Très rapidement après les premières mesures de confinement, employeurs et employés se sont retrouvés pour demander ensemble des réponses communes auprès de l'UE.
C'est un effet collatéral inattendu du covid-19. La crise provoquée par le virus a relancé le dialogue social entre employeurs et employés, selon un rapport de l'institut syndical européen. Plus de 30 secteurs ont trouvé très rapidement un terrain d'entente pour sauvegarder l'activité.
Il a fallu par exemple une dizaine de jours à l'industrie agroalimentaire pour publier une déclaration commune auprès des institutions européennes. "Je crois que nous avons réalisé immédiatement qu'en particulier l'agriculture et l'industrie agroalimentaire étaient des secteurs essentiels. Nous avons réalisé cela immédiatement et cela faisait du sens de se retrouver et de s'entendre sur une approche commune " pour la survie du secteur et la continuité de la chaîne, explique Enrico Somaglia, vice-secrétaire général de l’EFFAT (Fédération européenne des syndicats de l’alimentation, de l’agriculture et du tourisme).
Pour FoodDrinkEurope qui représente près de 300 000 entreprises agroalimentaires, cette coopération a permis de convaincre les autorités européennes et d'éviter une rupture d'approvisionnement dans les rayons. "Arriver avec des compromis avec nos partenaires sociaux et avec d'autres acteurs de la chaîne c'est ça qui fonctionne en fait", précise Evelyne Dollet, directrice des affaires économiques de FoodDrinkEurope.
La mise en lumière de tous les acteurs
Les transports, la pêche, la culture, la chimie, l'éducation ou encore le football professionnel, tous ont souvent demandé d'une seule voix l'élaboration de règles sanitaires et la mise en place de mesures financières de soutien. Cette crise a aussi révélé le rôle essentiel des travailleurs non-traditionnels.
"Cette fois-ci il a fallu tenir compte aussi des indépendants, des fournisseurs, des sous-traitants, il a fallu tenir compte des travailleurs détachés, des saisonniers par exemple, bref de tous les travailleurs auxquels généralement on prête assez peu d'attention, en tout cas dans les enceintes de dialogue social", précise Christophe Degryse, chercheur à l’institut syndical européen et auteur du rapport.
Ce dialogue social marque d’ailleurs une différence profonde entre la situation actuelle et la crise financière de 2008. Il y a 13 ans la réponse politique avait mis de côté la concertation sociale, précise le chercheur. Aujourd’hui les pouvoirs publics tendent davantage à impliquer tous les acteurs. "_Autrement dit ces interlocuteurs (sociaux) sont plus considérés comme une partie de la solution que comme une partie du problème, ce qui était plutôt le cas en 2010-2011 _", explique Christophe Degryse. L'enjeu est maintenant de savoir si cette union sacrée se prolongera au-delà de la crise.