Inspire Middle East met à l'honneur la mode, le style et les parfums du Moyen-Orient

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Par Rebecca McLaughlin-Eastham, Salim Essaid, Rosie-Lyse Thompson
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Dans ce nouvel épisode, venez rencontrer les gentlemen stylés de "Mr.Erbil" dans le Kurdistan irakien, et découvrez tous les secrets du oud, le parfum emblématique du Moyen-Orient.

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Au programme de ce nouvel épisode d'Inspire Middle East, consacré à la mode et au monde de la parfumerie :

  • A Dubaï, nous partons à la rencontre de Abdul Rahman Al Madani, l'un des plus vieux couturiers des Emirats Arabes Unis, qui a confectionné les tenues de membres de la famille royale.
  • Nous vous emmenons dans les coulisses d'Ajmal Perfumes, l'une des plus grandes parfumeries du Moyen-Orient, pour explorer le monde mystique du oud.
  • En Irak, nous découvrons comment de jeunes hommes kurdes expriment leur style, à travers une mode traditionnelle et contemporaine.

"National Tailors" : un voyage dans le temps

Les touristes qui se promènent dans le souk de la vieille ville de Deira ne le réalisent peut-être pas, mais ils croisent un monument emblématique de Dubaï : l'atelier de couture "National Tailors". Cette boutique est célèbre pour ses gandouras, une tunique traditionnelle portée par les hommes dans la région du Golfe.

L'atelier contient de nombreux vestiges du passé. On y trouve notamment des photos du fondateur de l’entreprise, Abdul Rahman Al Madani, rencontrant des Cheiks, des membres de la famille royale. Pendant des décennies, le couturier a fièrement confectionné des vêtements pour eux.

Son fils Mohammed est désormais le PDG de l’entreprise. Il se souvient que la famille royale d’Abu Dhabi appréciait leur vêtements.

Nous nous trouvons dans le plus vieil atelier de couture de Dubaï, et même de tous les Emirats Arabes Unis, raconte Mohammed. Je me souviens, mon père disait que même la gandoura du Cheik Zayed, paix à son âme, avait été confectionnée ici. Ils venaient tous dans cet atelier."

Des gandouras, des tenues traditionnelles du Moyen-Orient

A la fin des années 40, le quartier d’Al Ras, au bord de la crique de Dubaï, est devenu le centre de la ville. Abdul Rahman avait alors l’habitude de s’asseoir à l’extérieur de sa boutique et de coudre avec sa machine à pédale. Ses clients locaux et royaux traversaient la rivière pour passer leurs commandes.

Les Cheiks étaient des gens bien, ils venaient et disaient “As-Salaam-Alaikum”, se souvient Abdul Rahman, aujourd'hui âgé de 80 ans. S’ils voulaient une gandoura rapidement, ils demandaient «pouvez-vous faire en faire une dans la journée ? », et je répondais « oui, ce sera fait »"

Abdul Rahman serait le premier tailleur à avoir confectionné une gandoura pour le Cheik Rachid ben Saïd Al Maktoum, qui a dirigé Dubaï de 1958 à 1990. Il a également fabriqué celles de son fils, enfant à l'époque, le Cheik Mohammed ben Rachid Al Maktoum, l’actuel gouverneur.

Malgré son succès, le couturier n’a jamais voulu que son fils suive ses pas. Au contraire, il souhaitait que le jeune homme reçoive l’éducation que lui-même n’avait jamais eu.“ Lorsque je m’asseyais sur la machine, mon père disait : va-t'en, je ne veux pas que tu deviennes couturier !", se souvient Mohammed.

Abdul Rahman Al Madani (droite) et son fils, Mohammed (gauche)

Ce dernier est devenu ingénieur, mais il avait la couture dans le sang. Il a donc développé l’entreprise familiale, l’étendant aux magasins de vêtements modernes. National Tailors compte désormais six boutiques et emploie une centaine de personnes. Certains y travaillent depuis plus de quatre décennies.

La gandoura, aussi appelé dishdasha ou thobe, est une longue tunique portée par les hommes dans toute la péninsule arabique. Mais chaque pays a ses particularités. La gandoura des Emirats n’a pas de poche ou de col, mais elle se ferme grâce à des boutons et est ornée d’un cordon appelé Tarboosh. Une fine broderie entoure le cou et les manches.

Des styles nouveaux émergent sans cesse, et les jeunes membres de la famille royale de Dubaï lancent souvent des modes. Le style classique reste toutefois populaire et après avoir confectionné des gandouras pendant 60 ans, Abdul Rahman sait que le traditionnel est intemporel.

L'oud, saveur mystique du Moyen-Orient

Vous êtes-vous déjà demandé quelle était l’odeur de la réussite ? Au Moyen-Orient, beaucoup de parfumeurs vous donneront la même réponse qu'Abdullah Aimal, directeur général de la parfumerie Ajmal Perfume : “L’odeur de la réussite, ce serait évidemment le oud. »

Ce parfum très prisé est caractérisé par ses notes musquées et capiteuses. Il est l’ingrédient essentiel des parfums de la région, depuis des milliers d’années.

Les hommes utilisent l’huile pure, comme une eau de Cologne. Les femmes, elles, imprègnent généralement leurs cheveux et leurs vêtements de l’odeur d’un encens, appelé Bakhoor.

Depuis trois générations, la famille d’Abdullah Aimal vit du commerce du oud : "Les gens disent que le oud parle à mon père, qu’il est capable d’identifier ses différents niveaux, ses différentes qualités", explique-t-il.

