Le cargo saoudien n'a pas chargé d'armes françaises au port du Havre

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Par Euronews
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Le cargo saoudien s'est mis en mouvement vendredi à destination de l'Espagne, sans s'approcher du port du Havre où attendait son chargement contesté.

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Le cargo saoudien supposé embarquer des armes françaises à destination de l'Arabie saoudite s'est mis en mouvement vendredi à destination de l'Espagne, sans s'approcher du port du Havre où attendait son chargement contesté.

Selon son plan de route, le Bahri Yanbu, cargo géant de 220 m qui mouillait depuis mercredi à 30 km du Havre (nord-ouest de la France) sans bouger, devait faire route directement vers le port de Santander (Espagne), selon le site Marine Traffic, sans passer par le nord de l'Europe comme initialement annoncé.

"L'escale (au Havre) n'aura pas lieu", a indiqué une source portuaire à l'AFP.

Entretemps, la justice a rejeté un des deux recours déposés par des associations qui arguaient, pour empêcher ces exportations, que les armes pourraient être utilisées contre des civils au Yémen, où Ryad conduit une coalition en soutien au président yéménite.

Le tribunal administratif qui s'est penché sur le recours de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) a estimé dans sa décision que "l'autorisation de sortie douanière de ces armements ne crée pas un danger caractérisé et imminent pour la vie des personnes" exposées au conflit au Yémen.

L'avocate de l'Acat, Me Laurence Greig, conteste le raisonnement du tribunal: "L'imminence existe bien car c'est le dernier moment où on pouvait arrêter cette livraison d'armes. Une fois que le bateau sera parti, on ne pourra plus intervenir", a-t-elle expliqué à l'AFP.

D'après le site d'investigation Disclose, le bateau doit prendre livraison de "huit canons de type Caesar" destinés à l'Arabie Saoudite dans sa guerre contre la minorité chiite du Yémen. Ce que les autorités françaises démentent catégoriquement.

"Il ne peut pas s'agir de canons Caesar puisqu'il n'y a aucune livraison de Caesar en cours", martèle une source gouvernementale.

Prônant la "transparence", Emmanuel Macron a reconnu jeudi "que la France, depuis plusieurs années -- au plus fort il y a cinq, six ans, dans les contrats qui ont été faits à l'époque -- a vendu des armes à la fois aux Emirats arabes unis et à l'Arabie saoudite".

Selon lui, "l'essentiel des armes qui ont été vendues sont plutôt utilisées à l'intérieur du territoire ou à la frontière", et dans la lutte des Saoudiens contre le terrorisme.

Paris affirme ainsi régulièrement que les armements qui leur sont vendus ne sont utilisés que de manière défensive et "pas sur la ligne de front". Une position qui ne convainc guère les ONG, ni l'opposition.

"Quand on vend des armes à un pays, il en fait ce qu'il veut", a fait valoir le député communiste Jean-Paul Lecoq lors d'un rassemblement qui a réuni une centaine de personnes sur le port du Havre jeudi pour dénoncer ces ventes d'armes à l'Arabie saoudite.

"Les canons ne sont pas faits pour décorer le palais du cheikh", a ironisé le parlementaire, parlant d'un "mensonge d'Etat".

Une note de la Direction du renseignement militaire (DRM), publiée par Disclose mi-avril, indique que 48 canons Caesar produits par l'industriel français Nexter "appuient les troupes loyalistes, épaulées par les forces armées saoudiennes, dans leur progression en territoire yéménite".

"Il ne suffit pas de dire +J'ai des garanties+, il faut nous les montrer. De même, nous aimerions qu'on nous explique clairement, nettement, comment l'Arabie saoudite lutte contre le terrorisme au Yémen", Aymeric Elluin, d'Amnesty International France.

Même si l'exportation de ces armes est techniquement légale, les ONG contestent l'autorisation donnée par la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) en vertu du Traité de l'ONU sur le commerce des armes, de matériels de guerre et matériels assimilés.

L'article 6 de ce Traité, ratifié par la France, interdit toute vente dès lors que les armes concernées pourraient servir à conduire "des attaques dirigées contre des civils".

Après l'ACAT, l'ONG Action Sécurité Ethique Républicaines (ASER) a ainsi déposé un "référé -suspension" en urgence. "Il ne s'agit pas d'avoir la preuve que ces armes ont été utilisées au Yémen, mais reconnaître que c'est une potentialité d'usage", a rappelé le président de l'association, Benoît Muracciole, à l'AFP.

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Ryad a pris la tête en 2015 d'une coalition militaire comprenant les Emirats arabes unis (EAU) pour soutenir le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi contre les rebelles Houthis. Ce conflit, l'une des pires crises humanitaires en cours, a entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes.

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