La kizomba, "la poésie dansée" de l'Angola

La kizomba, "la poésie dansée" de l'Angola
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Par Rasmus Elsner
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La kizomba fait danser les Angolais et s'exporte à travers le monde. Pour Eduardo Paím, considéré comme le père de cette musique, "elle permet à l'Angola de s'imposer au niveau international."

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Plus que de la musique et de la danse, la Kizomba donne un aperçu de ce qui fait de l'Angola un pays si spécial et de l'Afrique, un continent unique. Le terme signifie fête ou communauté.

Eduardo Paím est considéré comme le père de la musique angolaise kizomba. Il y a quarante ans, il a contribué à son émergence avant de la populariser dans les années 90. Musique à l'origine, elle est rapidement devenue une danse.

"J'ai grandi en écoutant des musiques comme la semba, la rumba et une multitude de styles différents, le kilapanga..." précise le musicien d'origine congolaise avant d'ajouter : "Evidemment, en fusionnant ces influences, on a produit une musique que l'on a appelée ensuite la kizomba."

Une danse d'instinct

La kizomba qui veut dire fête ou communauté en kimbundu, l'une des langues les plus parlées d'Angola, est une part d'identité culturelle pour les Angolais après 500 ans de présence étrangère dans leur pays. Elle résulte aussi de l'histoire nationale et du continent africain dans la mesure où ses sonorités illustrent les liens étroits du pays avec le Brésil et le Cap Vert quand du temps des colonies, l'Angola était une plate-forme pour le commerce des esclaves.

"Le couple qui interprète cette danse sent sur le moment, d'instinct, quelle impulsion donner pour rendre cette danse aussi élaborée que possible," fait remarquer Eduardo Paím.

"La kizomba, c'est de la poésie dansée," estime-t-il, "c'est pour cela qu'on a même l'habitude de dire qu'on écrit nos sentiments dans le sol en exécutant les pas."

Danse langoureuse qui s'articule autour de trois pas, la kizomba a investi les rues. Aujourd'hui, elle fait l'objet de compétitions nationales et internationales. Nous rencontrons de jeunes couples qui s'entraînent pour les championnats angolais. Leur sélection pour les finales les a amenés à se produire sur les plateaux de télévision du pays.

"On peut voir l'âme de l'autre"

"La kizomba, c'est comme boire de l'eau : vous êtes obligés de la danser, de la vivre," fait remarquer Dinamene Cruz, animatrice de télévision angolaise. "Alors, vous comprendrez... Parce qu'on peut tous se retrouver dans la kizomba," assure-t-elle.

"On communique par le toucher," poursuit-elle. "Je crois qu'à première vue, on peut se dire que ces gestes évoquent le sexe, mais ce n'est pas ça : on peut presque voir l'âme de la personne quand on danse avec elle," juge-t-elle. "La kizomba, c'est très, très important ; c'est notre culture, c'est nous," souligne la présentatrice.

"Une révolution qui est en train de toucher le monde entier"

Eduardo Paím ajoute pour sa part : "Pour nous, c'est un élément marquant, une fierté, une référence... Cela permet à l'Angola de s'imposer au niveau international," estime le chanteur.

Des danseurs originaires du monde entier n'hésitent pas à venir à Luanda pour prendre des cours avec un expert.

"Le succès de la kizomba - au-dela de la beauté qu'elle suggère - s'explique par la joie que nous avons en nous et nous chérissons cela avec la kizomba," dit Eduardo Paím avant de conclure : "C'est une révolution qui est en train de toucher le monde entier, on adopte une autre façon d'être avec la kizomba."

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