Guerre en Ukraine : à Lyman, reprise aux Russes, la peur n'a pas quitté les habitants

Un bâtiment endommagé dans la ville de Lyman, en Ukraine, vendredi 7 octobre 2022.
Un bâtiment endommagé dans la ville de Lyman, en Ukraine, vendredi 7 octobre 2022. Tous droits réservés Justin Spike/Copyright 2022 The AP. All rights reserved.
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Par euronews avec AFP
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La reconquête de Lyman, que les Russes n'avaient prise qu'au prix de lourdes pertes, est une victoire symbolique importante pour l'Ukraine. Mais les habitants locaux n'ont pas le coeur à la fête.

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La bataille est finie, mais la peur n'a pas quitté les habitants de Lyman, ville de l'Est de l'Ukraine récemment reprise aux troupes russes. Si les forces ukrainiennes sont de nouveau les maîtres des lieux, les locaux manquent de tout.

Cité industrielle et important noeud ferroviaire et donc logistique dans la région de Donetsk, Lyman est tombée aux mains des forces russes trois mois après le début de l'invasion russe, le 27 mai.

Vendredi dernier, le président russe Vladimir Poutine a tenté de cimenter ses fragiles gains en Ukraine en revendiquant l'annexion de quatre régions, dont celle de Donetsk, et donc de Lyman. Le lendemain, les Ukrainiens ont repris la ville.

Aujourd'hui, le son des explosions à Lyman ne vient plus des âpres combats qui ont vu les forces russes être quasiment encerclées, mais des équipes de démineurs, qui nettoient les forêts qui entourent la ville.

"Il n'y a que de la nourriture pour animaux dans les magasins et on n'a même pas d'argent pour de la nourriture pour animaux", explique une femme d'âge moyen, refusant avec colère de donner son nom.

Un petit groupe d'habitants s'est rassemblé sous un immeuble de cinq étages dont le toit est percé d'un trou d'obus béant, sur les marches d'une cave où sept familles se sont abritées des intenses combats.

Ils peinent à allumer le bois qui leur sert à chauffer leur bouilloire. "C'est plus facile en été", constate la femme, anticipant le rude hiver à venir.

Des vies bouleversées

La reconquête de Lyman, que les Russes n'avaient prise qu'au prix de lourdes pertes, est une victoire symbolique importante pour l'Ukraine. Mais les habitants locaux n'ont pas le coeur à la fête.

Privés d'eau et de gaz, ils ne sortent de leurs caves que pour faire cuire les rares aliments qu'ils ont sur des feux en plein air, tandis que les soldats ukrainiens cherchent des obus non explosés et de potentiels collaborateurs de l'armée russe.

Viktor, un cheminot à la retraite de 75 ans, raconte à l'AFP être rentré il y a vingt jours d'Allemagne, où il rendait visite à sa fille. Il a dû passer par la Russie pour arriver à Lyman en toute sécurité, sans franchir la ligne de front.

Deux semaines plus tard, il se retrouve de nouveau dans une ville sous contrôle ukrainien.

"Pour l'instant, c'est calme", constate-t-il en souriant légèrement. "On verra ce que les prochains jours nous apporteront. C'est comme ça, c'est la vie, ça change tout le temps", philosophe-t-il.

Une veuve en larmes raconte elle la mort de son mari Alexandre Ievko, 69 ans, tué par l'explosion d'une mine alors qu'il coupait du bois dans la forêt. Les soldats russes l'ont enterré dans un jardin.

Dangereuse forêt

"Un homme est venu me dire que mon mari avait disparu, puis ils ont trouvé son corps étendu dans les bois. Alors les soldats y sont allés et ont aidé", dit-elle.

"Je ne pouvais pas y aller, je n'étais pas là, je suis malade, j'ai du diabète. Et ce sont eux qui l'ont enterré, juste dans le jardin", ajoute-t-elle.

La forêt de pins qui cache les mines dissimule également des tranchées et des bunkers tenus par les forces russes et le sol mou et sablonneux renferme encore des obus non explosés.

"C'est impossible d'aller dans la forêt parce que c'est une zone de combat, il peut y avoir des mines, alors où puis-je aller chercher du bois ?" s'interroge Oleksandre Korniyenko, 72 ans, qui vit à Iampil, juste à côté de Lyman.

De nombreux ponts routiers ont été démolis pour ralentir l'avancée russe. Maintenant que les rôles ont été inversés et que ce sont les forces ukrainiennes qui avancent, elles ne peuvent plus accéder à Lyman que par des pontons.

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Il leur faut donc traverser les bois sur des chemins de terre, dans de longs convois de blindés M113 fournis par les Américains et des voitures Lada cabossées.

L'équipe du lieutenant Ievgen Sagaïda bloque la route avec son véhicule blindé MRAP ukrainien, et place des explosifs sur un tas de mines antichars russes.

Ils font courir un câble 100 mètres vers l'arrière et l'attachent à un déclencheur. Les hommes se préparent et un ordre radio est donné.

Quelques secondes plus tard, une énorme détonation et un panache de poussière et de fumée.

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