Espagne : Pedro Sanchez sauve sa réforme du travail grâce à l'erreur de vote d'un député

Pedro Sánchez, le 16 décembre 2021.
Pedro Sánchez, le 16 décembre 2021. Tous droits réservés Kenzo Tribouillard/AFP or licensors
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Par euronews avec AFP
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Lâché par certains de ses alliés, le Premier ministre de gauche espagnol Pedro Sanchez est parvenu jeudi à sauver in extremis sa réforme du marché du travail, réclamée avec insistance par Bruxelles, grâce à une erreur de vote d'un député de droite.

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Lâché par certains de ses alliés, le Premier ministre de gauche espagnol Pedro Sanchez est parvenu jeudi à sauver in extremis sa réforme du marché du travail, réclamée avec insistance par Bruxelles, grâce à une erreur de vote d'un député de droite.

Au terme de longues tractations marquées par des revirements puis par un coup du sort, le gouvernement a obtenu une majorité d'une voix (175 contre 174) en faveur de son texte, qui vise à réduire la précarité du marché de l'emploi espagnol.

Selon le Parti Populaire (droite), c'est un de ses députés qui a fait basculer à son insu l'avenir de la réforme : en raison d'une "erreur informatique", il aurait voté en faveur du texte sans pouvoir ensuite corriger son choix.

Il s'agit d'une "anomalie" qui doit être "rectifiée", a insisté lors d'un point presse la porte-parole du PP au Congrès, Cuca Gamarra.

Cette erreur n'a pas empêché Pedro Sanchez de se féliciter. "L'Espagne a un nouveau cadre" qui "accorde une place centrale à la dignité", "merci aux groupes qui ont soutenu ce grand accord", a-t-il écrit sur Twitter.

L'adoption de la réforme du marché du travail était l'une des conditions posées par Bruxelles au versement des fonds prévus dans le cadre du méga-plan de relance européen, dont Madrid est l'un des principaux bénéficiaires avec 140 milliards d'euros.

Entrée en vigueur le 1er janvier, dans le cadre d'un accord scellé avec le patronat et les principales fédérations syndicales, cette réforme devait obtenir le feu vert des députés sous peine de rester lettre morte.

Or, les négociations se sont avérées plus difficiles que prévu : le parti socialiste (PSOE), qui gouverne avec le mouvement de gauche radicale Podemos, mais sans majorité au parlement, n'est pas parvenu à rallier plusieurs de ses alliés traditionnels.

Les nationalistes basques du PNV et les indépendantistes catalans d'ERC ont ainsi voté contre le texte. Ce refus a obligé Pedro Sanchez à chercher l'appui de Ciudadanos (centre droit), après avoir un temps espéré le ralliement de deux députés de l'UPN (droite), qui ont finalement fait faux bond.

Réforme "équilibrée"

Cette réforme est "sans doute l'une des plus importantes de toute la législature, et nous avons toujours" recherché "le soutien du plus grand nombre de forces politiques", a justifié jeudi le porte-parole du PSOE, Felipe Sicilia.

Un choix qui ne remet pas en cause selon lui l'équilibre politique en vigueur. "Nous allons continuer de compter sur nos alliés, continuer de compter sur le bloc de gauche", a-t-il assuré.

Jeudi matin, plusieurs poids lourds du gouvernement étaient montés au créneau pour mettre en garde les députés contre les conséquences d'un rejet du texte, défendu à la fois par les syndicats et par le patronat.

"Ceux qui voteront contre devront s'expliquer. Parce qu'en réalité, il n'y a aucune bonne raison pour s'opposer à une réforme du marché du travail qui va permettre de créer de l'emploi de qualité", avait prévenu la ministre de l'Economie Nadia Calviño.

"Tourner le dos à cette réforme, la rejeter, la laisser tomber, serait revenir à la case départ", avait insisté la ministre du Travail Yolanda Diaz, en appelant à abandonner le "modèle néfaste" issu de la réforme du Parti Populaire en 2012.

Cette réforme, adoptée sous l'ex-Premier ministre conservateur Mariano Rajoy, et sur laquelle Pedro Sanchez s'était engagé à revenir, avait été mise en place pour relancer l'économie espagnole, dévastée par la crise financière de 2008.

Selon ses défenseurs, elle a permis une forte baisse du taux de chômage, passé de près de 27 % en 2013 à 13,3 % actuellement. Mais pour ses détracteurs, elle a fait grimper en flèche la précarité, l'Espagne détenant le record européen du taux de contrats temporaires%2C%20selon%20Eurostat.).

Négocié durant des mois avec les partenaires sociaux, le texte prévoit de limiter l'enchaînement des CDD en faisant de l'embauche sous CDI "la règle et non plus l'exception" et limite le recours à la sous-traitance.

Il interdit par ailleurs de renvoyer des fonctionnaires pour raisons économiques, renforce la formation et permet aux entreprises de déroger provisoirement aux règles en vigueur en période de crise pour éviter les licenciements.

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