La face sombre du marché de la seconde main

Certains vêtements de seconde main polluent les sols et les rivières.
Certains vêtements de seconde main polluent les sols et les rivières. Tous droits réservés AFP
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Par Euronews
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Le Kenya croule sous les vêtements d'occasion venus notamment d'Occident. Nombre de ces pièces de mauvaise qualité finissent dans des décharges, polluant les sols et les eaux.

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Le marché de Gikomba, à Nairobi, au Kenya, est le centre névralgique du vêtement d'occasion dans le pays. D'innombrables pièces venues d'Occident ou d'Asie arrivent ici régulièrement, permettant à certains de gagner leur vie. 

"Ce métier me permet de subvenir à mes besoins quotidiens. Je n'ai pas de compétences dans d'autres métiers. Si marché s'arrêtait, je serais bloqué et je n'aurais nulle part où aller", explique ainsi John Mwangi, un marchand de vêtements d'occasion. 

Mais le marché de la seconde main a également une face moins reluisante : nombre de ces vêtements, notamment ceux de mauvaise qualité, ne sont pas revendus et finissent dans les décharges à ciel ouvert.

Certaines ONG estiment que les pays riches utilisent des pays comme le Kenya pour y déposer les déchets textiles qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas recycler eux-mêmes. Janet Chemitei est militante chez Greenpeace : "Les tissus que les marques utilisent pour produire ces vêtements sont des fibres synthétiques qui sont produites à partir de combustibles fossiles, ce qui nuit à l'environnement, ainsi qu'aux personnes qui les fabriquent et à nous qui les portons. Nous voulons vraiment que les marques soient responsables et qu'elles cessent de produire de la fast fashion".

460 milliards de dollars de vêtements jetés chaque année

Pour Greenpeace, ces vêtements d'occasion sont "un cadeau empoisonné" :  en plus de polluer, ils empêchent l'essor d'une vraie industrie textile locale . De nombreux pays africains sont en effet tenus par des accords internationaux. Ils ne peuvent pas, par exemple, interdire les vêtements d'occasion venus des Etats-Unis en vertu de l'African Growth and Opportunities Act. 

En 2016, quatre pays d’Afrique de l’Est, le Rwanda, le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda, avaient essayé d’augmenter les droits de douane des vêtements d'occasion américains, mais ils ont été rappelé à l'ordre par Washington, sous pression du lobby de la seconde main, un marché qui pèse plusieurs milliards de dollars dans le monde. 

Certains entrepreneurs africains essaient en tout cas de trouver des solutions au problème des déchets. Chez Africa Collect Textiles, on collecte les textiles usagés pour les recycler. Son co-fondateur, Alex Musembi, demande aux entreprises internationales plus de responsabilité : "Les marques internationales, comme Nike, Adidas, Tommy Hilfiger, H&M, Shein, etc. devraient venir et mettre en place ce que nous appelons le fonds EPR, c'est-à-dire la responsabilité élargie du producteur. Pour chaque euro qu'elles vendent, elles devraient en reverser une partie aux entreprises comme Africa Collect Textiles qui essaient de résoudre leur problème ici dans le pays."

Alors que l'industrie textile représente 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l'urgence est surtout de moins consommer. 460 milliards de dollars de vêtements utilisables sont jetés chaque année, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement.

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