Aquarius : "il y a urgence" (président du port de Sète)

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Par Euronews
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Entretien pour Euronews avec Jean-Claude Gayssot, le président du port de Sète qui a proposé d'accueillir les 141 migrants à bord de l'Aquarius.

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Alors que la ville de Naples en Italie a proposé d'accueillir les migrants se trouvant à bord du navire Aquarius, le président du port de Sète en France a également renouvelé son offre.

Votre proposition d'accueillir l'Aquarius dans le port de Sète est-elle symbolique ?

Jean-Claude Gayssot, ancien ministre communiste des transports, président du port de Sète :

Non ce n'est pas symbolique du tout, c'est pour faire comprendre aux autorités françaises et européennes que quand l'Italie et Malte refusent d'accueillir des réfugiés, eh bien il y a des ports ailleurs en Méditerranée, dont le port de Sète en France dont je suis président, qui eux ont toutes les infrastructures, les quais, la gare maritime pour pouvoir recevoir l'Aquarius.

Après, il appartient bien sûr aux autorités françaises de faire ce qui doit être fait dans le cadre de l'accueil des réfugiés, les acheminer dans les lieux, dans des conditions humaines, où ils pourront être accueillis avec les éléments administratifs nécessaires.

Depuis que vous avez proposé cet accueil, les autorités françaises vous ont-elles répondu ?

Non, elles ne m'ont pas répondu mais je sais que le président de la République suivait de très près ce dossier et qu'il recherche à l'échelle européenne un port qui puisse accueillir l'Aquarius, mais pour l'instant j'ai l'impression qu'il n'y a pas de réponses. La seule réponse qu'il y a c'est que Gayssot, le président du port de Sète, un port régional, et en accord avec la région qui est propriétaire du port, que nous faisons valoir cette solution. En même temps j'apprends que le président de l'Assemblée corse, Talamoni, proposait également cet accueil.

On ne va pas faire comme au mois de juin, attendre des jours et des jours, laisser ces pauvres gens, ces réfugiés qui fuient la guerre, la répression et la misère, on ne va pas les laisser dans des conditions inhumaines, il faut les accueillir. C'est le droit maritime international. Il faut secourir toute personne en danger de mort. Et le plus vite possible.

Face au refus italien et maltais, la France doit-elle prendre le relai de manière durable en accueillant les navire en détresse?

Non, je ne dis pas que cela doit se faire systématiquement. Je dis que l'Europe donne pour l'instant une image d'incapacité à faire appliquer le droit maritime internatiopnal et à proposer des solutions humaines qui doivent primer sur tout le reste.

Tous ceux qui disent qu'il ne faut pas que les ports français, maltais ou italiens accueillent les migrants, ce sont ceux qui ne veulent plus d'Europe et qui veulent se replier dans un nationalisme d'un autre temps.

Il y a eu plus de 500 personnalités qui ont soutenu la mission de l'Aquarius, j'en appelle à ce que de toute l'Europe des milliers de personnalités, des politiques, des artistes, des joueurs de foot, des sportifs, qu'on se mobilise pour dire aux pays européens il faut arrêter de tergiverser et dire que les mission de bateaux comme l'Aquarius qui n'ont qu'un seul but que de sauver des vies humaines puissent rendre l'honneur à l'Europe et à nos pays qui veulent une construction européen digne.

Que répondez-vous, à tous ceux, et pas seulement à l'extrême droite, qui disent qu'en accueillant et en organisant les flux migratoires cela peut créer un appel d'air?

Je suis outré d'entendre ça. Je ne parle pas de politique migratoire. Bien sûr il faut travailler sur le moyen et long terme pour voir comment l'Europe peut se tourner vers le sud méditerranéen, vers l'Afrique. Il y a 500 millions d'habitants dans les pays qui entourent la Méditerranée, il faut travailler sur tout cela et là chacun peut avoir son opinion.

Ce dont je parle aujourd'hui ce n'est pas d'appel d'air, de politique migratoire, c'est d'urgence, du droit d'assistance à personne en danger dont il est question. C'est de secourir toute personne en danger de mort.

Il y a déjà eu plus de 800 morts depuis le début de l'année. Avec des gosses des familles qui fuient la répression et la misère.

Dans l'urgence qu'est-ce qu'on fait ? Dans l'urgence tout le reste passe au second plan, la politique, l'économie, cela ne veut pas dire qu'on néglige ces choses-là, mais ça veut dire que dans l'urgence, la seule chose qui compte c'est que l'Europe, et mon pays, donne une bonne image.

Cela ne veut pas dire que cela se fasse nécessairement à Sète. S'il y a un port plus près, c'est encore mieux. Si cela se fait je m'en réjouirai, car cela permettra à l'Aquarius de retourner plus vite pour sauver d'autres vies. Est-ce qu'on attend qu'on ait plus de mille morts pour faire quelque chose ?

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Propos recueillis par Christophe Garach

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