Abdullah estime que la popularité du oud ne faiblira pas, malgré les parfums de synthèse moins chers qui inondent le marché.

Le oud est en fait une résine produite par les Agarwood, des arbres originaires d’Inde et d’Amérique du Sud. Son extraction coûte cher, mais elle rapporte beaucoup. Un kilo de bois de oud ne produit que 1 ml de résine et un flacon de 12 ml de parfum de oud coûte environ 3000 dollars. Pour répondre à la demande, la marque importe plus de 40 tonnes de bois de oud chaque année.

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"Certains bois ont des senteurs fruitées, explique le directeur d'Ajmal Perfume. Les Indiens par exemple ont tendance à être plus terreux. Les versions d’extrême-orient sont plus fumées. Ce sont des différences subtiles, mais évidemment pour le client, ça fait une énorme différence. Les habitants des Emirats préfèrent les ouds d’origine indienne, alors que les Saoudiens préfèrent ce que nous appelons le kambodi, qui est plus extrême oriental."

L’odeur du oud dépend de nombreux facteurs : l’origine du bois, s’il est sauvage ou cultivé, et même la durée de la purification. Celle-ci s’effectue à des températures très élevées, dans des cuves sous pression.

De grands parfumeurs internationaux ont commencé à intégrer le oud dans leurs gammes, afin notamment de cibler le public du Moyen-Orient.

Ali Al Jaberi est un ingénieur-chimiste et parfumeur des EAU, qui fabrique ses parfums en France. Il estime que cette fragrance répond bien à l'évolution des goûts des consommateurs. Ses clients locaux recherchent de plus en plus des parfums uniques et personnalisés, auprès de petit producteurs.

"J’imagine qu’aujourd'hui la « parfumerie de niche » est une tendance mondiale, et surtout dans cette région, explique le fondateur d'Aj Arabia. Ici, la croissance est vraiment spectaculaire et ça attire même de grandes entreprises. La parfumerie de niche, ce sont des marques qui se consacrent aux parfums de qualité : elles sont très petites, elles n'ont pas un gros budget, et tout réside dans la qualité des parfums."

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Ali entend faire évoluer la parfumerie. Il estime que le mélange d’ingrédients locaux, tel que le oud, avec des saveurs étrangères, est la voie à suivre. "J'adore la vanille, elle se marie très bien avec les parfums orientaux, c’est comme le doux parfum venu d’ailleurs. Vous ne pouvez jamais vous tromper avec cela."

Le parfumeur aspire donc à réinventer le oud, mais toujours dans le respect de son héritage. "J’ai grandi dans une culture où les parfums, les encens et les huiles ont une place importante. Je me souviens encore de ma mère quand elle brûlait de l’encens, en particulier l’après-midi, et de ma grand-mère, qui adorait l’huile de oud. C’est la seule chose qu’elle utilisait."

Mr. Erbil : les gentlemen du style

Des costumes soignés, des barbes parfaitement taillées et un amour commun pour la mode... Ces hommes élégants transforment les vieille rues d’Erbil en un véritable défilé. Ils se sont donnés pour nom « Mr.Erbil », et il s’agit du premier club de gentlemen dédié à la mode masculine dans la capitale du Kurdistan irakien.

Il a été fondé en 2016, alors que le conflit à la frontière et la chute du prix du pétrole impactaient fortement l’économie. Malgré tout cela, ces fans de modes ont voulu ramener l’élégance dans leur pays.

"C’était une situation difficile à l’époque, et on ne pouvait rien attendre du gouvernement ni de personne, témoigne Ahmed Nauzad, l'un des fondateurs. Nous étions la nouvelle génération, et nous voulions faire quelque chose de positif. Nos grands-pères, quand ils allaient boire un thé ou qu’ils allaient dans le bazar, étaient toujours bien habillés. C’est dans notre culture, mais malheureusement ça a été un peu oublié. Alors on essaye de faire revenir ce patrimoine au sein de notre société."

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La page Instagram de ce groupe d’amis a rapidement atteint les 91 000 abonnés, transformant ces jeunes hommes en véritable icônes de mode. Un rêve devenu réalité pour Joseph Yilda, membre du club : "Je veux que les gens réalisent que l’on peut vivre la vie qu’on désire. Peu importe la situation, peu importe où l’on vit, on peut faire ce que l'on veut".

Les gentlemen de Mr.Erbil entendent fusionner leurs costumes modernes et sur-mesure avec leur héritage kurde traditionnel. Et c’est dans le vieux souk de la ville que leur inspiration est devenue réalité.

Ces stars d’Instagram ont profité de leur récente renommée pour faire des affaires. Ils ont travaillé avec des tailleurs et des commerçants, pour apprendre leurs secrets et leur savoir-faire. Cela leur a permis de lancer une collection de cravates sur mesure et une gamme de soin pour homme, le tout produit localement.

"L’idée c’était : pourquoi ne pas prendre le tissu local qu’on utilise pour nos vêtements kurdes traditionnels ? raconte Ahmed Nauzad. On s’est donc dit : utilisons ces vêtements pour fabriquer des cravates."

Le clubhouse de Mr.Erbil doit ouvrir dans l’année. Il accueillera un bar, un barbier et un tailleur. Les jeunes hommes espèrent devenir des références en matière de mode, mais ils veulent aussi faire entendre leur voix pour provoquer des changements dans la société : sur les réseaux sociaux, ils plaident déjà pour les droits des femmes ou la défense de l’environnement.

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Le clubhouse apprendra donc bientôt à la prochaine génération à devenir de parfaits gentlemen.

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