Valtonyc, condamné en Espagne pour "apologie du terrorisme", est réfugié en Belgique depuis 2018. Cette décision de la justice belge est une victoire "pour la liberté d'expression" selon ses avocats.
La justice belge a refusé ce mardi l'extradition du rappeur espagnol Valtonyc, condamné dans son pays pour "apologie du terrorisme" dans ses chansons et réfugié en Belgique depuis 2018. Ses avocats ont salué une victoire "pour la liberté d'expression".
La Cour d'appel de Gand, dans le nord-ouest du pays, a décidé que l'artiste, qui chante en catalan, "ne devait pas être extradé" vers l'Espagne, a indiqué le parquet.
"C'est une victoire claire et nette", a déclaré l'avocat belge du chanteur, Me Simon Bekaert.
"Je suis libre, et plus seulement en liberté conditionnelle. J'ai fait de la musique quand j'avais 18 ans, je ne suis pas un terroriste et la justice m'a donné raison", a réagi Valtonyc, de son vrai nom José Miguel Arenas Beltran, à la sortie de l'audience. "Il existe des standards européens des droits (à la liberté d'expression ndlr). L'Espagne, ce n'est pas que la fête et les plages, c'est aussi le taux d'artistes en prison", s'est-il insurgé.
Et sitôt le verdict rendu, le rappeur a remercié ses soutiens, en gratifiant, au passage, l'Espagne d'un geste riche de sens.
Valtonyc s'était exilé en Belgique après confirmation de sa condamnation en Espagne à trois ans et demi de prison pour "apologie du terrorisme", "injures à la Couronne" et "menaces" dans ses chansons.
"Qu'ils aient peur comme un garde civil au Pays Basque" ou bien "le roi a un rendez-vous sur la place du village une corde autour du cou", dit par exemple le rappeur originaire de Majorque, dans des textes de 2012 et 2013.
Pour la justice espagnole, ces paroles font l'apologie "incontestable" des indépendantistes basques de l'ETA, organisation armée ayant ensanglanté l'Espagne jusqu'en 2011 et classée comme terroriste par l'UE.
Depuis mai 2018, Valtonyc est visé par un mandat d'arrêt européen, émis par la justice espagnole. La même année, un tribunal de Gand avait rejeté l'exécution du mandat estimant que les faits n'étaient pas constitutifs d'un délit en Belgique, mais le ministère public avait fait appel.
Saisie par les juges belges, la Cour de justice de l'UE avait ensuite estimé en mars 2020 que la voie procédurale choisie par la justice espagnole n'était pas valide : afin d'obtenir une extradition automatique pour "apologie du terrorisme", il aurait fallu que l'infraction soit punie en Espagne d'au moins trois ans de prison, ce qui n'était pas le cas lors des faits reprochés à Valtonyc, en 2012-2013.
"Il y a des abus du mandat d'arrêt européen. On demande à la justice belge de décider dans une affaire purement politique", a déploré Paul Bekaert, autre avocat du rappeur.
Egalement saisie sur le cas du rappeur espagnol, la Cour constitutionnelle belge avait jugé en octobre qu'une loi belge de 1847 punissant "les offenses envers le Roi" était contraire à la Constitution.