Mohammed ben Salmane en Grèce puis en France : le "retour en force" du prince héritier saoudien

Mohammed ben Salmane, est arrivé mardi en Grèce, sa première visite officielle dans un pays de l'UE
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Par euronews avec AFP
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Cette visite intervient moins de deux semaines après celle du président américain, Joe Biden, en Arabie saoudite, qui a consacré le retour du prince héritier sur la scène internationale, dans le contexte de la guerre en Ukraine et de l'envolée des prix de l'énergie.

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Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, a entamé mardi sa première visite dans l'Union européenne depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, en se rendant en Grèce pour une visite officielle de deux jours avant une seconde étape en France.

Mohammed ben Salmane, dit MBS, doit évoquer avec "les dirigeants de la Grèce et de la France les relations bilatérales et les moyens de les renforcer dans différents domaines", a écrit l'agence officielle SPA en citant un communiqué de la cour royale.

Accompagné de trois ministres et d'une importante délégation d'entrepreneurs, MBS est arrivé mardi soir à Athènes et s'est entretenu avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis avant de signer des accords sur les transports maritimes, l'énergie, les technologies de défense, la gestion des déchets et la culture.

En France, le prince héritier saoudien sera reçu ce jeudi soir par le président Emmanuel Macron pour un "dîner de travail" à l'Elysée, a annoncé ce mercredi la présidence française.

Cette visite en France de Mohammed ben Salmane, dit MBS, intervient après celle du chef de l'Etat français à Jeddah en décembre. Les deux hommes avaient à cette occasion lancé une initiative pour aider le Liban.

Accords majeurs entre la Grèce et l'Arabie saoudite

"Les relations entre les deux pays sont historiques et nous aurons l'occasion de finaliser" une série de projets bilatéraux, a dit MBS au début de sa rencontre avec M. Mitsotakis.

Parmi eux figure l'installation d'un câble électrique qui reliera l'Arabie Saoudite à la Grèce et permettra de fournir à l'Europe "une énergie beaucoup moins chère", a souligné MBS.

Il a également évoqué la coopération bilatérale concernant les technologies sur l'hydrogène et le projet de transformer la Grèce en "plaque tournante de l'Europe pour cette technologie".

Les discussions entre les deux dirigeants ont en outre porté sur un projet de câble de transfert de données entre l'Arabie saoudite et la Grèce, qui "sera transformée en une plaque tournante régionale entre l'Europe et l'Asie", ont ajouté des sources diplomatiques grecques.

Volte-face des pays occidentaux

Cette visite de MBS en Europe intervient moins de deux semaines après celle du président américain, Joe Biden, en Arabie saoudite, qui a consacré le retour du prince héritier sur la scène internationale, dans le contexte de la guerre en Ukraine et de l'envolée des prix de l'énergie.

Dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane avait été ostracisé par les pays occidentaux, après le meurtre en 2018 du journaliste saoudien critique Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul.

Les services de renseignement américains ont mis en exergue la responsabilité de MBS, envenimant les relations entre Ryad et Washington.

Le "fist bump", salut poing contre poing, échangé entre les deux hommes à Jeddah pendant la visite de M. Biden a scellé l'abandon par le président américain de sa promesse de campagne de traiter le royaume saoudien en "paria", en raison de l'affaire Khashoggi et de ses violations des droits humains.

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Visite du président américain Joe Biden en Arabie SaouditeAP

La visite du prince héritier en Europe est également "hautement symbolique" après cette période d'isolement, a commenté Kristian Coates Ulrichsen, chargé de recherche au Baker Institute de l'université Rice.

Bien qu'il n'y ait pas eu officiellement de position coordonnée contre MBS, "le fait est qu'il n'a visité aucun pays européen ou nord-américain" depuis 2018, a-t-il ajouté.

Le fils du roi Salmane a récemment reçu un coup de pouce du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s'est rendu en Arabie saoudite en avril, puis l'a accueilli à Ankara en juin.

Le pétrole change la donne

Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février, les pays occidentaux cherchent à convaincre l'Arabie saoudite, le premier exportateur de brut, d'ouvrir les vannes afin de soulager les marchés.

La hausse des prix du pétrole alimente notamment l'inflation aux Etats-Unis, qui a atteint des sommets inégalés en 40 ans, y mettant sous pression le gouvernement avant les élections de mi-mandat cette année.

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Ryad résiste toutefois aux pressions de ses alliés, invoquant ses engagements vis-à-vis de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+), l'alliance pétrolière qu'il codirige avec Moscou.

En mai, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faiçal ben Farhan al-Saoud, avait déclaré que le royaume avait fait ce qu'il pouvait pour le marché pétrolier.

La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron a reçu à Paris le nouveau président des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed al-Nahyane.

Les deux pays ont signé à cette occasion un "accord de partenariat stratégique global sur la coopération énergétique".

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