Vers une reconduction de Jens Stoltenberg à la tête de l'Otan

Jens Stoltenberg est à la tête de l'Otan depuis 2014
Jens Stoltenberg est à la tête de l'Otan depuis 2014 Tous droits réservés Virginia Mayo/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved
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Par Cornelia Trefflich (adapté de l'anglais)
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Il ne voulait pas rempiler mais en pleine guerre en Ukraine le secrétaire général de l'Otan va probablement rester en poste une année supplémentaire. La décision devrait être annoncée lors du sommet de l'Alliance en juillet prochain.

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La succession de Jens Stoltenberg à la tête de l'Otan n'est plus d'actualité. Du moins à court terme. Le Norvégien devrait voir son mandat prolonger d'un an faute de consensus au sein des 31 membres de l'Alliance pour lui trouver un successeur, selon plusieurs sources.

"On va vers une reconduction", a assuré un diplomate européen sous couvert de l'anonymat. "Ce sera pour une année, jusqu'au sommet de Washington" prévu du 9 au 11 juillet 2024, a-t-il précisé.

"Rien n'est encore décidé, mais une reconduction est très probable", a confirmé un autre diplomate.

La presse norvégienne abonde dans le même sens. Le président américain Joe Biden aurait explicitement demandé au secrétaire général de l'Otan de rester à son poste une année supplémentaire.

Selon deux médias norvégiens, la radiotélévision publique NRK et le journal Dagens Naeringsliv (DN), citant des sources anonymes, cela plaide pour une nouvelle reconduction de M. Stoltenberg jusqu'à un sommet prévu à Washington l'an prochain, qui marquera les 75 ans de l'Alliance.

L'intéressé, bien que désireux de mettre un terme à son mandat, a toujours opté pour une formulation suffisamment vague pour ne pas complètement fermer la porte à une deuxième prolongation.

"Je n'ai aucunement l'intention de demander une extension" de mandat, a-t-il répété vendredi à Bruxelles, à l'issue d'une réunion des ministres de la Défense de l'Otan.

A la tête de l'Otan depuis le 1er octobre 2014 durant deux mandats de quatre ans, Jens Stoltenberg, 64 ans, aurait dû quitter son poste en 2022 mais l'invasion de l'Ukraine par la Russie a décidé autrement. 

L'ancien Premier ministre norvégien a donc été prié de rester en place durant une année supplémentaire. Ce qui ne règle pas la question de sa succession. 

"Son mandat a été prolongé trois fois, ce qui est assez unique pour un secrétaire général de l'Otan, du moins dans les temps modernes", souligne pour euronews Jamie Shea, l'ancien secrétaire général adjoint délégué pour les défis de sécurité émergents à l'OTAN et membre du groupe de réflexion Chatham House.

Mais comment le futur secrétaire général est-il sélectionné et quelles sont les qualifications attendues ?

Il est certain que le visage de l'alliance militaire doit avoir un poids politique et une expérience gouvernementale. Des compétences diplomatiques, une bonne communication et des capacités de gestion sont des qualités qu'un candidat potentiel doit posséder, comme le confirme Jamie Shea :

"L'Otan est une famille de 31 pays démocratiques qui ont leurs intérêts. Ils ne sont pas toujours d'accord sur tout, ils ne voient pas toujours les choses du même œil. L'orchestre ne joue donc pas tout seul. Il faut un bon chef d'orchestre pour que l'orchestre joue harmonieusement, et donc un bon diplomate."

"La deuxième chose, c'est qu'il faut un bon communicateur. Pourquoi l'Otan aujourd'hui ? Pourquoi des dépenses de défense supplémentaires alors que nos États membres sont confrontés à tant d'autres priorités économiques ? Pourquoi continuer à aider l'Ukraine avec autant d'argent et de matériel ? La communication est importante."

"Troisièmement, il faut un bon gestionnaire, un bon administrateur. C'est une grande bureaucratie. Ce n'est pas tout à fait la taille des Nations unies ou de l'Union européenne, mais il y a tout de même un grand personnel international et un personnel militaire international. Il y a beaucoup d'agences. Il y a de nombreux bureaux de l'Otan dans les différents États membres. Et il faut s'assurer que cette bureaucratie élabore, délivre et met en œuvre les décisions que les chefs d'État de l'Otan prennent lors des sommets périodiques."

Alors qui pour remplacer Jens Stoltenberg ? A ce stade, les candidats à la succession sont nombreux et prestigieux.

Le nom de la Première ministre estonienne Kaja Kallas revient souvent, tout comme celui de Zuzana Čaputová, la présidente de la Slovaquie. Beaucoup considèrent également la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (elle a démenti), comme une candidate appropriée. 

Le moment est-il venu de donner un visage féminin à l'Otan ?

"Je serais la première personne à accueillir avec enthousiasme un visage féminin au sommet de l'Alliance, afin de montrer que l'Otan est désormais une organisation moderne du XXIe siècle. Mais bien sûr, cela dépend des candidates bien qualifiées qui se lancent dans la course", déclare Jamie Shea.

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Autre critère potentiel, l'origine du candidat. Depuis l'élargissement à l'est de l'Europe, l'Otan n'a jamais été dirigé par un candidat d'Europe de l'Est.

Susan Walsh/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
Le président Joe Biden et la Première ministre Mette Frederiksen, le 5 juin 2023Susan Walsh/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.

"Je pense que tôt ou tard, les pays méditerranéens diront que leur heure est venue. Mais on peut aussi dire qu'il n'y a pas encore eu de secrétaire général originaire d'Europe centrale et orientale, alors que ces pays, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, les États baltes, sont membres de l'Otan depuis de nombreuses années."

Toutefois, il est probable que les États-Unis auront une voix décisive dans le choix définitif, aucune décision n'étant prise contre la volonté de Washington. 

Le récent voyage du Premier ministre danois Mette Frederiksen à Washington a alimenté les spéculations selon lesquelles les discussions avec le président américain Joe Biden concernaient également le poste de secrétaire général de l'Otan. Mais Mette Frederiksen a démenti cette information dans les médias danois. 

Ce qui rend le processus encore plus difficile, c'est qu'un consensus doit être trouvé sur un candidat approprié parmi les 31 États membres de l'Alliance.

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