Au Bélarus, une troisième nuit de protestation réprimée par la police

La police utilise des matraque pour réprimer les manifestants, photo prise à Minsk, Bélars, datée du 10 août 2020
La police utilise des matraque pour réprimer les manifestants, photo prise à Minsk, Bélars, datée du 10 août 2020 Tous droits réservés Sergei Grits/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved
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Par Euronews avec AFP
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#Bélarus | Troisième nuit consécutive de #manifestation. La répression policière se poursuit.

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**Mardi soir, les forces anti-émeutes étaient encore déployées en nombre à Minsk où des centaines de protestataires sont descendus dans la rue en ordre dispersé, selon un journaliste de l'AFP.
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La police procédait à des interpellations sporadiques des protestataires, a-t-il constaté, alors que des témoins ont fait état auprès de l'AFP des cas isolés d'un recours à des grenades assourdissantes par les forces de l'ordre.

Au total, des dizaines de personnes ont été interpellées dans différents endroits de Minsk, selon la chaîne de télévision Belsat.

Plusieurs photographes couvrant les nouvelles protestations se sont vu confisquer leurs clés USB et endommager leurs appareils photo par la police, selon un photographe de l'AFP.

Scrutin "ni libre ni équitable"

L'opposante Svetlana Tikhanovskaïa, rivale à la présidentielle de l'autoritaire dirigeant du Bélarus Alexandre Loukachenko, a annoncé mardi avoir quitté le pays, deux jours après des élections jugées "ni libres, ni équitables" par l'UE qui a menacé Minsk de sanctions.

Mme Tikhanovskaïa, 37 ans, a affirmé avoir pris "seule" cette "décision très difficile", après deux jours de manifestations d'opposition qui ont suivi le scrutin et ont été violemment réprimées par la police.

"Je sais que beaucoup me condamneront, beaucoup me comprendront, beaucoup me haïront", a affirmé Mme Tikhanovskaïa. L'opposante a évoqué ses deux enfants, de 5 et 10 ans, qu'elle avait déjà envoyés à l'étranger en craignant des pressions.

Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevicius, a indiqué que Mme Tikhanovskaïa était "en sécurité" avec ses enfants.

Peu après l'agence d'Etat bélarusse Belta a diffusé d'autres images non datées montrant l'opposante lisant une déclaration pour appeler au "respect de la loi" et à ne pas manifester.

Ses alliés ont immédiatement dit que cette vidéo avait été enregistrée "sous pression", probablement lundi soir, lorsqu'elle était retenue plusieurs heures au siège de la Commission électorale, où elle était venue déposer une plainte.

L'Union européenne a jugé mardi ce scrutin "ni libre ni équitable", dans une déclaration approuvée par les 27 Etats membres, en menaçant "entre autres, de prendre des mesures contre les responsables des violences observées, des arrestations injustifiées et de la falsification des résultats des élections".

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a rappelé dans un Tweet que "le harcèlement et la répression violente des manifestants pacifiques n'ont pas leur place en Europe".

"J'appelle les autorités biélorusses à veiller à ce que les votes des élections d'hier soient comptés et publiés avec précision" a-t-elle ajouté.

Des milliers de personnes interpellées

Des manifestations de protestation contre les résultats du scrutin donnant le président sortant Loukachenko vainqueur avec 80,08% des voix ont été violemment réprimées dimanche et lundi soir avec du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc par les forces anti-émeutes, faisant un mort.

La police a fait état de 5 000 arrestations au total dimanche et lundi soir. Le ministère de la Santé a indiqué que 200 blessés étaient hospitalisés.

"Nous demandons le pouvoir en place de mettre fin aux violences et d'écouter la volonté du peuple", a déclaré mardi soir Maria Kolesnikova, une alliée proche de Mme Tikhanovskaïa, dans une adresse vidéo.

Svetlana Tikhanovskaïa a émergé comme une rivale inattendue face au président Alexandre Loukachenko, 65 ans, au pouvoir depuis 26 ans. Elle avait remplacé dans la course à la présidentielle son mari, Sergueï, un vidéo-blogueur en vue, emprisonné en mai.

Après le scrutin dimanche, l'opposante qui n'a recueilli que 10% des voix selon les résultats officiels, a appelé le régime à "céder le pouvoir", contestant la victoire de M. Loukachenko, réélu pour un sixième mandat.

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"Le départ de Tikhanovskaïa ne va pas nous arrêter", a assuré à l'AFP Ian, un manifestant de 28 ans.

Mardi, des appels à une grève générale circulaient sur les réseaux sociaux. Selon les médias bélarusses d'opposition, plusieurs entreprises locales y ont pris part.

La Commission européenne, Paris, Berlin, Londres et Washington ont condamné la répression et appelé Minsk à la retenue.

Rome a appelé les autorités bélarusses à "engager le plus rapidement possible un dialogue avec l'opposition", alors que Varsovie a offert sa médiation.

De son côté, la diplomatie bélarusse a accusé mardi les Européens de "ne pas avoir même cherché à comprendre ce qui se passe", en qualifiant cette approche d'"inacceptable" et assurant avoir des preuves "irréfutables" d'une ingérence étrangère.

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Le président Loukachenko a déjà qualifié les manifestants de "moutons" téléguidés depuis l'étranger.

Pour leur part, Moscou et Pékin ont félicité Alexandre Loukachenko, qui avait pourtant accusé le Kremlin de vouloir vassaliser son pays.

La mobilisation en faveur de Mme Tikhanovskaïa s'est faite sur fond de difficultés économiques, aggravées par des tensions avec la Russie, et de la réponse d'Alexandre Loukachenko à l'épidémie de coronavirus, qu'il a qualifiée de "psychose".

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