Laurentine Véron : "Des crises suicidaires conséquentes" chez les étudiants

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Par Valérie Gauriat
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Laurentine Véron est psychologue, et co-directrice d’Apsytude, association de psychologues créée pour prévenir et prendre en charge le mal-être psychologique des étudiants.

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Laurentine Véron est psychologue, et co-directrice d’Apsytude, association de psychologues créée pour prévenir et prendre en charge le mal-être psychologique des étudiants. Au micro de Valérie Gauriat, elle constate que la précarité matérielle ne fait qu’aggraver une situation de détresse déjà constatée depuis de nombreuses années.

Valérie Gauriat :

« On a énormément parlé de la détresse des étudiants pendant la période du vide. Deux ans plus tard, est ce que ça a changé? Est ce que ça s'est amélioré ou bien au contraire, est ce que ça s'aggrave?

Laurentine Véron :

« Effectivement, la période de la Covid a permis de mettre en exergue la souffrance des étudiants, les difficultés auxquelles ils font face. Mais en fait, ces choses existaient bien avant, puisque c'est même le présupposé qui fait qu'on a créé Apsytude il y a quatorze ans. Donc ça continue à exister, malheureusement.

C'est vrai que nous par contre, on constate avec cette rentrée universitaire une aggravation quand même des situations.

Donc on a toujours un focus un peu particulier puisque nous on voit que des étudiants qui sont en souffrance, c'est bien pour ça qu'ils font appel à un professionnel de santé mentale.

Néanmoins, on trouve que les situations sont particulièrement fortes cette année. Des crises suicidaires, on en a toujours, mais qui sont présentes et assez conséquentes avec des résolutions plus difficiles. Donc on a une inquiétude pour le public, effectivement. »

Valérie Gauriat :

« Est ce que c'est lié à la précarité croissante des étudiants? »

Laurentine Véron :

« Il y a la période à laquelle on est en octobre, novembre, décembre et jusqu'à février. C'est toujours une période très difficile dans la population étudiante parce que la rentrée s'est faite il y a un peu la lune de miel dont on parle parfois de l'entrée dans un nouveau cursus. Juste une nouvelle année qui s'estompe.

Il y a un effet très important sur le psychisme et sur l'humeur des conditions météorologiques tout simplement.

Il y a les premiers examens ou parfois les premiers échecs.

C'est aussi le moment ou on se rend compte qu’on commence à ne plus savoir si c'est vraiment l'orientation qu'on veut faire. Donc il y a beaucoup de choses qui se passent à cette période de l'année déjà très spécifiquement. Donc ça, c'est toutes les années, une période qui est difficile.

Après, par rapport à l'inquiétude qu'on a cette année, je pense qu'il y a peut-être eu des espoirs aussi de changement qui ne sont peut-être pas là, une fatigue qui s'est aussi constituée et a continué.

On a pris tous beaucoup sur nous pendant la Covid. La vie reprend et ce n'est pas si simple.

Il y a quand même malgré tout cette précarité qui est renforcée par l'inflation. [

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Quand on est préoccupé, est ce que je peux manger à la fin de la semaine, à la fin du mois? C'est une vraie préoccupation quand je dois mener mes études, mais avoir un job étudiant pour arriver à mener mes études qui potentiellement viennent faire conflit.

Quand j'ai mon entourage, qui est lui aussi impacté par tout ça, c'est à dire qu'il y a tout un système autour des étudiants qui font que la vie est rude.

Et puis tout simplement si on ne peut pas se chauffer comme on a besoin parce qu'il y a toutes ces conditions-là. Comment j'étudie quand je suis complètement gelé ? Il y a tout cela qui est en jeu. »

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