Quatrième nuit d'émeutes, près d'un millier d'interpellations

Forces de l'ordre face aux émeutiers, France, nuit du 30 juin au 1er juillet 2023
Forces de l'ordre face aux émeutiers, France, nuit du 30 juin au 1er juillet 2023 Tous droits réservés JEFF PACHOUD / AFP
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Par euronews avec AFP, AP
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Dans plusieurs grandes villes françaises, 79 policiers et gendarmes ont été blessés, près d'un millier de personnes ont été interpellées et 1 350 véhicules incendiés.

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Quatre jours après la mort d'un adolescent à Nanterre, abattu à bout portant par un policier, plusieurs grandes villes françaises restent en ébullition.

La nuit a été marquée par de nouvelles émeutes et des pillages, malgré la mobilisation de 45 000 policiers et gendarmes. Si la soirée a été plus calme à Bordeaux, la situation été tendue à Lyon, Grenoble, Toulouse, Marseille et en région parisienne : départ de feu, incendie de poubelles, tirs de mortiers de feu d'artifices, attaque de magasins..

Face au chaos qui règne en France, le gouvernement avait aussi suspendu les transports en commun à partir de 21 heures et interdit les rassemblements, mais cela n'a pas stoppé les violences.

Les forces de l'ordre ont procédé à 994 interpellations dans toute la France, un chiffre record. Le bilan reste très lourd. Il y a eu 79 policiers et gendarmes blessés, 1 350 véhicules incendiés, et 234 bâtiments incendiés ou dégradés, de même que 2 560 incendies ont été comptabilisés sur la voie publique, selon le ministère de l'Intérieur.

La colère est attisée par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers concernant les faits autour de la mort du jeune homme. 

Samedi matin, le chiffre des interpellations avoisinait le millier, soit un niveau plus élevé que les nuits précédentes quand la police avait interpellé près de 900 personnes.

Jeunes encagoulés

A Lyon ou Grenoble (centre-est), des affrontements ont opposé jusque tard dans la nuit des bandes de jeunes souvent encagoulés, se déplaçant en courant ou à trottinette et tirant des dizaines de mortiers vers les policiers qui répliquaient par des grenades lacrymogènes.

La région parisienne n'a pas été épargnée, trois villes proches de la capitale ayant par ailleurs décidé d'instaurer un couvre-feu, comme d'autres villes en province.

A Nanterre, ville de la région parisienne où Nahel M. a été tué par un policier mardi lors d'un contrôle routier, les habitants se préparaient samedi aux obsèques de ce jeune de 17 ans, dont la mort a déclenché violences et vandalisme à travers tout le pays.

"La journée du samedi 1er juillet sera pour la famille de Nahel, une journée de recueillement", ont écrit les avocats de la famille, appelant les médias à ne pas assister à la cérémonie afin "d'accorder aux familles endeuillées l'intimité et le respect dont elles ont besoin".

Avant même ces obsèques, le ministre de l'Intérieur avait annoncé "davantage d'unités spécialisées" telles que le RAID et le GIGN, troupes d'élite de la police et la gendarmerie.

Des blindés légers de la gendarmerie ont aussi été envoyés pour tenter de faire baisser les tensions par rapport à la nuit précédente, lors de laquelle 492 bâtiments ont été visés, 2.000 véhicules brûlés et des dizaines de magasins pillés.

"Le temps de la violence doit cesser pour laisser place à celui du deuil, du dialogue et de la reconstruction", ont exhorté les joueurs de l'équipe de France de foot, dans un communiqué relayé par le capitaine-star Kylian Mbappé.

"Esprit de responsabilité"

Le gouvernement avait décidé d'annuler tous les "événements de grande ampleur" tels que les concerts de Mylène Farmer vendredi et samedi au stade de France, et demandé la mise à l'arrêt des bus et tramways dans tout le pays après 21h.

Emmanuel Macron a appelé vendredi à la responsabilité des familles, soulignant qu'"un tiers des interpellés de la dernière nuit sont des jeunes, parfois des très jeunes".

Macron a accusé les réseaux sociaux d'attiser la violence et dit attendre un même "esprit de responsabilité" de ces plateformes, citant notamment Snapchat et TikTok, où s'organisent "des rassemblements violents" et qui suscitent aussi "une forme de mimétisme de la violence", selon lui.

La mort de Nahel M., dont la famille est originaire d'Algérie, a ravivé le sujet des violences policières en France, où 13 personnes sont mortes à l'issue d'un contrôle de police l'an dernier.

L'ONU sur le racisme

Lors du point de presse régulier de l'ONU à Genève vendredi, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a pressé la France "de s'attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l'ordre". Une accusation jugée "totalement infondée" par le ministère français des Affaires étrangères qui a immédiatement réagi.

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Les violences inquiètent aussi les voisins de la France. La Grande-Bretagne et d'autres pays européens, ainsi que les Etats-Unis, ont mis en garde leurs ressortissants en les pressant d'éviter les zones d'émeutes.

La question de l'état d'urgence est posée dans le pays par une partie du monde politique et scrutée à l'étranger, d'autant plus que la France accueille à l'automne la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques à Paris à l'été 2024.

L'état d'urgence, qui permet aux autorités administratives de prendre des mesures d'exception comme une interdiction de circuler, avait été décrété en novembre 2005 après dix jours d'émeutes dans les banlieues françaises déclenchées par la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur électrique où ils s'étaient cachés pour échapper à la police.

Cette fois, Nahel M. a été atteint d'une balle au thorax par le tir à bout portant d'un des deux policiers qui tentaient d'immobiliser son véhicule, après un refus d'obtempérer.

Ce dernier, un motard de 38 ans, a été inculpé jeudi pour homicide volontaire et placé en détention. Une vidéo le montre appuyé sur le côté de la voiture, tenant en joue le conducteur avant de tirer à bout portant quand le véhicule redémarre brusquement.

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