Droit à l'avortement : la campagne fait rage à Saint-Marin

Un homme regardant la campagne d'affichage choc des anti et pro-IVG à Saint-Marin, 10 septembre 2021
Un homme regardant la campagne d'affichage choc des anti et pro-IVG à Saint-Marin, 10 septembre 2021 Tous droits réservés BRIGITTE HAGEMANN/AFP or licensors
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A moins de deux semaines du référendum sur la dépénalisation de l'IVG, les pro et anti sont plus que jamais mobilisés à Saint-Marin, où l'avortement est un crime depuis 1865.

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Côte à côte des affiches choc pour le oui et pour le non... Le 26 septembre, dans moins de deux semaines, les 33 000 habitants de Saint-Marin se prononceront sur l'autorisation de l'avortement jusqu'à 12 semaines de grossesse. Un référendum explosif qui divise ce micro-pays montagneux enclavé dans le centre-nord de l'Italie où l'Eglise catholique est omniprésente.

"Il est dit que l'avortement n'existe pas à Saint-Marin. Les femmes vont se faire avorter en dehors de notre pays, en Italie. Elles le font illégalement car l'avortement est un crime pénal ici. Tout cela est honteux", explique Rosa Zafferani, membre de l'Union des femmes de Saint-Marin (UDS) et ancienne "capitaine-régent" (cheffe d'Etat) qui a rendu sa carte du Parti démocrate-chrétien.

"L'influence de l'église est très forte", dit-elle encore, "depuis des semaines", les prêtres martèlent dans leurs homélies "oui à la vie, non à l'avortement".

"Je suis catholique et le fait d'avoir décidé de ne pas interrompre volontairement ma grossesse ne signifie pas que je doive refuser l'avortement aux autres".

Les militantes de l'UDS ont collé sur les panneaux de la capitale les affiches de cette campagne déjà très tendue et dont l'issue est incertaine, en l'absence de sondages, trop coûteux à organiser.

"Votez oui, pour la liberté de choix" et "pour sortir de la clandestinité", proclame une pancarte. "Même à 12 semaines, je suis un enfant, sauve-moi!" riposte une affiche choc arborant l'image d'un foetus. "Je suis une anomalie. Ai-je moins de droits que toi?", plaide un jeune trisomique sur une autre.

Saint-Marin est l'un des derniers Etats d'Europe, avec Malte, Andorre et le Vatican, à interdire totalement l'avortement, même en cas de viol, inceste, maladie du fœtus ou danger pour la mère.

Mais les anti-dépénalisation de l'IVG sont aussi très remontés, à l'image de Rocco Gugliotta, manutentionnaire de 24 ans :

"Pourquoi est-ce que seule la mère devrait décider ? Un couple est composé d'une mère et d'un père. Pourquoi faut-il que ce soit toujours la mère seule qui décide ? Le père n'a-t-il aucun pouvoir de décision ? La grossesse doit être menée à terme sans avortement. Si vous ne voulez vraiment pas de l'enfant, il y a la possibilité de le faire adopter."

L'interdiction de l'avortement à Saint-Marin remonte à 1865. C'est un crime passible d'une peine de prison allant jusqu'à trois ans pour la femme et six ans pour le médecin qui le pratique.

Les tentatives de légalisation de l'avortement au cours des 20 dernières années se sont heurtées au veto des gouvernements successifs. Il faut dire que Saint-Marin, très conservateur, n'a donné le droit de vote aux femmes qu'en 1964 et que le divorce n'a été introduit qu'en 1986.

Sources additionnelles • AP, AFP

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