Législatives au Portugal : le modèle d'union de la gauche a-t-il vécu ?

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Par Nuno Prudêncio
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Alors que les Portugais votent lors de législatives le 30 janvier, retour sur une expérience qui a fait des envieux au sein de la gauche européenne : la "geringonça", un "bidule" comme a été surnommée cette union des socialistes avec des partis de gauche.

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Au Portugal, l'union de la gauche a fonctionné pendant six ans. Alors que certains l'ont surnommée la "geringonça", un "bidule" dont les rouages fonctionnent sans que l'on sache comment, le gouvernement d'António Costa, formé à l'issue des législatives de 2015 malgré la victoire du centre-droit, a inversé le cours de l'austérité, et ce grâce à cette alliance entre son camp socialiste, les communistes, les Verts et le Bloc de gauche inédite depuis la Révolution des Œillets de 1974.

Sa constitution a fait des envieux au sein de la gauche européenne. Des politiques néerlandais et français comme Benoît Hamon sont venus au Portugal pour tenter de comprendre les contours de cette structure.

Faire front face à la droite

Márcia Galrão et Rita Tavares ont écrit un livre sur la naissance de cette aventure intitulé "Como Costa Montou a Geringonça em 54 dias".

"En Europe, la gauche était en danger : il n'y avait pratiquement aucun pays où elle était capable de gouverner et l'Espagne était confrontée à des élections successives sans parvenir à former un gouvernement," rappelle Márcia Galrão avant d'ajouter : "La gauche voulait éviter de répéter cette expérience dans d'autres pays où en plus, les partis populistes étaient déjà très implantés."

Sa collègue Rita Tavares renchérit : "Ce qui a servi de liant entre ces partis de gauche qui jusqu'à alors, ne s'étaient jamais compris, c'était la nécessité de tenir la droite éloignée du pouvoir. Tous les partis de la geringonça," poursuit-elle, "soulignent que ces conditions favorables à l'union n'apparaissent qu'une fois dans une vie, donc il est peu probable qu'elles se répètent."

Vers un accord de gouvernement plus large ?

Les gouvernements aux membres très hétéroclites, au-delà même de la gauche, ne sont pas l'apanage du Portugal.

Entrepreneur et musicien installé à Sintra, Jörg Demel cite l'exemple de son pays, l'Autriche. "Je crois que la nécessité de négocier toutes les décisions et de les prendre ensemble est très démocratique," estime-t-il.

"Cela peut paraître un peu utopique," reconnaît-il, "mais je crois qu'il faudrait tenir compte de cela pour repenser la manière dont on forme un gouvernement à partir des résultats des élections dans un pays démocratique."

"Un modèle portugais"

La romance de la gauche portugaise a duré six ans, elle s'est poursuivie de manière informelle après les élections législatives de 2019 jusqu'à ce que des désaccords entre le Premier ministre et la gauche radicale n'éclatent cet automne autour du budget 2022 et ne précipitent la tenue de nouvelles élections le 30 janvier.

"Dans une période comme celle-ci, les élections sont toujours une mauvaise chose. Mais le pire pour moi, c'est qu'il n'y a pas d'alternative," souligne une femme d'âge mur dans les rues de Lisbonne.

Un autre passant estime que l'union est un principe logique. "Plus il y a de partis dans l'équation, plus les gens sont représentés," fait-il remarquer. Un dernier s'amuse : "Les Allemands ont déjà copié ce modèle ! On ne leur a pas cédé les droits, c'est notre problème, on n'exploite pas assez nos bonnes idées !" déplore-t-il.

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