en Corée du Nord.

Ayant reconnu que le sommet entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée - le premier de l'histoire - a été un événement historique d'une grande importance pour surmonter des décennies de tensions et d'hostilités entre les deux pays et pour l'ouverture d'un nouvel avenir, le Président Trump et le Président Kim Jong-un s'engagent à appliquer pleinement et rapidement les stipulations de cette déclaration commune. Les États-Unis et la RPDC s'engagent à mener des négociations de suivi, sous la direction du secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, et d'un haut fonctionnaire de la RPDC, le plus tôt possible, afin de mettre en œuvre les résultats du sommet entre les États-Unis et la RPDC."

En cas de non-respect de cet accord, Donald Trump a précisé mardi qu'il stopperait aussitôt les discussions. Le président américain a par ailleurs précisé que les sanctions contre la Corée du Nord ne seraient pas levées tant que les obligations incombant au régime nord-coréen ne seraient pas remplies.

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