Assassinat de Jamal Khashoggi : plainte déposée en France contre Mohammed ben Salmane

Archives : le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane lors de sa visite en Grèce, le 26 juillet 2022
Archives : le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane lors de sa visite en Grèce, le 26 juillet 2022 Tous droits réservés Louisa GOULIAMAKI / AFP
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Par euronews avec AFP
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Deux ONG ont déposé une plainte à Paris pour complicité de torture et de disparition forcée en lien avec l'assassinat du journaliste contre le prince héritier saoudien, qui se trouve actuellement en France et qui sera reçu par le président Macron.

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Une plainte pour complicité de torture et de disparition forcée en lien avec l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi a été déposée jeudi à Paris contre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dit MBS, en visite en France, ont annoncé deux ONG et leur avocat français.

Cette plainte de 42 pages affirme que MBS "est un complice de la torture et de la disparition forcée de Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre 2018" et qu'il "ne bénéficie pas de l'immunité de poursuite car, en tant que prince héritier, il n'est pas chef d'Etat", précisent l'ONG Democraty for the Arab World Now (DAWN) et l'association Trial International. 

La plainte avec constitution de partie civile a été déposée auprès du doyen des juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris jeudi matin, a précisé à l'AFP l'avocat des ONG, Me Henri Thulliez.

Cette procédure entraîne l'ouverture quasi-systématique d'une information judiciaire et la désignation d'un juge d'instruction

"En application de la compétence universelle rendue possible par les conventions contre la torture et les disparitions forcées, les juridictions françaises sont compétentes pour ouvrir une information judiciaire à l'encontre de tout suspect qui se trouve sur le territoire national au moment où la plainte est déposée", quel que soit le lieu où les crimes dénoncés ont été commis, a ajouté l'avocat.

Dans un premier temps, la justice française doit s'assurer de la compétence de la France, de l'imputabilité des faits à la personne visée et de l'existence ou non d'une immunité pour cette dernière avant d'engager des investigations. 

La fiancée de Khashoggi "scandalisée" par la réception de MBS à l'Elysée

Mohammed ben Salmane est arrivé ce mercredi soir à l'aéroport parisien d'Orly, où il a été accueilli par le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire. Il s'est ensuite rendu dans sa somptueuse propriété de Louveciennes, dans le départements des Yvelines, une copie d'un château français du XVIIe siècle.

STEPHANE DE SAKUTIN/AFP
"Le château Louis XIV" à Louveciennes, propriété de MBS en région parisienneSTEPHANE DE SAKUTIN/AFP

Ce jeudi soir, MBS, dirigeant de facto du royaume saoudien, sera reçu par le président Français Emmanuel Macron pour un "dîner de travail" à l'Elysée. prévu à 20h30.

La fiancée de Jamal Khashoggi s'est dite "scandalisée" que le chef de l'Etat français reçoive Mohammed ben Salmane ce 28 juillet le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

"Je suis scandalisée et outrée qu'Emmanuel Macron reçoive avec tous les honneurs le bourreau de mon fiancé", a affirmé Hatice Cengiz dans un message rédigé en français adressé à l'AFP.

Cette première visite de MBS en Europe depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi – avant la France il s'était rendu en Grèce où il a été reçu par le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis – a été fustigée par les défenseurs des droits de l'Homme et une partie de la classe politique, la jugeant hautement inappropriée.

Chroniqueur du Washington Post, critique du pouvoir saoudien, le journaliste avait été tué et démembré le 2 octobre 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul alors qu'il venait chercher des papiers nécessaires à son mariage.

"Le journaliste saoudien avait notamment appelé à rendre au royaume sa dignité en mettant fin à la guerre +cruelle+ au Yémen, ou encore dénoncé les nouvelles vagues d'arrestations (en Arabie saoudite) consécutives à l'intronisation de MBS", rappelle Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué.

Les services de renseignement américains avaient pointé la responsabilité de Mohammed ben Salmane dans l'assassinat du journaliste.

Le prince héritier, lui, dément avoir ordonné l'assassinat, même s'il dit en porter la responsabilité en tant que dirigeant.

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