Menaces, nouvelles sanctions, les réponses des Européens et des Américains au désengagement de l'Iran de l'accord sur le nucléaire ont été immédiates ou presque. La Russie, elle, reproche à Washington d'avoir acculé Téhéran à prendre ce chemin
Avertissements, menaces, et plus de sanctions... Les réponses des Européens et des Américains au désengagement de l'Iran de l'accord sur le nucléaire ont été immédiates ou presque. La Russie, elle, reproche à Washington d'avoir acculé Téhéran à prendre ce chemin.
Le président Hassan Rohani a donné 60 jours aux cinq pays encore signataires de l'accord de Vienne pour tenir leurs promesses dans le secteur pétrolier et bancaire, malgré les sanctions américaines. Passé ces deux mois, Téhéran reconstituera ses stocks d'uranium enrichi et d'eaux lourdes. Extrait de la déclaration d'Hassan Rohani :
"L'accord sur le nucléaire est encore en place. Les articles 26 et 36 de l'accord de Vienne disent que si certaines parties violent les termes de l'accord, nous pouvons aussi réduire nos engagements à tous les niveaux. Aujourd'hui nous annonçons une réduction de ces engagements, pas un retrait."
L'économie iranienne a été fortement impactée par le retrait des Etats-Unis il y a un an et le retour des sanctions. Et la dernière décision prise par Trump ce 8 mai va encore empirer les choses puisque les sanctions concernent aussi à présent "les secteurs iraniens du fer, de l'acier, de l'aluminium et du cuivre".
En visite à Londres mercredi, le chef de la diplomatie américaine et son homologue britannique ont violemment réagi aux annonces d'Hassan Rohani. Extraits de la conférence de presse commune :
"Il a fait un certain nombre de déclarations sur les actions qu'il menaçait d'entreprendre pour que le monde bascule" a déclaré Mike Pompeo.
"Nous exhortons les Iraniens à bien réfléchir avant de rompre cet accord, ce n'est dans l'intérêt de personne, et certainement pas dans leur intérêt, car dès qu'ils passeront au nucléaire, leurs voisins le feront aussi" a expliqué Jeremy Hunt.
L'accord de Vienne étant au bord de l'implosion, l'Iran s'est tourné vers la Russie, autre membre du Plan d'action global commun. Et le chef de la diplomatie iranienne a pu compter sur son soutien. Moscou a porté la faute sur Washington :
"La situation s'est développée par la faute des Etats-Unis, et elle pose aujourd'hui de nombreuses difficultés tant pour le respect des engagements pris par les différentes parties, que - et je ne le cacherai pas - pour la situation générale autour du régime international de non-prolifération nucléaire."
L'Iran demande des actes aux Européens, aux Russes et aux Chinois, et se dit de nouveau prêt à négocier. Mais de part et d'autres, la marge de manœuvre pour sauver l'accord de Vienne semble bien réduite.