La police argentine a carrément renfermé les habitants d'un bidonville à cause du coronavirus

Un policier ferme une barrière autour du bidonville de Villa Azul, à Quilmes - province de Buenos Aires -, le 25 mai 2020
Un policier ferme une barrière autour du bidonville de Villa Azul, à Quilmes - province de Buenos Aires -, le 25 mai 2020 Tous droits réservés JUAN MABROMATA/AFP
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Par Joël Chatreau
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Ils sont "condamnés" à rester dans leur misère durant au moins quinze jours : les 3 000 habitants du bidonville de Villa Azul, situé dans la banlieue sud de Buenos Aires, sont empêchés de sortir par des policiers argentins car 53 cas d'infection au coronavirus ont été confirmés parmi eux.

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Ils sont environ 3 000 et aucun d'entre eux ne sortira : les habitants du bidonville de Villa Azul, installé à Quilmes tout près de Buenos Aires, sont totalement renfermés depuis ce mardi, condamnés à "baigner" dans leur misère pendant au moins deux semaines; toute la zone est bouclée par un vaste déploiement de policiers. Le sort de ces familles pauvres est désormais lié à l'évolution du nouveau coronavirus qui a commencé à gangrener leur lieu de survie.

C'est ce qu'ont décrété les autorités argentines à la suite de la détection de 53 cas de personnes confirmées positives au Covid-19. La mise en quarantaine totale du bidonville, situé à dix-sept kilomètres à peu près du centre de la capitale argentine, a été rapidement décidée. Une cinquantaine de nouveaux cas suspects de contamination sont en train d'être vérifiés.

Le gouvernement de la province de Buenos Aires a expliqué :

Villa Azul a été encerclé par les forces de sécurité. Personne n'est autorisé à en sortir, sauf pour des raisons de santé
JUAN MABROMATA/AFP
Des enfants argentins jouent au foot dans le bidonville de Villa Azul à Quilmes, le 25 mai 2020JUAN MABROMATA/AFP

"J'ai l'impression d'être prisonnier (...) Je ne sais pas ce que je vais manger"

Il est bien sûr également interdit d'en sortir, des barrières ont d'ailleurs été installées tout autour du périmètre. Les services gouvernementaux ont toutefois assuré - cela paraît être la moindre des choses - que des produits alimentaires et d'hygiène, des médicaments et des produits de désinfection seraient livrés aux habitants, mais n'ont aucunement précisé en quelle quantité et combien de fois.

Le témoignage de José Sequeira, 63 ans, l'une de ces personnes coincées dans le bidonville, a été recueilli par l'Agence France-Presse :

Jusqu'à la semaine dernière, je travaillais. Mais maintenant, j'ai l'impression d'être prisonnier. J'ai un peu d'argent de côté, mais si je ne peux pas sortir et acheter quelque chose, je ne sais pas ce que je vais manger

350 000 gens massés dans des bidonvilles, rien qu'à Buenos Aires

Un confinement partiel a été mis en place le 20 mars dernier en Argentine, mais il est effectivement extrêmement difficile à appliquer dans les quartiers les plus pauvres en raison de leur surpopulation.

Ne serait-ce qu'à Buenos Aires, on compte environ 350 000 personnes qui vivent dans des bidonvilles. Et beaucoup plus en périphérie de la capitale, jusqu'à 3 millions; il faut dire que sur l'immense superficie ont poussé pas moins de 1 800 quartiers miséreux, très souvent dépourvus d'eau potable et sans absolument aucun service public.

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