Nouvelle hausse des tarifs douaniers américains sur les biens chinois : toujours pas d'accord

Nouvelle hausse des tarifs douaniers américains sur les biens chinois : toujours pas d'accord
Tous droits réservés REUTERS/Damir Sagolj/File Photo
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Par Euronews avec AFP, Reuters
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Malgré tout, les négociations se poursuivent entre Washington et Pékin pour tenter d'arracher un accord et stopper cette guerre commerciale.

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La hausse de 10 à 25 % des droits de douane supplémentaires sur 200 milliards de biens chinois est entrée en vigueur la nuit dernière. Elle était suspendue depuis janvier par Donald Trump pour laisser le temps aux deux parties de discuter dans une plus grande sérénité. 

Mais le président américain a décidé de la remette au goût du jour, arguant que les discussions n'allaient pas assez vite et doutant de la bonne foi des négociateurs chinois : 

"Il se trouve que je pense que les tarifs douaniers pour un pays sont très puissants. C'est une tirelire que tout le monde vole, y compris la Chine. Nous payons 500 milliards de dollars par an à la Chine depuis de nombreuses années. La Chine a reconstruit son pays grâce à nous."

A la sortie de la première journée de négociations, le commentaire vice-premier ministre chinois Liu He:  

"Tout d'abord, je voudrais dire, qu'augmenter les tarifs douaniers est dommageable pour les deux parties. Dans le sens où l'économie chinoise et l'économie américaine forment une chaîne industrielle complète. les deux sont impactées. En ce moment, nous faisons face à quelques problèmes dans nos négociations. Nous ne devrions pas porté préjudice à des gens innocents. Il est regrettable de porter préjudice aux intérêts de citoyens lambda américains et chinois. Donc nous espérons trouver la meilleure voie possible pour résoudre ce problème."

Malgré tout Américains et Chinois vont poursuivre leurs négociations ce vendredi pour tenter d'arracher un accord commercial. Le représentant de Pékin estimait encore hier que les négociations étaient prometteuses et disait avoir fait le déplacement à Washington "avec sincérité".

La pression sur les épaules des négociateurs est forte puisqu'il s'agit de refonder la relation commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales qui se disputent la domination dans les hautes technologies du futur.

Derrière la guerre commerciale, une rivalité technologique

Le dernier point de l'AFP : 

- Les drones

Le numéro un mondial du drone civil est chinois. DJI, fondé en 2006 à Shenzhen (sud) par un jeune passionné de modélisme, produit 70% des drones civils de la planète. Il n'a aucun concurrent de poids côté américain, après le retrait de la firme californienne GoPro de ce marché. Une domination qui n'est pas sans poser problème à Washington: en 2017, l'armée américaine a interdit l'utilisation des drones DJI pour raisons de sécurité.

- Une Chine sans GAFA

Certains experts s'inquiètent du risque d'avoir à terme un monde séparé en deux par un "rideau de fer technologique". Déjà en Chine, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), profitant de l'interdiction de l'ensemble des réseaux sociaux et moteurs de recherche étrangers, remplacent les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et lorgnent sur l'international.

Les géants du paiement par carte bancaire (Visa, Mastercard, American Express), pénalisés en Chine par une législation très contraignante, sont marginalisés par des acteurs chinois (Alipay, WeChat, UnionPay) et la tendance aux paiements par smartphone.

- Beidou contre GPS

Dans le domaine de la géolocalisation, la Chine a pris ses distances avec le GPS américain et conçu son propre système de navigation satellitaire, Beidou (littéralement "La Grande Ourse").

Gage d'indépendance stratégique et économique, il s'appuie sur un réseau d'une trentaine de satellites et sera pleinement opérationnel mondialement à partir de l'an prochain.

Pékin compte sur son vaste projet des Nouvelles routes de la soie pour convaincre les pays participants d'utiliser sa technologie.

- "Fabriqué en Chine 2025"

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Devenir autonome sur le plan technologique et développer ses propres capacités. C'est l'objectif de l'ambitieux programme "Fabriqué en Chine 2025" qui vise à faire du géant asiatique une puissance des nouvelles technologies: de l'aérospatiale aux télécommunications en passant par la robotique, la biotechnologie et les véhicules électriques.

Pékin vise l'autosuffisance technologique sur 70% des composants et matériaux clés à l'horizon 2025.

Ce plan "effrayant", selon Washington, a compliqué les pourparlers commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis et renforcé leur méfiance mutuelle.

- Huawei, leader de la 5G

Washington considère depuis longtemps le géant chinois des télécoms comme une menace en raison du passé de son fondateur Ren Zhengfei, 74 ans, ancien ingénieur de l'armée chinoise.

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Le gouvernement américain a interdit à ses agences d'acquérir des équipements Huawei, craignant que Pékin puisse espionner leurs communications et accéder à des infrastructures essentielles du pays. Les Etats-Unis ont aussi multiplié les pressions sur leurs alliés pour qu'ils bannissent Huawei de leurs infrastructures réseaux.

La directrice financière du groupe, Meng Wanzhou, longtemps pressentie pour succéder à son père à la direction de Huawei, est également dans le collimateur de Washington, qui l'accuse d'avoir contourné ses sanctions contre l'Iran. Arrêtée au Canada en décembre, Meng Wanzhou pourrait bientôt rendre des comptes devant la justice américaine.

- ZTE, sauvé in extremis

L'an dernier déjà, l'orage s'était abattu sur ZTE, un autre géant chinois des télécoms, lui aussi accusé d'avoir violé des embargos américains.

En interdisant toutes ventes de composants électroniques à l'équipementier, Washington a mis en péril l'existence même de ce groupe de 75.000 employés.

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Donald Trump avait finalement consenti à revenir sur cette décision qui pénalisait aussi les entreprises américaines. En contrepartie, ZTE a dû s'engager à verser une amende d'un milliard de dollars et accepter la tutelle d'agents américains dans ses bureaux pendant dix ans.

- China Mobile écarté

Les Etats-Unis ont refusé jeudi à l'opérateur l'entrée sur leur marché pour des raisons de "sécurité nationale", une décision qui montre une nouvelle fois l'importance stratégique des télécoms et de la technologie dans le bras de fer entre les deux puissances.

- Course aux brevets

Les Etats-Unis conservent la première place qu'ils occupent depuis quatre décennies pour le nombre de brevets déposés à l'international, mais la Chine devrait les dépasser d'ici 2020, selon l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).

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En 2017, date des dernières données disponibles, deux firmes chinoises dominaient le podium mondial: un certain Huawei (4.024 demandes) et ZTE (2.965 brevets). La première firme américaine n'était que sur la troisième marche: Intel (2.637).

- Intelligence artificielle

Preuve que la domination technologique est bien devenue un enjeu stratégique, Donald Trump a fait de l'intelligence artificielle un secteur prioritaire.

En fin d'année dernière, le Pentagone a annoncé un investissement de 2 milliards de dollars dans ce domaine où la Chine a de grandes ambitions. Pékin compte investir 150 milliards de dollars d'ici 2030 pour devenir le champion mondial.

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